Eire

Macroéconomie

Chômage – Le taux de chômage continue de diminuer en Irlande, s’établissant à 5,4% en septembre, en baisse de -0,2pp pour le deuxième mois consécutif (4 800 chômeurs de moins qu’en août). Le taux de chômage est ainsi de -1,2pp (26 800 individus) plus faible qu’en septembre 2017, attestant du dynamisme de l’économie irlandaise. Le taux de chômage des femmes (5,1%) demeure plus faible que celui des hommes (5,7%) et diminue plus rapidement (respectivement -0,3pp et -0,1pp par rapport à août). Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans), toujours élevé, diminue cependant fortement au mois de septembre (-1pp par rapport à août), à 12,9%.

Chômage

Expatriés – D’après les chiffres 2016 récemment publiés par le Bureau national de la Statistique irlandais (CSO), l’immigration en Irlande est très majoritairement européenne, les Brésiliens constituant la seule communauté non-européenne dans le top 10. Les Polonais demeurent très largement la première communauté d’expatriés en Irlande (122 515 recensés), devant les Britanniques (103 113). Les Français constituent la 9ème communauté expatriée en Irlande, avec 11 661 recensés et la plus paritaire avec 50,3% d’hommes pour 49,7% de femmes. Les Français sont plus jeunes (33,4 ans en moyenne) et plus qualifiés que toutes les autres communautés (77% possèdent au moins une licence et 34% au moins un master). 75% d’entre eux ont un emploi, 12% sont étudiants, 8% inactifs et 5% chômeurs. Géographiquement, les Français résident très majoritairement à Dublin (48%), suivi de Cork (10%). Par ailleurs, 26% des recensés ont un conjoint irlandais, soit la seconde proportion la plus importante derrière les Britanniques (41%). [NB : Les chiffres de recensement sous-estiment probablement significativement le nombre réel d’expatriés en Irlande]

Recensement

Activité économique – Le PMI manufacturier était en baisse en septembre, s’établissant à 56,3 (contre un pic à 57,5 le mois précédent). Les entreprises sondées rapportent toujours une hausse des nouvelles commandes, mais le rythme ralenti. Toutefois les entreprises tablent toujours sur une hausse continue de la production dans les mois à venir, particulièrement au vu de la baisse du chômage. Le PMI irlandais des services continue quant à lui sa progression, s’établissant à 58,7 en septembre contre 58,0 le mois précédent.

PMI

Ventes au détail – Les ventes au détail (en volume) ont été relativement décevantes en août, en baisse de -3,3% sur le mois (cvs), mais en hausse de +2,6% en g.a. Cette baisse mensuelle est due très largement aux ventes automobiles, en baisse de -3,9%. Hors automobiles, les ventes au détail étaient en hausse de +0,8% sur le mois (cvs) et de +4,0% en g.a. Les ventes au détail demeurent volatiles mensuellement mais, malgré les perspectives du Brexit, elles restent bien orientées grâce à la baisse du taux de chômage. Selon le sondage « Economic Pulse » publié par Bank of Ireland, la confiance des consommateurs et des entreprises est encore à un niveau relativement bas mais enregistre une progression.

Vente de détail

Immobilier – Le gouvernement irlandais a annoncé la création d’une nouvelle agence de développement de terrains, la « Land Development Agency » (LDA) dotée d’un capital de 1,25 Md€ et destinée à utiliser les terrains domaniaux pour la construction de logements en partenariat avec les agences semi-publiques, les autorités locales et le secteur privé. La LDA pourra se prévaloir du « Compulsory Purchase Order » (loi permettant à l’Etat d’acquérir un terrain ou une propriété privée sans le consentement du propriétaire) et sera dirigée par John Coleman, ancien Chief Finance Officer de la National Asset Management Agency, la structure de défaisance irlandaise. Des terrains pouvant potentiellement accueillir 3 000 logements (dont 1 500 à Dundrum, 600 à Balbriggan et 200 à Skerries) ont déjà été garantis à certaines agences publiques. Par ailleurs, toute vente de terrain sera conditionnée à la construction d’au moins 30% de « logements abordables », en plus des 10% habituels de logements sociaux.

