Les échanges commerciaux de Madagascar ont atteint 5,8 Mds EUR en 2017, en forte hausse de 22% par rapport à 2016. Le déficit commercial s’est réduit de 31% à 433,8 MEUR dans un contexte de fort accroissement des exportations (+30,6%, 2,7 Mds EUR) tirées par les ventes des produits agricoles, en particulier la vanille et le girofle malgré une hausse significative des importations (+16,2%, 3,1 Mds EUR). Madagascar a notamment importé un volume record de riz en 2017 (près de 600 000 tonnes) tandis que les importations de biens d’équipement ont fortement augmenté en 2017 (+57,6%). La France, 3e fournisseur de la Grande Île, voit sa part de marché légèrement diminuer (6,4% contre 6,9% en 2016). Elle est devancée par l’Inde (9,3%) et reste loin derrière la Chine (18,6%). Notre pays demeure le 1er client de Madagascar (24,9% des exportations malgaches, en progression de 1,4 point par rapport à 2016), suivi par les Etats-Unis dont la part de marché a une nouvelle fois augmenté (16,5% contre 12,8% en 2016) suite à la réintégration de la Grande île dans l’AGOA en 2015.

Après une légère baisse en 2016, le commerce extérieur connaît un net rebond en 2017

La période 2008-2017 se caractérise par un fort accroissement des échanges de Madagascar (+56%), en dépit du ralentissement observé durant crise politique entre début 2019 et fin 2013. Durant ces années de « transition », marquées par un isolement politique et économique (départ des bailleurs de fonds, perte des avantages commerciaux préférentiels de l’African Growth and Opportunity Act), le commerce ne s’est redressé qu’à partir de 2011. Les faiblesses structurelles (morosité du climat des affaires, insécurité juridique et fiscale, déficit d’infrastructures, instabilité politique récurrente) continuent d’entraver le développement des échanges et notamment des exportations.    

La hausse modérée des échanges constatée entre 2015 et 2016 s’est renforcée en 2017. Depuis la réintégration de Madagascar au sein l’AGOA, les exportations de confection textile poursuivent sur leur lancée de 2016 (+13,3% en 2017). Par ailleurs, la conjoncture est restée favorable aux ventes de certains produits agricoles notamment la vanille (+72,2% en 2017), mais qui marquera un coup d’arrêt durant le 2ème semestre 2018 en raison de la baisse des prix sur les marchés internationaux depuis mai 2018. Après une baisse en 2016, les exportations de cobalt ont doublé (+110% en 2017) en raison d’un renchérissement significatif des cours mondiaux, consécutifs au boom des ventes de véhicules électriques sur le marché mondial, ce qui a permis de compenser partiellement la tendance baissière des exportations de nickel (-8,6% en 2017). Dans ce cadre, les importations de biens de consommations ont fortement augmenté (+28,6% en 2017). Globalement, les importations ont significativement augmenté (+16,2 % à 3,1 Mds EUR), sans pour autant qu’elles ne soient compensées par la forte hausse des exportations par rapport à 2016 (+30,6% à 2,7 Mds EUR en 2017). Malgré tout, le déficit commercial malgache s’est réduit par rapport à 2016 (-31,2%).

Depuis 2016, les exportations malgaches se concentrent de plus en plus autour de quelques familles de produits

Les exportations malgaches se concentrent de plus en plus autour d’un panier limité de produits. L’année 2017 ne fait pas exception . Ainsi, les exportations de matières textiles (390 M DTS, +13,3%) ont été détrônées par la vanille (489 M DTS) de la 1ère place des produits exportés par Madagascar en 2017. Les exportations de vanille avaient occupé la 3ème place entre 2014 et 2016, avant de dépasser le nickel (3ème, perdant une place en 2017 pour 262 M DTS).

En 2017, les produits agricoles ont quant à eux représenté 34,4% des exportations totales dont 24,2% pour la seule vanille (contre 18% en 2016), 8,7% pour le girofle (6,8% en 2016) et 1,5% pour d’autres produits (cacao, sucre, poivre, café). La production malgache de vanille représente chaque année en moyenne environ 80% de la production mondiale malgré des difficultés inhérentes à la filière . Après un doublement de valeur en 2016 (+100%), les ventes de vanille ont encore fortement augmenté (+72,2%) en 2017. Depuis 2016, on observe une flambée des prix de cette épice (+244% en 2016, +69% en 2017)  partiellement causée par les phénomènes de spéculation se manifestant notamment par la recrudescence des pratiques de stocks illicites et fausses déclarations.

