Le 19 septembre 2018, le Président Jokowi a pris un décret visant, pour 3 ans, à suspendre la délivrance de permis pour les nouvelles plantations de palmier à huile (directive présidentielle 8/2018). L’Indonésie compte parmi les pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre, principalement en raison de l’utilisation des terres. Le gouvernement indonésien s’est engagé dans une politique de lutte contre le changement climatique. Les mesures prises auraient déjà permis une réduction de 16% des émissions en 2016 par rapport au scenario à politiques constantes. En particulier, les moratoires mis en place sur les permis de déboisement de forêts primaires et le drainage des tourbières depuis 2011 ont vocation à préserver les puits de carbone que représentent les forêts tropicales d’Indonésie. Ces mesures sur l’utilisation des terres et celles liées à la promotion des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays sont amenées à être poursuivies pour remplir les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique.

forêt tropicale

En 2014, selon le World Resources Institute (WRI), l’Indonésie se situait au 5e rang mondial des pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES) (derrière la Chine, les États-Unis, l’UE et l’Inde) avec un volume d’émissions de 2 471,64 MtCO2e soit 5% des émissions mondiales, si l’on inclut le changement d’affectation des terres et la foresterie (UTCF [1]), en majorité dues à l’utilisation des terres (déforestation et destruction des tourbières), mais aussi à la consommation et à la production d’énergie (annexe 1). L’Indonésie s’est engagée dans la mise en œuvre d’une politique de lutte contre le changement climatique. Elle a ainsi ratifié l’Accord de Paris le 31 octobre 2016, réaffirmant son objectif de réduction de 29% de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (porté à 41% avec l’appui financier de la communauté internationale), comparativement au scenario BAU (annexe 2). L’Indonésie prévoit d’atteindre ses objectifs d’atténuation principalement par la maîtrise de ses émissions issues de l’usage des terres.

Dans le domaine de l’utilisation des terres, ces engagements se sont traduits par l’introduction de politiques publiques et de mesures réglementaires ou fiscales d’accompagnement, en particulier l’introduction en 2011 d’un moratoire de deux ans sur l’octroi de nouveaux permis pour le déboisement de forêts primaires et le drainage de tourbières, renouvelé successivement en 2013, 2015 et 2017 concernant près de 65 millions d’hectares de forêts primaires et de tourbières. L’Indonésie a également créé une Agence pour la restauration des tourbières en 2016, avec l’objectif de réhabiliter 2 millions d’hectares de tourbières en 5 ans. Enfin, en tant qu’une des causes de déforestation, l’Indonésie a pris une série de mesures pour promouvoir une culture plus responsable du palmier à huile : projet de certification nationale plus stricte, aide aux petits producteurs pour s’adapter à des pratiques plus modernes, replantation, lutte contre la déforestation illégale et les feux de forêts, ainsi que la signature par le Président d’un moratoire le 19 septembre 2018 visant, pour 3 ans, à suspendre la délivrance de permis pour les nouvelles plantations de palmier à huile (directive présidentielle 8/2018). Cette directive vise aussi à réexaminer les permis accordés pour des cultures de palmier à huile (non-plantées) sur des terrains qui étaient considérés comme des forêts, afin de les reconsidérer comme des zones forestières.

Dans le domaine énergétique, les autorités indonésiennes se sont engagées à faire passer la part des énergies renouvelables à 23% du mix énergétique d’ici 2025, contre 8% actuellement, permettant de contribuer à une réduction conséquente des émissions de gaz à effet de serre, alors que le secteur énergétique pourrait dominer les émissions d’ici 10 ans si aucune mesure n’est prise. Les autorités ont ainsi engagé un programme décennal de développement de la capacité installée de 55 GW accordant une place croissante aux projets d’énergies renouvelables.

L’État a complété ces mesures par l’augmentation de son budget pour financer ces politiques et la proposition de nouvelles solutions de financement, bénéficiant de l’appui financier de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux tels que le lancement de l’Indonesia Climate Change Trust Fund (ICCTF) en 2009 : placé sous l’égide du Ministère de la planification, ce fonds vise à catalyser les investissements pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique ainsi que l’efficacité énergétique (dotation de 15 millions de dollars). Les bailleurs de fonds (AFD, BM, BAsD, KfW) travaillent sur la question énergétique notamment via les prêts de politiques publiques dans le cadre du Sustainable & Inclusive Energy Program (SIEP) dont les deux premières phases ont mobilisé 2,7 milliards de dollars. En mars 2018, l’Indonésie est par ailleurs devenue le premier pays au monde à émettre une obligation islamique souveraine verte pour un montant d’1,25 milliard de dollars. Le gouvernement s’est notamment engagé à ce que cette émission ne soutienne que des projets durables.


[1] UTCF (Utilisation des terres, leurs changements et la forêt), en anglais LULUCF (Land use, land-use change, and forestry).

Annexes

Emissions de GES en Indonésie en 2014

Source : World Resources Institute

 

Scénarios de la NDC indonésienne

Source : NDC indonésienne 2016