Immobilier

Finances publiques

Projet de Budget 2019 – Le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, a présenté mardi 9 octobre le projet de budget 2019 de l’Irlande. Ce dernier est fondé sur des hypothèses de croissance de +7,5% en 2018 et +4,2% en 2019, révisées à la hausse par rapport aux estimations précédentes (+1,9pp et +0,2pp respectivement), reflétant principalement les distorsions comptables liées aux activités des multinationales et la demande intérieure plus soutenue que prévue, stimulée par la baisse continue du chômage. Le Budget 2019 se caractérise par une hausse de +4,0% des dépenses par rapport à 2018, à près de 60 Mds€, avec notamment 2,3Mds€ alloués au logement, 17Mds€ pour la santé et 10,8Mds€ pour l’éducation. Parallèlement, le gouvernement prévoit des baisses d’impôts, notamment à travers l’augmentation du seuil de la tranche supérieure l’impôt sur le revenu (de 34 550€ à 35 300€) et une hausse du seuil de la seconde tranche de l’Universal Social Charge (destinée à protéger les individus percevant le salaire minimum, qui devrait augmenter de 0,35€/h). Ces baisses seraient plus que compensées par le relèvement du taux de TVA pour l’hôtellerie/restauration à 13,5 %. L’exécution serait légèrement déficitaire cette année (-0,1% du PIB) mais à l’équilibre en 2019. Pour autant, l’augmentation des dépenses et les allègements fiscaux s’inscrivent à contre-courant des recommandations formulées par les institutions nationales et internationales, lesquelles préconisent de dégager un excédent significatif dès cette année afin, d’une part de consolider sa position budgétaire tant que le cycle économique est favorable, et d’autre part, de ne pas stimuler d’avantage l’économie alors que des risques de surchauffe apparaissent. Selon un récent rapport de l’Irish Fiscal Advisory Committee (IFAC), malgré une solide reprise économique, une conjoncture internationale porteuse et une politique monétaire favorable, aucun effort budgétaire structurel n’a été réalisé et l’excédent primaire stagne depuis 2015 : les dépenses (hors intérêts de la dette) ont augmenté quasiment au même rythme que les recettes. L’IFAC fait ainsi observer que la collecte fiscale exceptionnellement élevée en 2015-2017 a été entièrement absorbée par les dérapages en dépenses, de sorte que l’amélioration du solde budgétaire provient exclusivement de la charge d’intérêt plus faible que prévue. Mais dans le contexte politique actuel (élections législatives possibles d’ici mi-2019), il paraît difficile pour le gouvernement d’afficher un excédent budgétaire important en 2019 alors que le pays fait face à une crise de logements et d’infrastructures. Cette situation pousse la presse et les analystes irlandais à qualifier le Budget 2019 « d’électoral ».

Services financiers

Bankinter – A travers l’acquisition d’Evo Banco, la banque espagnole Bankinter a pris le contrôle de la société irlandaise Avantcard. Bakninter est ainsi la première banque étrangère à revenir sur le marché bancaire de détail irlandais depuis la récession. En avril 2018, Avantcard avait annoncé qu’elle allait acquérir les activités de prêts à la consommation du groupe de distribution international Tesco en Irlande. Avantcard a lancé son activité en 2017, à la fois directement sous la marque Avantcard et en collaboration avec Chill.ie, l'un des plus grands courtiers en assurances d'Irlande. Elle a également conclu début 2018 un partenariat avec An Post pour proposer des cartes de crédit et des prêts à la consommation sous la marque de cette dernière. Selon les données de Bankinter, Avantcard a dégagé un bénéfice avant impôts de 7 millions €, compte 141 000 clients, gère un encours de 273 millions € sur les cartes de crédit et de 61 millions € au titre des crédits à la consommation. Fin 2017, la part d’Avantcard sur le marché des cartes de crédit irlandaises était estimée à 17% (Tesco Ireland inclus), contre 30% pour AIB, 29% pour BOI et 14% pour Ulster Bank. Le Sunday Independent a par ailleurs annoncé qu'An Post cherchera prochainement un partenaire afin d’entrer sur le marché hypothécaire irlandais pour proposer des taux inférieur de 1% aux taux actuels. Compte tenu du partenariat qu’elle a déjà établi avec An Post, Avantcard fait office de candidat favori.

