Le commerce extérieur du Nigéria en 2022

Les échanges nigérians, comme ses importations, ont doublé en deux ans. La hausse des cours du pétrole brut permet au Nigéria de renouer avec son premier excédent commercial depuis 2019.

 

La balance commerciale du Nigéria redevient excédentaire en 2022 (+2,8 Md USD), même si cet excédent demeure inférieur à celui enregistré avant la crise sanitaire. L’excédent commercial du Nigéria en 2022 est essentiellement dû à la hausse des cours du pétrole brut, qui se traduit par une multiplication par 1,8 des exportations totales nigérianes depuis 2020[1], soit 63,3 Md USD en 2022, malgré la baisse de moitié des volumes de pétrole brut exportés sur la période. La hausse des cours de pétrole brut se répercute également sur la valeur des importations nigérianes en 2022 (60,4 Md USD), composées à 39 % de produits pétroliers raffinés. La Chine conforte sa place de premier fournisseur du Nigéria, tandis que l’Inde demeure le principal client ; la France est le cinquième fournisseur et le cinquième client du pays.

 

 

La balance commerciale du Nigéria redevient excédentaire en 2022, à la faveur de la hausse des cours du pétrole brut.

 

La balance commerciale du Nigéria redevient excédentaire en 2022, dans une mesure moindre qu’avant la crise sanitaire, tandis que le volume des échanges poursuit sa progression.

En 2022, la balance commerciale du Nigéria présente un excédent de 2,8 Md USD, alors qu’elle avait enregistré des déficits en 2021 (4,8 Md USD) et en 2020 (0,5 Md USD). L’excédent observé en 2022 reste tout de même inférieur au niveau d’avant-crise : +7,3 Md USD en 2019 et +17,6 Md USD en 2018.

Le volume des échanges progresse également depuis la crise sanitaire, passant de 70,7 Md USD n 2020 à 123,7 Md USD en 2022 (+75%), conformément à la tendance générale de reprise du commerce international.

L’excédent commercial du Nigéria s’explique par la hausse de la valeur des exportations, essentiellement liée à l’augmentation des cours du pétrole brut, en dépit d’une nette baisse en volume.

Le montant des exportations du Nigéria en 2022 est de 63,3 Md USD, soit un quasi-doublement depuis 2020 (35,1 Md USD), et une hausse significative en un an (47,3 Md USD, soit +33,7%). Cette évolution est étroitement liée aux niveaux du cours des hydrocarbures, qui représentent les quatre cinquièmes des exportations nigérianes sur la période 2018-2022 : ainsi, la valeur des exportations du secteur pétrolier a progressé de 87,4 % entre 2020 (26,5 Md USD) et 2022 (49,8 Md USD), tandis que les volumes exportés diminuaient de 47,0 % sur la même période en raison notamment de graves difficultés opérationnelles (477,9 millions de barils en 2020 contre 253,4 millions en 2022).

En ordre décroissant, les autres postes d’exportation du Nigéria sont les produits pétroliers dérivés (11,7 % des exportations totales ; 7,4 Md USD) et les matières premières (3,8 % ; 2,4 Md USD). Viennent ensuite les exportations de denrées agricoles, qui augmentent de 11,7 % en un an (2,2 % ; 1,4 Md USD), poursuivant leur hausse continue depuis 2019. La part des produits manufacturés (2,9 % du total ; 1,8 Md USD) continue de se réduire année après année. Elle était de 10,8 % en 2019 (6,8 Md USD).

Si les exportations nigérianes totales hors pétrole brut augmentent globalement depuis la crise sanitaire (+56,0 % depuis 2020 et +19,5 % depuis 2021), leur poids dans les exportations totales est de plus en plus faible : 24,6 % en 2020 et 21,3 % en 2022.

 

La hausse des cours du pétrole brut provoque une hausse de la valeur des importations du Nigéria, majoritairement composées de produits raffinés.
Les importations du Nigéria, en hausse, se composent en grande partie de produits pétroliers raffinés.

Les importations nigérianes s’élèvent à 60,4 Md USD en 2022, en hausse de 15,8 % depuis 2021 (52,2 Md USD), et supérieures de 70 % à leur niveau de 2020 (35,6 Md USD).

En 2022, les importations du Nigéria se composent majoritairement de produits pétroliers raffinés (39 % ; 23,6 Md USD) et de matériel industriel (20,7 % ; 12,5 Md USD).

Regroupés, les produits alimentaires et boissons transformés et non transformés constituent le troisième poste d’importation : 11,2 % des importations totales, soit 6,8 Md USD. Celles-ci sont en baisse de 7,6 % en 2022, une première depuis 2018.

La hausse des cours du pétrole brut explique l’évolution défavorable des importations nigérianes depuis 2020.

