Le gouvernement fédéral, qui fonctionne « en affaires courantes » depuis la démission du Premier ministre Charles Michel début décembre 2018, s’apprête à déposer au Parlement un projet de loi l’autorisant à prendre des mesures d’urgence, notamment pour recruter des agents de contrôle supplémentaires. Les actions engagées dans la perspective du Brexit ont globalement été renforcées ces dernières semaines, surtout en direction des entreprises qui, pour la plupart, restent insuffisamment préparées. Les principaux ports belges, en première ligne, ont eux aussi pris des mesures pour s’adapter.


La Belgique, avec l’Irlande et les Pays-Bas, serait le pays qui ressentirait le plus l’impact du Brexit

Le Royaume-Uni constitue un partenaire commercial de premier rang pour la Belgique : c’est le 4e client de la Belgique et son 5e fournisseur. Selon une étude récente de la Katholieke Univer-siteit Leuven, l’impact économique sur la Belgique d’un « Hard Brexit » avec basculement du Royaume-Uni dans un statut OMC conduirait à une réduction du PIB de 2,35%. Cela pourrait engendrer une perte de 0,93% de l’emploi total en Belgique.
Les secteurs de l’économie belge les plus exposés au Brexit seraient ceux des tissus spéciaux et tapis, de l’automobile et des produits d’origine animale.
La Flandre serait de loin la région la plus impactée de Belgique avec quelque 28.000 emplois menacés. La Wallonie serait moins impactée mais néanmoins 5.000 emplois pourraient disparaitre.

La mise en place d’outils dédiés et d’actions de sensibilisation des entreprises

Les autorités tant nationales que régionales mais également les fédérations professionnelles ont pris plusieurs initiatives pour sensibiliser les entreprises aux conséquences potentielles du Brexit. Ainsi a été mis en place au niveau fédéral un « Brexit Impact Scan » permettant aux entreprises d’évaluer l’impact potentiel du Brexit sur leur activité et d’obtenir des conseils personnalisés en fonction de leurs besoins et de leur situation pour en limiter l'impact.
Des campagnes d’information à tous niveaux (Douanes, fédération d’entreprises, agences régio-nales de soutien à l’export) ont également été diffusées afin de sensibiliser les entreprises qui exportent outre-Manche.

  • Parmi celles-ci, on peut noter côté flamand la mise en place d’un helpdesk vers lequel ces entreprises peuvent se tourner pour obtenir des conseils et soutiens financiers ou encore le déploiement temporaire d’experts régionaux au Royaume-Uni pour venir en aide aux sociétés concernées.
  • Côté wallon, un guide (« le Brexit… que faire ? ») a été édité pour les 1.200 PME qui sont commercialement les plus exposées au Royaume-Uni.
  • La région Bruxelles-Capitale a donné une nouvelle impulsion à sa politique d’attractivité, via une campagne de promotion de la région bruxelloise (« The future is close. Brussels is yours ») auprès des opérateurs britanniques dans des secteurs ciblés - finances et assurances, sciences de la vie, audiovisuel - pour lesquels elle organise des séminaires et une communication spécifiques.

Des entreprises qui restent insuffisamment préparées en cas de Brexit dur

Une entreprise sur cinq seulement commerçant avec le Royaume-Uni (elles sont 25.000 en tout) serait préparée aux formalités douanières découlant du Brexit. Par conséquent, les douanes belges ont adressé il y a quelques mois un mailing aux 100 plus grandes d’entre elles afin de leur rappeler la nécessité d’avoir un numéro EORI (economic operator registration and indentification) pour pouvoir commercer hors UE. Face au taux de retour extrêmement faible, elles ont annoncé des mesures plus proactives début janvier : nouvelle campagne d’information, envoi d’un courrier attribuant automatiquement un numéro EORI à 20.000 entreprises (la seule chose incombant à celles-ci étant de communiquer l’identité d’une personne responsable), prise de contact directe avec 5.000 entreprises afin d’opérer un suivi personnalisé.

Le lancement par le ministère des Finances d’un plan ambitieux de recrutement

Un plan de recrutement d’agents douaniers a été mis en place par les autorités belges en prévision de l’augmentation très importante des déclarations douanières du fait du changement de statut des biens en provenance ou à destination du RU. Des recrutements sont également prévus à l’Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) en prévision de l’augmentation des contrôles phyto-sanitaires.

Le gouvernement fédéral a déposé un projet de loi générale au Parlement l’autorisant à prendre des mesures d’urgence

Il est actuellement en cours d’examen au Conseil d’Etat. Des dispositions sont prévues pour permettre aux douanes et à l’AFSCA de poursuivre leurs recrutements alors que le contexte des affaires courantes ne les autorise normalement pas dans la fonction publique.

Les principaux ports belges, en première ligne, ont eux aussi pris des mesures pour s’adapter

Le Port d’Anvers s’est préparé dès les premières semaines post référendum avec la mise en place d’une Task Force dédiée associant l’ensemble de la communauté portuaire. Il s’est aussi doté d'un « Monsieur Brexit » (le britannique Justin Atkin), chargé de suivre l’impact du Brexit sur l’activité anversoise et de travailler à renforcer la présence d’Anvers auprès du Royaume-Uni et de l’Irlande et attirer de nouvelles sources de fret et d’investissements. Pour aider les entreprises à se préparer, des séminaires de sensibilisation sont organisés régulièrement. Par ailleurs les ports d’Ostende et de Zeebrugge seront confrontés à un nouveau défi, celui du contrôle douanier des ferries.