L’inclusion financière en Tanzanie : mirage ou opportunité ?
En Tanzanie, le processus d’inclusion financière semble progresser correctement. Portée par le programme gouvernemental, National Financial Inclusion Framework, et soutenue par des entreprises souhaitant obtenir de nouvelles parts de marché, l’inclusion financière devrait évoluer à son rythme à l’horizon 2022. Les autorités ciblent un taux d’inclusion de la population supérieur à 75%.
Un dernier rapport et 4ème du nom, FinScope Tanzania 2017, établi par Financial Sector Deepening Trust, analyse l’utilisation des instruments financiers et notamment l’inclusion financière de la population adulte (+ de 16 ans). L’étude compare les données enregistrées entre 2013 et 2017.
Les variations importantes sur cette période concernent le Mobile Banking avec une augmentation de 10% entre 2013 et 2017, alors que les micro-prêts ont augmenté de 5% sur la même période.
Il est intéressant d’observer ces évolutions par rapport à la légère baisse (1%) de l’utilisation des services des banques commerciales sur la même période.
Par ailleurs, une pratique répandue en Afrique, l’épargne informelle a vu son nombre d’adhérents augmenter de 4% sur la période 2013-2017. Une partie de la population s’appuie, en effet, sur la famille et l’entourage pour l’épargne et les prêts informels. Cette mobilisation de l’épargne en Afrique, mais plus précisément en Tanzanie, est une pratique courante depuis plusieurs décennies. Cependant, il est important de noter la baisse importante de 13% concernant l’utilisation des créditeurs informels.
En 2017, 27,9 millions d’adultes utilisaient les services financiers, soit une augmentation de 15% sur 5 ans. Les utilisateurs de la Mobile Money ont atteint les 16,6 millions de personnes pour 4,7 millions d’utilisateurs du côté des banques.
D’après FinScope Tanzania 2017, 28% de la population tanzanienne sont considérés comme financièrement exclus. A titre de comparaison, en 2009, il s’agissait de 55%. On note donc une large évolution sur la période.
Pour sa part, l’inclusion financière formelle a atteint 65% de la population tanzanienne en 2017 (+14% depuis 2013). Géographiquement, les taux d’inclusion financière varient énormément. Quand Dar es Salam et Kilimandjaro atteignent un taux de 91% d’inclusion, l’archipel de Zanzibar compte 35%. Des perspectives d’évolution dans l’arrière-pays tanzanien et bien au sud pays sont donc avérées.
Concernant la perception des instruments financiers par les utilisateurs tanzaniens, le Mobile Money est vu comme simple d’utilisation mais présentant des défaillances techniques. Les services bancaires sont appréciés pour la sûreté de l’épargne mais ne sont pas adaptés aux besoins.
L’inclusion financière tanzanienne, en pleine mutation, offre de belles perspectives d’évolution aux entreprises souhaitant pénétrer le marché, à condition que le gouvernement tanzanien respecte sa feuille de route dans les prochaines années.