Le Koweït est traditionnellement un émetteur net d’IDE, notamment portés par son fonds souverain, la Kuwait Investment Authority, très orienté vers des investissements à l’étranger. Ainsi, en 2017, le Koweït détient un stock d’IDE à l’étranger de 30,6 Md$ contre un stock d’IDE étranger au Koweït de 15,1 Md$. En outre, les entrées et sorties d’IDE varient encore largement en fonction du cours des hydrocarbures. Cependant, depuis plusieurs années, le Koweït s’emploie à attirer davantage les investissements étrangers, pas uniquement dans le domaine des énergies fossiles, notamment pour financer les grands projets d’infrastructures.

1/ Si les IDE entrants au Koweït ont fortement augmenté entre 2008 et 2012, ils ont depuis diminué et restent faibles par rapport aux autres pays du Golfe.   

Les IDE entrants au Koweït, tant en stock qu’en flux, ont véritablement décollé à partir de 2008, alors que d’importants projets d’infrastructures, pétroliers notamment, voyaient le jour.

Ainsi, les flux d’IDE entrants, quasiment nuls entre 2005 et 2008, ont atteint un pic de 3,26 Md USD en 2011. Après 2012, les flux entrants ont fortement ralenti mais sont restés positifs, passant de près de 3 Md USD en 2012 à moins d’1 Md USD en 2014 pour se replier à 301 MUSD en 2017, en baisse de 28% par rapport à 2016 (419 MUSD). Ce repli s’explique autant par la crise économique et financière mondiale que la chute des cours du pétrole intervenue en 2014. Ainsi, en 2017, le Koweït est le plus petit récepteur de flux d’IDE de la péninsule arabique, avec 2% du total des flux entrants d’IDE dans la région, tandis que les Emirats Arabes Unis en attiraient plus des deux tiers (10,4 Md USD), devant Oman (12%) et l’Arabie Saoudite (9,2%).

Le stock d’IDE entrant est passé de moins d’1 Md USD en 2007 à plus de 18 Md USD en 2012. Entre 2012 et 2015, le stock entrant a baissé avant de rebondir ensuite, suivant la remontée des cours du baril du pétrole. En 2017, il s’élevait à 15,2 Md USD. Cette stabilisation du stock des IDE entrants a été constatée dans l’ensemble des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Le Koweït hébergeait 3,3% du stock d’IDE entrant dans la région en 2017, loin derrière l’Arabie Saoudite (50,4%, soit 232,2 Md USD), les Emirats Arabes Unis (28,2%), le Qatar (7,6%), Bahreïn (5,8%) et Oman (4,8%).

 

IDE au KW

Sources : CNUCED

Les principaux investisseurs au Koweït sont les autres pays du CCG. Selon les données du FMI en 2016, sur les 15 Md USD d’IDE entrants, 30% venaient du Qatar, 8% de Bahreïn, 5% d’Arabie Saoudite et 4% des EAU.

Les autorités publiques n’ont pas de données récentes concernant les données sectorielles. D’après les chiffres publiés par le Central Statistical Bureau koweïtien pour l’année 2012, les secteurs des télécommunications et financiers attiraient quasiment l’intégralité des IDE entrants. Selon FDi Markets, la base de données du Financial Times, les investissements sur site vierge (greenfield investment) au Koweït au cours des 5 dernières années se sont concentrés dans les secteurs financiers, des services et de l’immobilier. Les investissements étrangers dans les hydrocarbures ne se situent qu’en 9ème position, derrière les technologies de l’information et de la communication.

2/ Les IDE koweïtiens à l’étranger, portés par le fonds souverain Kuwait Investment Authority, se maintiennent à des niveaux élevés et repartent à la hausse en 2017.

Contrairement à d’autres pays de la région dont les IDE ont véritablement décollé depuis la fin des années 2000, les premiers investissements directs koweïtiens à l’étranger remontent aux années 1950. La Kuwait Investment Authority (KIA), premier fonds souverain créé en 1953, gère un portefeuille d’actifs estimé à près de 600 MdUSD, principalement à l’étranger. La capacité de KIA à investir à l’étranger est en grande partie subordonnée à la la trajectoire du cours du pétrole.

Ainsi, on constate une progression constante des flux IDE sortants entre 2005 et 2013, passant de 5,1 Md USD à 16,6 Md USD, soit une hausse de 225% sur la période. La chute du cours des hydrocarbures intervenue en 2014 – le prix du baril passe de 100 $ à 50$ en l’espace de quelques mois – a fortement ralenti les flux d’IDE sortants, devenus négatif en 2014 (- 10,5 Md USD), attestant du désengagement du Koweït d’une partie de ses investissements à l’étranger. A partir de 2015, les flux sortants redeviennent positifs, pour atteindre 8,1 Md USD en 2017 (+80% sur un an) et retrouver des niveaux proches de la période 2010-2013. Le Koweït est le second investisseur à l’étranger de la région en 2017, représentant 27% du total des flux sortants des pays du CCG, derrière les Emirats Arabes Unis (46,5%), mais devant l’Arabie Saoudite (18,7%) et le Qatar (5,6%).

Le stock d’IDE sortant a connu une progression exponentielle, passant de de 5,9 Md USD en 2005 à 37,2 Md USD en 2013, soit une multiplication par 6 en l’espace de seulement 8 ans. Depuis 2013, ils ont légèrement diminué, passant de 37,2 Md USD à 30,6 Md USD en 2017, mais restant à des niveaux élevés. L’année 2017 est marquée par une légère reprise du stock d’IDE sortant (+1,3%), dans le sillage de la hausse des cours du pétrole. Le Koweït est le 4ème investisseur à étranger des pays du CCG en 2017, pesant pour 9,7% du total du stock d’IDE sortant, derrière les Emirats Arabes Unis (39,5%), l’Arabie Saoudite (25,3%) et le Qatar (16,8%).

