L’excédent commercial du Nigéria s’effondre en 2023, en raison de la baisse des cours du pétrole.

Malgré une baisse de 8,0 % de ses importations, l’excédent commercial du Nigéria est quasiment réduit à néant, passant de +2,8 Md USD en 2022 à +0,1 Md USD en 2023. Cet effondrement s’explique principalement la baisse des cours du pétrole brut, les volumes exportés par le Nigéria ayant augmenté de 16,4 % en un an. Si la dévaluation du naira a pu renforcer la compétitivité-prix, cela ne n’est pas traduit par une hausse des exportations hors-pétrole. Ladite dévaluation pourrait en revanche expliquer la baisse des importations nigérianes, également liée à la baisse des prix du pétrole raffiné. Si la Chine demeure le premier fournisseur du Nigéria, l’Europe est toujours son premier client.

 

L’excédent commercial du Nigéria devient négligeable en 2023, essentiellement du fait de la baisse des cours du pétrole.
Malgré une diminution de 4,8 Md USD de ses importations, le Nigéria présente une balance commerciale s’approchant de l’équilibre, principalement du fait de la baisse de ses exportations de pétrole brut .

En 2023, la balance commerciale du Nigéria est presque à l’équilibre (+0,1 Md USD), alors qu’elle avait enregistré un excédent de 2,8 Md USD en 2022, et ce malgré une baisse de 4,8 Md USD de ses importations en un an. La balance commerciale nigériane est ainsi loin du niveau d’avant crise sanitaire : +7,3 Md USD en 2019 et même +17,6 Md USD en 2018.

Après une croissance continue depuis 2020, le volume des échanges du Nigéria diminue en 2023, passant de 123,7 Md USD en 2022 à 111,3 Md USD, soit une baisse de 10,1 %. Les exportations de pétrole brut diminuent de 4,9 Md USD, celles hors pétrole brut reculent de 2,7 Md USD. L’érosion de l’excédent commercial du Nigéria est donc essentiellement due à la baisse de ses exportations de pétrole brut.

Les exportations nigérianes diminuent de 12,0 % en 2023, essentiellement du fait de la baisse des cours de pétrole, tandis que les effets de la dévaluation ne suffisent à stimuler davantage les exportations.

Le montant des exportations du Nigéria en 2023 est de 55,7 Md USD, soit une diminution de 12,0 % en valeur par rapport à 2022 (63,3 Md USD) – alors même que le Nigéria avait connu une hausse significative de ses exportations en 2022 (+33,7 %) et 2021 (+34,9 %). Cette diminution est liée à la baisse des cours du pétrole brut en 2023, l’or noir représentant 78,2 % des exportations du géant ouest-africain sur la période 2018-2023. Ainsi la valeur des exportations de pétrole brut a diminué de 9,9 % en 2023, alors même que l’exportation nigériane de pétrole brut en volume s’est accrue de 16,4 % en 2023 pour attendre en moyenne 0,81 mbpj, contre 0,69 mbpj en 2022.

En ordre décroissant, les autres postes d’exportation du Nigéria sont les produits pétroliers dérivés (10,7 % des exportations totales ; 6,0 Md USD) et les denrées agricoles (3,5 % ; 1,9 Md USD). Viennent ensuite les exportations de matières premières (2,4 % ; 1,3 Md USD) et de produits manufacturés (2,2 % ; 1,2 Md USD). Les exportations de produits manufacturés continuent de se dégrader d’année en année (-34,7 % en 2023). Globalement, la compétitivité-prix nouvelle au Nigéria, causée par la forte dévaluation du naira en 2023 (perdant 50,1 % de sa valeur en un an), n’a pas permis d’augmenter ses exportations hors pétrole brut, qui diminuent de 19,9 % pour passer de 13,5 Md USD en 2022 à 10,8 Md USD en 2023. Les exportations hors pétrole brut étaient pourtant en hausse constante depuis la crise sanitaire.

 

Les importations nigérianes baissent de 8,0 % en 2023, en partie du fait de la dévaluation du naira et de la baisse des prix du pétrole raffiné.

Les importations nigérianes s’élèvent à 55,6 Md USD en 2023, en baisse de 8,0 % depuis 2022 (60,4 Md USD).

En 2023 encore, les importations du Nigéria se composent majoritairement de produits pétroliers raffinés (33,0 % ; 18,3 Md USD). Une première la crise sanitaire : la valeur des produits pétroliers raffinés importés par le Nigéria diminue en 2023 (-28,5 %, passant de 23,6 Md USD en 2022 à 18,3 Md USD). La baisse des cours de pétrole brut a allégé la facture énergétique du Nigéria. Le ralentissement de la croissance économique (+2,7 % en 2023 contre +3,1 % en 2022) pourrait également expliquer la baisse des importations de pétrole raffiné.

Les postes d’exportation qui suivent sont, dans l’ordre, les matériels industriels (16,2 % ; 9,0 Md USD) et les biens d'équipement et pièces détachées (12,5 % ; 7,0 Md USD). Regroupés, les produits alimentaires et boissons transformés et non transformés constituent le quatrième poste d’importation (10,6 % des importations totales, soit 5,9 Md USD). Celles-ci sont en baisse de 12,5 % en 2023, confirmant la baisse de 7,6 % en 2022, ce qui signale une moindre dépendance à l’extérieur sur ce poste, peut-être en raison de la dépréciation du naira qui a largement contribué à l’inflation alimentaire dans le pays. Les politiques protectionnistes en matière agricole, menées au niveau fédéral depuis 2019 ont également pu y contribuer, même si cette hypothèse doit être nuancée par la persistance d’un important commerce agricole transfrontalier informel.

