Entrée en vigueur le 1er août 2018, la réforme des tarifs de l’électricité s’est dans un premier temps traduite par une hausse importante du coût du kWh pour quasiment tous les segments de consommation. Cette fois-ci, les ménages les plus modestes et les petits commerçants ont été entendus par les pouvoirs publics, qui ont ordonné une baisse de leur facture, mise en œuvre dès le mois de novembre 2018.

Le manque de compétitivité régionale des producteurs industriels kenyans, qui font face à une augmentation de 30% de leur facture hors taxes suite à la dernière révision tarifaire, est avéré mais reste artificiel. Par exemple, les tarifs électriques en Ethiopie ou en Tanzanie ne reflètent pas les coûts d’investissement, de maintenance et d’exploitation de leurs systèmes électriques. Cela pèse sur la santé financière de leurs électriciens nationaux, un mauvais signal envoyé aux investisseurs privés sur lesquels ces pays souhaitent pourtant s’appuyer pour continuer à développer leur système électrique.

Néanmoins, l’ambitieuse politique d’extension et de renforcement du réseau électrique coïncide avec la dégradation du profit annuel dégagé par KPLC depuis 2016, tendance qui se confirme en 2018. Cette baisse de la profitabilité pourrait être plus structurelle que conjoncturelle, car les revenus de l’entreprise ne progressent pas au même rythme que les coûts d’investissement et d’exploitation.

La soutenabilité financière de l’entreprise pourrait ainsi être de plus en plus remise en question, alors que son niveau d’endettement a doublé depuis 2014, principalement du fait d’emprunts commerciaux qu’elle a désormais du mal à honorer. La situation financière de KPLC illustre l’importance des investissements actuels et à venir, tant en termes de capacité de production que de capacité de transport et distribution. Le régulateur prévoit ainsi des hausses tarifaires dans les prochaines années.

Un équilibre est donc à trouver entre la réalisation et l’amortissement des investissements nécessaires au développement du système électrique Kenya, et l’accessibilité du tarif pour les consommateurs, alors même que la demande électrique peine à décoller. La hausse des tarifs de l’électricité représente enfin une opportunité pour les développeurs d’unités de production en autoconsommation ou les fournisseurs de solution d’efficacité énergétiques.