A noter, la différence entre le stock d’IDE sortant du Koweït et le montant des actifs de KIA, principalement à l’étranger, peut s’expliquer par la convention de compte des IDE, une participation financière inférieure à 10% du capital n’étant pas enregistrée comme un IDE.[1]

IDE à l'étranger

Sources : CNUCED

Comme pour les IDE entrants, les IDE sortants se dirigent d’abord vers les autres pays du Golfe, bien que la répartition soit plus équilibrée. Selon les données du FMI pour l’année 2016, le IDE koweïtiens se dirigeaient d’abord vers l’Arabie Saoudite (15,9%), suivi des Iles Caïmans (13,5%), de l’Irak (11,9), Bahreïn (11,2), la Turquie (6,6%) et les Emirats Arabes Unis (6,6%).

Comme pour les IDE entrants, les IDE sortants en 2012 se concentraient sur les secteurs financiers et des télécommunications.

3/ Depuis plusieurs années, le Koweït met en place une politique volontariste afin d’attirer les investissements étrangers sur son territoire, notamment pour financer les grands projets d’infrastructures.

Les autorités koweïtiennes ont fait voter une série de lois favorables aux entreprises et aux investisseurs étrangers. La « Company Law » - Loi No 1 de 2016 – révise la loi appliquée depuis les années 1960 afin de moderniser et d’adapter les modalités d’investissements dans le contexte actuel des entreprises koweïtiennes. Surtout, le Parlement a voté en 2013 une loi instaurant la création de la KDIPA – Kuwait direct Investment promotion authority – afin de favoriser les IDE entrants. KDIPA soutient les entreprises dans l’élaboration d’un dossier pour obtenir la licence, favorise le transfert de technologies et l’emploi koweïtien en offrant des incitations voir exemptions fiscales aux entreprises et promeut l’attractivité du territoire koweïtien à l’étranger. Surtout, en s’implantant au Koweït via la licence de KDIPA, les entreprises étrangères peuvent désormais détenir jusqu’à 100% du capital.

Depuis la création de KDIPA en 2013, près de 2,3 Md USD d’investissements étrangers au Koweït (rapport annuel de KDIPA pour 2016) ont été recensés via 22 entreprises étrangères, notamment IBM, General Electric, Huawei, Limak, qui ont abouti à la création de plus de 1 000 emplois koweïtiens. Ces investissements ont d’abord été réalisés dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (31%), suivi de la construction (18%), les hydrocarbures (14%), les autres énergies (14%), la santé (9%), le conseil (9%) et la formation (5%). Contrairement aux IDE entrants classiques, les investissements étrangers au Koweït via KDIPA concernent très majoritairement des pays européens et d’Amérique du Nord. Ainsi, les Pays-Bas ont participé à 50,9% des investissements au Koweït (1,15 MdUSD), devant le Canada (14%), l’Espagne (11,5%), la Turquie (6,8%) et la France (6%).

Dans le cadre de la Vision 2035 et surtout des grands projets d’infrastructures dans le Nord du pays – création de la ville nouvelle de « Silk City », qui deviendrait une zone spéciale, et transformation des îles du nord du pays – le Koweït souhaite mobiliser 400 MdUSD d’investissements étrangers, laissant ainsi la voie libre aux entreprises privées koweïtiennes, aux entreprises étrangères et aux investisseurs étrangers, y compris publics. Le pays met l’accent sur les investissements étrangers dans les secteurs porteurs de l’économie koweïtienne : transport et construction, environnement et énergies renouvelables, nouvelles technologies, santé et éducation.

 

Annexe 1 : Flux et stock d’IDE koweïtiens entre 2014 et 2017

 

2014

2015

2016

2017

Flux IDE entrants (M USD)

953

311

419

301

Flux IDE entrants (% FBCF)

 

1,1

1,5

1,0

Flux IDE sortants (M USD)

-10 468

5 367

4 528

8 112

Flux IDE sortants (% FBCF)

 

18,8

15,8

26,0

Flux net IDE (solde, M USD)

11 421

- 5 056

-4 109

-7 811

Stock IDE entrants (M USD)

15 733

14 621

14 968

15 167

Stock IDE entrants (% PIB)

 

12,8

13,6

11,9

Stock IDE sortants (M USD)

34 310

31 559

30 228

30 624

Stock IDE sortants (% PIB)

 

27,7

27,5

24,1

              Source : CNUCED

 

Annexe 2 : Répartition des IDE au Koweït par pays partenaire en 2016

IDE entrants

Source : FMI

 

Annexe 3 : Destinations des investissements directs koweïtiens par pays partenaire en 2016

       DE

Source : FMI

 

Annexe 4 : Stock d'IDE sortants au sein des pays du Golfe en 2017

IDE

Source : CNUCED

 

Annexe 5 : Flux d'IDE sortants au sein des pays du Golfe en 2017

IDE

Source : CNUCED

 

Annexe 6 : Stock d'IDE entrants au sein des pays du Golfe en 2017

                   IDE                    

Source : CNUCED

 

Annexe 7 : Flux d'IDE entrants au sein des pays du Golfe en 2017

IDE

Source : CNUCED



[1] Selon la définition de référence de l’OCDE, l’investissement direct étranger (IDE) désigne un type d’investissement transnational effectué par le résident d’une économie (l’investisseur direct) afin d’établir un intérêt durable dans une entreprise (l’entreprise d’investissement direct) qui est résidente d’une autre économie que celle de l’investisseur direct […] L’existence d’un “intérêt durable” est établie dès lors que l’investisseur direct détient au moins 10 % des droits de vote de l’entreprise d’investissement direct.