Par ailleurs, la production mondiale de vanille s’inscrit dans une tendance baissière depuis 2010 (baisse de production de l’Inde et de l’Ouganda) tandis que la demande annuelle augmente de 5% en moyenne et les ventes de vanille de synthèse sont encore en retrait. La quantité exportée a très légèrement augmenté en 2017  (+1,6%) passant de 1 567,6 t à 1 592,1 t entre 2016 et 2017. La valeurs des exportations de girofle a quant à elle fortement augmenté (+49,4% en 2017, en grande partie à destination de Singapour et de l’Inde) du fait de la forte hausse du volume exporté (+47,6% en 2017)  dans un contexte de volatilité des prix sur le marché mondial – Madagascar contrôle 41% des parts de marché de girofle (1er exportateur mondial en 2017)  , tout en étant le 2ème producteur mondial (40%) derrière l’Indonésie.

Le textile, essentiellement produit par des entreprises opérant sous le statut franc et bénéficiant d’exonérations fiscales avantageuses, représente désormais 19,3% (contre 22,1% en 2016) du total exporté. Les ventes dans ce secteur ont progressé de 13,3% en valeur en 2017. Depuis la réintégration de Madagascar parmi les pays bénéficiaires de l’AGOA en juin 2014 et le prolongement de l’AGOA pour  dix ans, promulgué par le Congrès américain en juin 2015, de nombreux investisseurs dans le secteur textile se sont implantés dans la Grande Île. Ainsi, la valeur des exportations malgaches entrant dans le cadre de l’AGOA a significativement progressé entre 2016 et 2017 (+58,5%) .

D’autre part, après l’essoufflement de 2016 suivant la montée en puissance de 2012 à 2015, la valeur des exportations de Nickel a encore diminué de 8,6% en 2017, en raison de la baisse des cours mondiaux. Ainsi, après avoir occupé le 2ème rang des produits exportés par Madagascar en 2016, le Nickel se trouve désormais à la 3ème place avec 13% du total exporté (18,4% en 2016). Le Nickel est produit par la mine d’Ambatovy , fruit d’un partenariat entre le canadien Sherritt, le japonais Sumitomo et le coréen Korea Resources (KORES). Si en 2016 le cours du Nickel avait atteint son plus bas niveau depuis une quinzaine d’années en raison la baisse importante de la demande chinoise, une reprise est observée en 2017 grâce aux prévisions de croissance sur les achats de véhicules électriques. La chute du volume des ventes de Nickel malgache s’accélère en 2017 (– 19,6% ) après celle de 11% en 2016. Cependant, le Cobalt – également produit par Ambatovy – repart en forte hausse avec un doublement de valeur en 2017 (-6,2% en volume ) et atteint désormais 13% du total exporté (contre 8% en 2016). Les autres minerais (titane, chrome, zirconium, graphite, ilménite) totalisent 4,2% des exportations en 2017 contre 3% l’année précédente. Globalement, les produits miniers représentent un peu moins du tiers des exportations et pourraient renforcer leur prépondérance à la faveur d’une remontée des cours mondiaux des matières premières. Fait notable, les exportations d’or ont rapporté 61 M DTS au pays en 2017  pour 2,8 tonnes d’or exportées, signe de la poursuite des réformes mises en œuvre à travers l’Agence nationale de la filière or (ANOR), mise en place en 2015. D’autre part, la mine d’Ambatovy n’a pas encore atteint son régime de croisière (capacité de production de Nickel : 60 000 tonnes/an, Cobalt : 5 600 tonnes/an). Il en va de même pour le projet d’extraction d’ilménite et de zirconium mené par QMM , société détenue à 80% par Rio Tinto.

Enfin, parmi les produits de la mer, les exportations de crevettes en valeur (provenant principalement des entreprises franches) représentent près de 4,2% du total exporté en 2017 (contre 4,1% en 2016) soit une hausse de 32,5%. La crevette malgache a acquis au fil des années plusieurs labels prestigieux (label Rouge, label bio AB) sur les principaux marchés d’exportation (France, Portugal et Espagne).

Les importations sont globalement en hausse mais leur structure reste diversifiée

La valeur des importations a fortement augmenté depuis 2011 (+41,6%). Dans ce cadre, les matières premières importées perdent leur 1ère place au classement en 2017 avec 17,6% du total importé (20,5% en 2016) au profit des importations de biens d’équipement (17,9% du total en 2017), qui progressent fortement par rapport à 2016 (+57,6%). Cela s’explique notamment par la hausse des importations de véhicules pour le transport de marchandises, les véhicules à usages spéciaux (dépanneuses, camions-grues), les engins mécaniques (bulldozers, niveleuses…) mais également les groupes électrogènes. Ces importations de matières premières correspondent essentiellement aux besoins d’intrants de la mine d’Ambatovy (charbon, phosphate, calcaire).