Affaires européennes

Affaire Apple – Le 18 septembre dernier, le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, a annoncé que l’Irlande avait fini de recouvrer 14,3 Mds€ (13,1 Mds€ de taxes non acquittées auxquelles se sont ajoutés 1,2 Md€ d’intérêts) auprès de l’entreprise multinationale américaine Apple. L’achèvement de ce recouvrement intervient ainsi plus de 2 ans après la condamnation prononcée par la Commission européenne, bien au-delà du délai légal (4 mois). En 2016, après 2 ans d’enquête, la Commissaire européenne à la concurrence, Mme Vestager, avait condamné Apple à rembourser à l’Etats irlandais 13 Mds€ de taxe non-payées entre 2004 et 2014 dans le cadre de montages fiscaux (validés par les Revenue Commissioners irlandais et permettant à Apple de bénéficier d’un taux effectif d’imposition inférieur à 1%) que la Commissaire assimilait à une aide d’Etat illégale. L’Irlande et Apple ont fait appel de cette décision (dont la confirmation ou l’infirmation pourrait ne pas intervenir avant 5 ans), P. Donohoe déclarant que « le gouvernement était en désaccord fondamental avec l’analyse de la Commission et demanderait l’annulation de cette décision devant les cours européennes ». La décision en première instance étant toutefois exécutoire, le montant de l’amende devait cependant être immédiatement versé par Apple et déposé sur un compte séquestre. En octobre 2017, Mme Vestager, considérant les délais de recouvrement intentionnellement trop longs, avait déposé plainte contre l’Irlande devant la Cour européenne de Justice pour non-application de sa décision. Apple a finalement commencé à verser la somme sur un compte séquestre à partir de mai 2018, P. Donohoe assurant que la lenteur du recouvrement s’expliquait par l’importance du montant en jeu, qui a imposé la sélection rigoureuse de quatre gestionnaires fonds par le biais d’un appel d’offres.

Brexit –En 2016, plus de 26 300 entreprises irlandaises ont importé des biens depuis le Royaume-Uni, soit 85% du nombre d’entreprises importatrices totales, et pour 34% le Royaume-Uni était leur unique source d’importation (seules 15% des entreprises irlandaises importatrices n’importent pas du tout depuis le RU). Le secteur de la vente (en gros et de détail) concentre la plupart de ces importations (59% du total, en valeur). Parallèlement, près de 6 800 entreprises irlandaises ont exporté vers le Royaume-Uni, soit 79% du nombre d’entreprises exportatrices totales, et 39% d’entre elles ont exporté exclusivement vers ce dernier (seules 21% des entreprises irlandaises exportatrices n’ont pas du tout exporté vers le RU). Le secteur de l’agro-alimentaire concentre la majeure partie de ces exportations (24% du total, en valeur). Ces chiffres, publiés début octobre par le CSO, mettent une nouvelle fois en lumière la dépendance commerciale de l’Irlande vis-à-vis de son voisin britannique alors qu’aucun accord n’a été trouvé entre l’Union européenne et le Royaume-Uni à 6 mois de la date effective du Brexit.

 

Evolution des indicateurs macroéconomiques

Tableau mensuel

Tableau mensuel

 

Tableau annuel

Tableau annuel