La situation économique en Janvier 2019

 

Au moment où le pays est engagé dans une alternance politique pacifique, la situation macro-économique s’est sensiblement dégradée sous l’effet d’un double choc, exogène (accentuation de la baisse des cours du cuivre et du cobalt) et endogène (financement souverain des élections plus lourd qu’initialement prévu).  Les finances publiques se sont détériorées ces dernières semaines. Un gel conservatoire de toutes les dépenses publiques autres que le paiement des fonctionnaires a été décidé. Les premières annonces du nouveau pouvoir semblent aller dans le bon sens : intensification de la lutte contre la corruption, suspension du décret de taxation sur les télécoms et principe de gratuité des services bancaires.

Dans son bulletin de conjoncture de janvier, la BCC[1] (Banque centrale du Congo) a tiré la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation économique, en considérant que « l’activité reste encore dynamique, même si la situation économique et financière demeure préoccupante ». Ces dernières semaines, la situation macro-économique du pays s’est dégradée, contrecoup d’un double choc exogène (baisse des cours du cuivre et du cobalt) et endogène (dérapage du budget des dernières élections générales).

- Un choc exogène : La baisse des cours des deux principales matières premières exportées par la RD Congo s’est poursuivie ces dernières semaines. Concernant le cuivre, les cours actuels oscillaient entre 5800$ et 6000$/T contre 7000$/7500$/T courant 2018. Les cours du cobalt, dont la RD Congo est le premier producteur mondial, ont plongé de façon encore plus brutale et accentuée ces dernières semaines (35000 $/T contre 95000$/T en début d’année), probablement sous l’effet d’une forte montée en puissance de la production des mines artisanales. Les recettes minières représentant plus de la moitié des recettes fiscales de l’Etat congolais, ces baisses se répercuteront mécaniquement sur les recettes fiscales à venir. Jusqu’à présent, une gestion prudente ou « en tiroir-caisse » des finances publiques par l’Etat semble être poursuivie. Les dépenses publiques ne sont engagées qu’en fonction des rentrées fiscales correspondantes, ce qui limite le risque de dérapage budgétaire et un recours inopiné à la planche à billets comme ce fut le cas quelques mois en 2017. Dans son dernier bulletins mensuel, la BCC concède que le solde budgétaire est déficitaire de 50 M$ (83 Mds CDF).

- Un choc endogène : le financement sur fonds propres des dernières élections générales, initialement estimé à 515 M$, se chiffre à plus 800 M$, représentant une ponction d’environ 15% sur budget annuel (5Mds$). Les réserves de change sont inférieures à 3 semaines d’importations (870 M$). Cette dépense supplémentaire a été rendue possible par des rentrées fiscales meilleures en raison de la relative embellie de l’économie congolaise durant le 1° semestre 2018. Les salaires des fonctionnaires, qui représentent 65% des dépenses, ont, certes, été payés en janvier mais les autorités ont, à titre de conservatoire, ordonné le gel de toutes les autres dépenses publiques ce qui est un signe de tensions de trésorerie.

 



[1] Note d’information hebdomadaire du 3 janvier

 
  Zone de Texte: Au moment où le pays est engagé dans une alternance politique pacifique, la situation macro-économique s’est sensiblement dégradée sous l’effet d’un double choc, exogène (accentuation de la baisse des cours du cuivre et du cobalt) et endogène (financement souverain des élections plus lourd qu’initialement prévu).  Les finances publiques se sont détériorées ces dernières semaines. Un gel conservatoire de toutes les dépenses publiques autres que le paiement des fonctionnaires a été décidé. Les premières annonces du nouveau pouvoir semblent aller dans le bon sens : intensification de la lutte contre la corruption, suspension du décret de taxation sur les télécoms et principe de gratuité des services bancaires.