Avec un stock de 106 Mds EUR d'IDE fin 2021, soit 14 % du stock des IDE entrants en France, la Suisse y est le 3ème investisseur étranger. Portés par la reprise économique post-Covid, les décisions d’investissements suisses en France se sont maintenues à un niveau élevé en 2022: Business France a recensé 87 projets, qui ont soutenu plus de 4 000 emplois.

Fin 2021, la Suisse était le 9ème investisseur mondial avec un stock d’IDE sortants de 1 406 Mds CHF (176 % du PIB), dont un tiers était détenu par des sociétés financières et holdings étrangères. Selon la Banque de France, la Confédération est le 3ème investisseur ultime en France, où elle détient un stock de 106 Mds EUR, soit 14 % du stock des IDE entrants. Portés par la reprise économique, le nombre de décisions d’investissements suisses en France s’est maintenu à un niveau élevé en 2022: Business France a ainsi recensé 87 projets soutenant plus de 4 000 emplois. 

I. La Suisse est le 9ème investisseur mondial, avec une priorisation sur la finance et la pharmacie

1. Le stock d’investissements directs suisses à l’étranger s’élève à plus de 1 400 Mds CHF en 2019, dont près d’un tiers est détenu par des holdings et sociétés financières en mains étrangères

D’après la Banque nationale suisse (BNS), le stock d’investissements directs (ID) suisses à l’étranger s’est établi à 1 406 Mds CHF fin 2021 (176 % du PIB), faisant de la Suisse le 9ème pays pourvoyeur d’IDE au monde (après le Japon et devant la France) selon la CNUCED. Près des deux tiers de ce stock (64 %) est concentré dans le secteur tertiaire, et plus d’un tiers (36 %) dans l’industrie. Reflétant l’attractivité du pays pour l’implantation des multinationales, 28% des investissements directs suisses à l’étranger sont en fait détenus par des sociétés financières et holdings (hors banques et assurances) en mains étrangères[1]. Les sociétés financières et holdings constituent ainsi le premier secteur d’origine des IDE suisses dans le monde (36 %). En 2ème position, l’industrie chimique et pharmaceutique est à l’origine de 15% des IDE suisses dans le monde, devant le secteur bancaire et assurantiel (14% du total) et le commerce (11 %). Par ventilation géographique, 50% des IDE suisses sont situés en l’Europe, 22 % aux Etats-Unis et 12 % en Asie. Au final, les IDE suisses sont ainsi très largement destinés vers les marchés les plus matures.

2. En 2021, les entreprises résidentes en Suisse ont rapatrié 111 Mds CHF depuis leurs filiales à l’étranger

Poursuivant le mouvement de « désinvestissement » massif initié en 2019, les entreprises helvétiques – en fait quasi-exclusivement des sociétés financières et holdings étrangères – ont rapatrié 111 Mds CHF en termes nets depuis leurs filiales en 2021 (25 Mds CHF en 2020, 50 Mds CHF en 2019). La BNS explique ces mouvements par (i) les restructurations et liquidations de filiales non résidentes d’une part, et (ii) le fait que les capitaux détenus par les sociétés financières et holdings étrangères correspondent presque en totalité à des capitaux en transit. En dehors de ces catégories d’entreprises, les services ont aussi accusé des désinvestissements nets (17 Mds CHF dans les transports et la communication, 9 Mds CHF dans les banques), mais l’industrie a en revanche accru ses investissements directs (18 Mds CHF nets). Au plan géographique, ces désinvestissements ont essentiellement touché les filiales européennes des sociétés suisses (à hauteur de 141 Mds CHF), principalement dans les pays d’accueil de nombreuses holdings (Irlande, Luxembourg, Chypre).

II. La Suisse se classe au 3ème rang des investisseurs étrangers en France 

1. La Suisse est le 3ème investisseur ultime en France en stock, après les Etats-Unis et l’Allemagne

Selon la Banque de France, le stock d’IDE en France détenus en bout de chaîne par des investisseurs suisses s’établit à 106 Mds EUR (soit 14% des IDE en France) fin 202, faisant de la Suisse le 3ème investisseur en France. Elle est également le 3ème employeur étranger en France avec environ un millier d’entreprises helvétiques employant près de 250 000 salariés. Le stock d’IDE suisses en France, majoritairement fléché dans l’industrie manufacturière, reflète l’intégration de longue date entre les chaînes de valeur des deux pays :

  • L’industrie chimique (44 % du stock d’IDE suisses en France), à travers (i) la participation de Nestlé dans le capital de l’Oréal (20,1 %), (ii) la présence sur le territoire français de grands groupes suisses comme Givaudan, Firmenich ou Lalique pour y produire leurs parfums et arômes, (iii) les activités vinyliques (PVC, soude, chlore) du genevois Klesch, rachetées à Arkema en 2011, ou encore (iv) la fabrication de solutions chimiques pour le bâtiment du leader de l’étanchéité zougois Sika  ;
  • L’immobilier (18 %), en raison de l’attractivité des investissements locatifs en France, bien moins onéreux qu’en Suisse, et d’un meilleur accès à la propriété (la Suisse comptant 64 % de locataires) dans un contexte de report des tensions du marché logement helvétique sur les régions frontalières, et ce, alors que l’on compte 200 000 ressortissants suisses établis en France ;
  • La construction, (10 %), favorisée par l’acquisition de Lafarge par Holcim, finalisée en 2015 ;
  • Dans le secteur financier (8 %), où IDE suisses s’orientent vers la banque (5 Mds EUR) et les activités auxiliaires (2,2 Mds EUR) ; le stock d’IDE dans les activités assurantielles (1,4 Md EUR) s’expliquant notamment par la forte présence de Swiss Life (25 entités et plus de 2 500 emplois en France) ;
  • L’alimentaire (4 %) : Nestlé, 18ème investisseur mondial en France en valeur (13 000 salariés) ;
  • L’industrie pharmaceutique (2 %), Novartis employant en France près de 3 000 personnes (dont les agents d’Advanced Accelerator Applications, acquis en 2017 pour 3,9 Mds USD) et Roche près de 900.
2. Les flux nets d’IDE suisses en France, comme dans la plupart des pays européens, ont été négatifs en 2021, les retraits de capitaux atteignant 9,5 Mds EUR.

Néanmoins, en 2022, les projets d’investissements suisses en France se sont maintenus à un niveau élevé : 87 décisions ont été recensées par Business France - créations et extensions de sites, reprises et partenariats - (+7 % sur un an), à l’origine de la création ou du maintien de près de 4 130 emplois, majoritairement dans l’industrie (machines, électronique).

Les projets portés par les entreprises suisses l’année dernière ont principalement porté sur des activités de production (44 %), puis, dans une moindre mesure, de R&D (18 %) et des centres de décision (17 %).

La France reste la 1ère destination européenne des investissements suisses en 2022, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. Parmi les projets emblématiques figurent l’investissement record de 2,3 Mds EUR de STMicroelectronics annoncé lors de la 5ème édition du Sommet Choose France pour étendre les capacités de production de puces électroniques du site de Crolles (Isère), aux côtés de l’américain GlobalFoundries (3,4 Mds EUR). Les groupes industriels Stäubli (robotique, mécanique) et Liebherr Aerospace (systèmes d’air pour l’aéronautique) ont également porté des projets d’extension de leurs capacités productives, respectivement en Auvergne-Rhône-Alpes (370 emplois) et en Occitanie (130 emplois).


[1] Cette catégorie de sociétés comprend en outre des activités de sièges sociaux, de fonds de placement et d’auxiliaires financiers (hors assurance et fonds de pension).