 

La Chine est le premier fournisseur du Nigéria et l’Europe son premier client, tandis que le continent africain reste un partenaire marginal pour le géant d’Afrique.
Malgré une baisse de 25,5 % de ses exportations à destination du Nigéria, la Chine reste le principal fournisseur du géant africain ; la France quant à elle voit ses exportations augmenter (+8,7 %) tout en perdant cinq places parmi les fournisseurs.

La Chine est de loin le principal fournisseur du Nigéria, avec 18,4 % des parts de marché (10,2 Md USD), malgré une baisse de 25,5 % de ses exportations vers le Nigéria en valeur sur un an (elles étaient de 13,7 Md USD en 2022). Suivent l’Inde (8,0 % ; 4,5 Md USD) et les Etats-Unis (6,2 % ; 3,4 Md USD). Les trois principaux fournisseurs du Nigéria représentent près d’un tiers de ses importations.

Malgré une augmentation de 8,7 % des exportations françaises vers le Nigéria (qui atteignent 0,7 Md USD), la France perd quatre places au classement des fournisseurs du Nigéria : de la cinquième place en 2022 (2,6 % des parts de marché), elle passe à la neuvième place (1,3 % de part de marché). Ses exportations de produits issus des industries électronique et informatique, de produits chimiques, parfums et cosmétiques, tout comme de produits pharmaceutiques, connaissent une nette baisse (respectivement -13,3 %, -9,1 % et -37,9 %), en raison notamment de l’effet récessif des réformes entreprises par l’administration Tinubu, comme le retrait des subventions de l’essence à la pompe, et surtout du fait de la dévaluation du naira. Parmi les pays membres de l’Union européenne, les Pays-Bas font mieux (5,0 % ; 2,8 Md USD) – mais de manière artificielle en raison du poids du port de Rotterdam comme principale porte de sortie des exportations européennes, les statistiques nigérianes tenant compte du pays de provenance – ainsi que l’Italie (1,8 % ; 1,0 Md USD) et l’Allemagne (1,8 % ; 1,0 Md USD).

A l’échelle continentale, l’Asie assure plus de la moitié (53,1 % ; 29,5 Md USD) des importations du Nigéria. Elle est suivie par l’Europe, qui représente 34,1 % des importations du géant africain (19,0 Md USD). L’Amérique arrive en troisième position, avec 10,0 % des importations nigérianes (5,6 Md USD).

A l’échelle continentale, l’Europe reste le premier client du Nigéria, comme en témoigne en outre la première place des Pays-Bas parmi les destinations des exportations nigérianes.

En 2023, les Pays-Bas sont le premier client du Nigéria : son rôle de porte d’entrée des importations européennes lui permet de regrouper 12,6 % de ses exportations (7,0 Md USD). L’Espagne est la deuxième destination des exportations nigérianes : 9,4 % d’entre elles y sont destinées (5,2 Md USD). L’Inde est la troisième destination (8,4 % ; 4,7 Md USD), suivis des Etats-Unis (7,3 % ; 4,0 Md USD) et de la France (6,5 % ; 3,6 Md USD). Malgré une augmentation de 65,8 % des importations chinoises depuis le Nigéria, la Chine n’arrive qu’en neuvième position, accueillant seulement 2,5 % des exportations nigérianes (1,4 Md USD).

Enfin, 45,4 % des exportations nigérianes se dirigent vers l’Europe (25,3 Md USD), 26,7 % vers l’Asie (14,8 Md USD), 17,1 % vers l’Amérique (9,5 Md USD) et 10,3 % en Afrique (5,7 Md USD).

Le continent africain demeure un partenaire commercial de deuxième ordre pour le Nigéria.

Les échanges entre le Nigéria et le reste du continent ne représentent que 6,4 % du commerce extérieur nigérian (7,1 Md USD).

A l’échelle de la CEDEAO, les échanges du Nigéria se limitent à 0,5 % de ses importations et à 6,2 % de ses exportations.

 

Conformément à la théorie de la « courbe en J », la brutale dévaluation du naira s’est traduite par une détérioration à court terme de la balance commerciale. Dans le cas du géant africain, si les importations ont bel et bien diminué (-4,8 Md USD), les exportations aussi, et bien plus sensiblement (-7,6 Md USD). Cela s’explique essentiellement par une diminution des cours de pétrole brut, alors même que les exportations nigérianes d’or noir en volume ont augmenté (+16,4 %) pour la première fois depuis 2019.

 

 

 

Annexes

Source : Bureau national des statistiques (NBS) du Nigéria ; Banque centrale du Nigéria.

 

Annexe 1 : Evolution de la balance commerciale du Nigéria en Md USD (2018-2023)

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Annexe 2 : Composition (2023) et évolution (2018-2023) des principales importations du Nigéria en Md USD

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Annexe 3 : Composition (2023) et évolution (2018-2023) des principales exportations du Nigéria en Md USD

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Annexe 4 : Evolution des volumes moyens de pétrole brut produit et exporté par le Nigéria en mbpj (2018-2023)

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Annexe 5 : Composition (2023) et évolution (2018-2023) des quatre principaux fournisseurs + France du Nigéria en Md USD

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Annexe 6 : Composition (2022) et évolution (2018-2022) des principaux clients du Nigéria en Md USD

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