Pressé par la dégradation de son déficit courant, le gouvernement indonésien a annoncé un plan de réformes économiques destiné à soutenir les flux de capitaux vers l’Indonésie sous la forme d’investissements directs et de flux bancaires. Les mesures annoncées comprennent notamment un assouplissement de la liste négative des investissements, le principal texte encadrant les investissements étrangers dans le pays.

 

investissements

 

Le Ministre coordinateur pour les Affaires économiques a présenté le 16 novembre un 16ème  plan de réformes économiques (paket ekonomi) en faveur des investisseurs étrangers et des exportateurs. Le gouvernement avait initié ces plans en septembre 2015. Ils contiennent des mesures de libéralisation, de simplification administrative et des mesures fiscales destinées à améliorer la compétitivité et l’attractivité de l’économie. Le dernier plan avait été annoncé en juin 2017 et portait sur la logistique.

Ce nouveau plan comprend trois mesures : une révision de la liste négative des investissements, le principal texte encadrant les investissements étrangers, et deux dispositifs d’incitation fiscale.

  • La liste négative des investissements (DNI) est un répertoire des activités interdites ou accessibles sous condition aux investissements  étrangers. Elle avait bénéficié d’une première révision dans le cadre du dixième plan (mai 2016) qui avait totalement ouvert aux investisseurs étrangers une trentaine d’activités notamment dans le tourisme, le cinéma et le stockage frigorifique. De nombreux assouplissements avaient été consentis le transport, l’énergie et les télécommunications, mais plusieurs contraintes avaient été introduites notamment pour protéger les PME indonésiennes. Pour cette nouvelle révision, le gouvernement a annoncé que 87 secteurs bénéficieraient d’assouplissements ; 54 d’entre eux seraient totalement ouverts aux investissements étrangers dont le textile, l’acier, le tabac, les équipements médicaux, la chimie et la pétrochimie.
  • La première mesure fiscale est l’extension de l’exonération d’IS  pour les investissements étrangers dans certains secteurs prioritaires et dans les zones économiques spéciales. Ce dispositif avait été peu utilisé avant d’être révisé en 2015 et en mars cette année. La mouture de mars prévoiyait déjà une exonération complète d’IS sur 5 à 20 ans (suivi de deux ans à 50 %), pour les investissements d’un montant minimum de 500 Mds IDR (30 M EUR) dans 17 industries « pionnières ». La nouvelle révision devrait réduire le montant minimum de l’investissement éligible à 100 Mds IDR (6 M EUR), étendre le nombre de secteurs pouvant en bénéficier (aux industries de transformation agricole, aux plantations et au numérique entre autres) et allonger la durée de l’incitation. Les investissements plus petits (20 à 100 Mds IDR) mais effectués dans les zones économiques spéciales auront également droit cette exonération.
  • La dernière mesure du plan est de portée domestique. Il s’agit d’un abattement fiscal pour les revenus des exportations de ressources naturelles  (mines, plantations, forêts et pêche). Les exportateurs devront placer leurs recettes d’exportation sur des comptes dédiés auprès d’établissements bancaires indonésiens spécialement mandatés. Ils bénéficieront en échange d’une réduction de la taxe perçue sur les intérêts à 0% pour des dépôts supérieurs à 6 mois, à 7,5% en dessous, contre 20% en situation normale. Ces dépôts pourront être faits en dollar ou en roupie.

 

Les décrets d’application pour chacune de ces mesures doivent encore être publiés. Le gouvernement s’est engagé à le faire rapidement.

Ce plan vise à améliorer l’attractivité de l’Indonésie aux yeux des investisseurs étrangers et à soutenir les entrées de devises dans un contexte où  l’Indonésie a vu son déficit courant croître et les flux de portefeuilles ralentir sous l’effet du resserrement de la politique monétaire américaine au court des derniers mois.