A 15 % du PIB (164 Mds USD), le budget de l’Etat indonésien pour 2019 s’inscrit dans la continuité des budgets précédents : tenant à la fois les principes de rigueur (déficit en réduction) et les objectifs d’investissements en infrastructures et dans le capital humain. Les principaux risques qui étaient à craindre pour ce budget d’année électorale ne se matérialisent pas (subventions en baisse, hypothèses macroéconomiques conservatrices). La forte hausse des recettes fiscales (+15%) est l’aspect du budget qui semble le plus ambitieux aux regards des dernières performances.

Budget Balance Indonesia % GDP 

Source : Ministère des finances et Banque Mondiale

 

Le 31 octobre, le parlement a adopté le budget de l’Etat indonésien pour 2019. Il s’élève à 164 Mds USD, soit environ 15 % du PIB, pour un déficit d’environ 20 Mds USD, soit 1,8 % du PIB. Les priorités du budget sont : l’accroissement du capital humain, le développement des infrastructures, le développement de la protection sociale et l’amélioration de l’efficacité de l’administration.

Les recettes publiques sont attendues en hausse de 14 % par rapport à 2018 à 144 Mds USD.

L’augmentation doit provenir principalement des recettes fiscales (+15 %), avec pour objectif un ratio de taxes sur PIB de 12,2 %, contre 10,4 % estimés cette année (9,9 % en 2017). S’il est atteint, il s’agira de son niveau le plus élevé depuis le début de la décennie. Les recettes non-fiscales (revenus des ressources naturelles et parts des profits des entreprises publiques) devraient progresser de 8 % grâce à une conjoncture favorable pour les ressources naturelles et à l’amélioration de la collecte (une nouvelle loi sur les recettes non-fiscales a été adoptée en août).

En hausse de 11 %, les dépenses sont, dans leur équilibre, comparable aux budgets des années précédentes.

Les priorités sont les infrastructures, le capital humain et la décentralisation. 

  • Le budget pour les infrastructures s’élève à 28 Mds USD (+1 % sur un an). Parmi les infrastructures prioritaires programmées pour 2019 se trouvent notamment l’achèvement de 900 Km d’autoroutes, de 415 Km de lignes ferroviaires, de 4 aéroports, le développement de réseaux d’irrigation pour 134 000 ha de rizières ou encore la construction de 7500 logements subventionnés. Les dépenses en infrastructures correspondent à environ 2,5% du PIB, soit bien moins que dans les autres pays de la région (Malaisie : 11,3% du PIB, Thaïlande : 6,3% du PIB). .

  • Dans l’éducation et la santé, le gouvernement prévoit de dépenser à nouveau le maximum autorisé par la loi, respectivement 20 % et 5 % du budget total soit 33 et 8 Mds USD (une hausse de 11% par rapport à 2018). Dans l’éducation, le budget servira principalement à la construction des écoles, au développement de fonds de dotation et au renforcement de l’éduction professionnelle. Dans la santé, il sera principalement consacré au développement et à l’équilibre de la sécurité sociale (BPJS), dont le déficit atteint 760 M USD, ainsi qu’à des programmes de lutte contre la malnutrition.

  • Le budget consacré à la politique d’aide sociale s’élève à 26 Mds USD, en augmentation de 35%. Ce poste couvre les subventions aux ménages les plus pauvres (notamment PKH (family hope program), aides pour le riz et les engrais, les aides aux PME et les aides aux villages (fonds villageois). Les dépenses publiques sociales budgétées correspondent à moins de 2,5% du PIB ; dans les pays de l’OCDE, elles sont en moyenne équivalentes à 21 % du PIB. 
    S’agissant des subventions à l’énergie, celles-ci sont prévues en baisse de 4%, à 10 Mds USD. Ces subventions ne couvrent pas la différence entre les prix domestiques de l’énergie, gelés par le gouvernement jusqu’à fin 2019, et les cours mondiaux, ce qui reporte la charge financière sur les entreprises publiques (PLN et Pertamina).

  • Les transferts aux collectivités territoriales totalisent 55 Mds USD soit environ un tiers du budget, en hausse de 8 % par rapport à cette année. L’essentiel (50 Mds USD) est transféré aux provinces (daerah), le reste aux villages (desa). A partir de 2019, une partie des fonds pour les desa (2 Mds USD) bénéficiera aux districts (kabupaten), un échelon intermédiaire entre la province et le village.
Si l’objectif de déficit est atteint, ce sera le plus bas depuis 2013.

Le déficit primaire (hors service de la dette) est par ailleurs quasi-nul (1,3 Md USD soit 0,1 % du PIB) et le plan d’endettement est en baisse de 7 % (environ 20 Mds USD de dettes nouvelles seront levées). Le Ministère des Finances a indiqué que les efforts ont été accentués pour 2019 afin d’être en mesure d’absorber la volatilité de la roupie et des cours des matières premières. Les hypothèses macroéconomiques retenues sont d’ailleurs conservatrices. La croissance économique est attendue à 5,3 %. Le taux de change IDR/USD a été voté à 15 000 IDR, soit le niveau le plus bas atteint cette année (contre 14 400 initialement proposé et 13 400 budgété l’année dernière). L’hypothèse s’agissant du prix du baril de pétrole est de 70 USD (contre 48 USD en 2018) correspondant au prix moyen de janvier à octobre 2018 (71,2 USD).