De 2020 à 2022, la valeur des produits pétroliers raffinés importés par le Nigéria a été multipliée par près de 3 en dollars – 8,0 Md USD à 23,6 Md USD, leur part passant de 22,3 % à 39 % des importations totales sur la période. De manière indirecte, la hausse des cours de pétrole brut a donc porté préjudice au solde commercial nigérian, tout comme l’augmentation subséquente des coûts logistiques.

 

La Chine conforte sa place de premier fournisseur du Nigéria, tandis que l’Inde demeure le principal client ; la France devient le partenaire commercial du pays.
La position de la Chine comme principal fournisseur du Nigéria sort renforcée dans l’après-crise sanitaire.

La Chine est le principal fournisseur du Nigéria avec 22,7 % des parts de marché (13,7 Md USD). Suivent respectivement les Pays-Bas avec 10,4 % (6,3 Md USD), l’Inde avec 7,9 % (4,8 Md USD), les Etats-Unis avec 5,6 % (3,4 Md USD) puis la France, en cinquième position, avec 2,6 % des parts de marché (1,6 Md USD). Ces cinq principaux fournisseurs du Nigéria constituent à eux seuls près de la moitié des importations nigérianes. Traditionnellement, la Chine exporte principalement des produits manufacturés, notamment de l’électronique grand public et des motocyclettes.

La Chine apparaît comme le pays ayant le mieux rebondi dans les deux années d’après-crise : de 2020 à 2022, ses exportations vers le Nigéria augmentent de 4,7 Md USD, contre 1,5 Md USD en moyenne pour les quatre autres principaux fournisseurs.

Parmi les cinq premiers exportateurs vers le Nigéria, seuls la Chine, les Pays-Bas, plateforme logistique mondiale, et la France font mieux en 2022 qu’avant la crise sanitaire.

L’Inde préserve sa place de premier client du Nigéria, malgré l’ascension marquée de l’Espagne depuis la fin de la crise Covid.

En 2022, l’Inde est le premier client du Nigéria, réunissant 12,6 % de ses exportations (8,0 Md USD). Ses exportations sont traditionnellement constituées de produits manufacturés et d’équipements de transport. L’Espagne est la deuxième destination des exportations nigérianes : 12,0 % d’entre elles y sont destinées (7,6 Md USD). Les Pays-Bas sont la troisième destination (9,6 % ; 6,1 Md USD), suivis des Etats-Unis (6,8 % ; 4,3 Md USD) et de la France (5,8 % ; 3,6 Md USD).

La Chine n’arrive qu’en dixième position, accueillant seulement 1,3 % des exportations nigérianes (0,8 Md USD). Si les exportations du Nigéria vers la Chine ont légèrement progressé de 2020 à 2021, passant de 1,8 Md USD à 1,9 Md USD, celle-ci ont baissé de 55,0 % en 2022 : elles sont donc de plus très volatiles.

A l’échelle continentale, l’Asie reste le premier fournisseur du Nigéria et l’Europe conserve sa place de principal client ; l’Afrique ne progresse que faiblement comme partenaire commercial du Nigéria.

A l’échelle continentale, l’Asie assure 46,2 % des importations du Nigéria (la Chine représente près de la moitié de ces importations asiatiques), suivie par l’Europe, qui représente 40,7 % des importations du géant africain. L’Amérique arrive en troisième position, avec 9,7 % des importations nigérianes. Les importations respectives de ces trois continents vers le Nigéria augmentent de 2021 à 2022 (+15,0 % ; +17,4 % ; +12,0 %).

Concernant les exportations nigérianes, 43,8 % d’entre elles se dirigent vers l’Europe, 31,0 % vers l’Asie et 14,8 % vers l’Amérique. Parmi ces trois continents, les exportations vers l’Amérique enregistrent la plus grande progression (+51,4 %), suivies de celles vers l’Europe (+48,2 %) et enfin vers l’Asie (+22,8 %).

Malgré une augmentation sensible des échanges entre le Nigéria et le reste du continent africain, celui-ci demeure un partenaire commercial de deuxième ordre. En effet, si les importations nigérianes depuis l’Afrique augmentent de 26,3 % depuis 2021, celles-ci ne représentent que 2,9 % des importations totales. De même, les exportations vers l’Afrique du Nigéria enregistrent une hausse de 3,9 % en un an, mais elles ne correspondent qu’à 9,9 % de ses exportations. A l’échelle de la CEDEAO, les échanges du Nigéria se limitent à 0,5 % de ses importations et à 6,5 % de ses exportations. Près de 47 ans après sa mise en place, la CEDEAO affiche encore des résultats mitigés sur le plan commercial, en raison de nombreux facteurs tels que le déficit d'infrastructures, la difficulté à créer des chaînes de valeurs régionales ou encore les divergences d'intérêts entre Etats membres.

 

[1] Les données sont exprimées en dollars à partir des moyennes annuelles des taux de change officiels.