Les achats de produits alimentaires (3ème position, 15,3% du total importé) enregistrent une hausse significative de 77,2% en valeur par rapport à 2016 . Cette tendance s’explique par une hausse des prix des principaux produits alimentaires importés par Madagascar notamment l’huile, le riz et le sucre. Le riz importé a notamment doublé de volume (+167,1%) – atteignant un niveau record de 591 011 tonnes –a quasiment triplé en valeur (+191,5%) entre 2016 et 2017 . Cette hausse s’explique en particulier par l’envolée des prix locaux suite à la sécheresse – néfaste pour la campagne rizicole  – mais également par la détaxation par l’Etat du riz importé entrant à Madagascar pour permettre aux opérateurs de le revendre à un moindre coût sur le marché local. Les importations de riz concentrent en 2017 près de la moitié de la valeur des importations de produits alimentaires en 2017 (44,5%), principalement en provenance du Pakistan (249 461 t, soit 42,2% de la valeur totale du riz importé), devant le Myanmar (146 356 t, 24,7%) et l’Inde (146 084 t, 24,7%) .

En 2017, les biens de consommations reculent à la 4ème position (3ème position en 2016) et représentent 15,1% du total importé (14,9% en 2016). Outre l’abaissement des droits de douanes sur les produits textiles et articles de friperie – entrant dans le cadre de l’application des Accords de Partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne – certaines réformes de l’administration, notamment la dématérialisation des procédures de dédouanement de véhicules importés  ont stimulé les importations de biens de consommations (+28,6% en 2017). Alors que les volumes correspondants ont légèrement augmenté de 5% , la facture des produits énergétiques recule en 6ème position avec 13,2% du total importé en 2017 (13,9% en 2016). Ces importations ont pourtant augmenté de 20,6% en valeur, en raison de la hausse de la facture pétrolière – le cours moyen du baril de Brent est passé de 43$ à 54$ entre 2016 et 2017, et le gouvernement applique progressivement la vérité des prix à la pompe . A noter enfin que les Zones Franches continuent à jouer un rôle majeur dans le commerce extérieur malgache, réalisant 28% des exportations (dont un peu moins des trois quarts dans le textile) et 15% des importations.

Les exportations malgaches demeurent orientées vers l’UE, la Chine confirme sa place de 1er fournisseur mais la France redevient le 1er partenaire commercial en 2017

En 2017, 42,7% des exportations malgaches se sont dirigées vers l’UE (-1,9 points par rapport à 2016), 12,8%, vers l’Asie émergente et en développement (+0,2 point) et 6,3% vers l’Afrique (-1,6 points). Selon le FMI, la France demeure le premier client historique de Madagascar en absorbant 24,9% des exportations malgaches, avec une part en légère augmentation (+1,4 points par rapport à 2016 ; -14 points et +44,9% en valeur sur les dix dernières années). La part des Etats-Unis progresse (16,5% des exportations malgaches, +3,7 points par rapport à 2016), notamment grâce au maintien du dynamisme du secteur textile suite à la réintégration de Madagascar dans l’AGOA. Quant à l’Allemagne (6,5% des exportations malgaches soit une baisse de 1,8 points par rapport à 2016), elle est dorénavant devancée par la Chine (3ème du classement avec 6,7% des exportations malgaches, +0,4 points) mais devant le Japon, toujours 5ème au classement avec 6% des exportations malgaches, soit +1 point par rapport à 2016. Les Pays-Bas restent en 6ème position (4,7% des exportations malgaches, +0,4 points).

Du côté des fournisseurs, les produits français ont représenté 6,4% du total importé par Madagascar en 2017, en baisse de -0,5 point par rapport à 2016. Sur les dix dernières années, les importations malgaches en provenance de la France sont en légère hausse de 0,1 points mais en forte baisse de 12,7% par rapport à 2008. En 3ème position en 2017, la France a connu une baisse de ses parts de marché par rapport à 2016 (-0,5 points, 6,4% des importations malgaches) et perd ainsi une place au bénéfice de l’Inde dans le classement des fournisseurs (9,3% des exportations malgaches, +2,8 points par rapport à 2016). La Chine reste le premier fournisseur de Madagascar en 2017, confirmant la tendance observée depuis 2 ans, malgré une baisse de ses parts de marché en 2017 (18,6% des importations soit -2,6 points par rapport à 2016 et -20,5 points en valeur par rapport à 2008). Viennent ensuite les Emirats arabes unis (5,5% des importations malgaches) et l’Afrique du Sud (5,3% des importations malgaches). La progression notable des pays comme le Pakistan (+10 places, 6ème) et le Koweït (+91 places, 10ème) est surtout liée aux importations massives de riz par Madagascar durant l’année 2017.

Globalement, selon les données du FMI la France redevient le 1er partenaire commercial de Madagascar avec un volume d’échanges de 988,9 MUSD en 2017 devant la Chine (864,4 MUSD).