Le Koweït œuvre pour la stabilité et la protection de son système bancaire, en imposant le cadre réglementaire stricte des normes de Bâle III, supervisé par la Central Bank of Kuwait (CBK) via la Capital Market Authority (CMA). Ces mesures ont permis au Koweït d’être relativement épargné, en comparaison avec ses voisins du CCG, des conséquences exogènes de la crise financière de 2008.

1 – La stabilité du secteur bancaire koweïtien se confirme.

En dépit de la volatilité des cours mondiaux du brut depuis 2014, affectant négativement les secteurs bancaires des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), les importantes réserves de liquidités publiques du Koweït ont soutenu les financements des banques koweïtiennes, nécessaires aux futurs projets de la « Vision 2035 ».

Selon la CBK, en 2017, les actifs du secteur bancaire koweïtien atteignent 210 MdUSD, représentant près de 175 % du PIB, moins importants que les actifs émiriens qui s’élèvent à 723 MdUSD (207 % du PIB) et que les actifs saoudiens à hauteur de 611 MdUSD (95 % du PIB). Néanmoins, le secteur bancaire koweïtien est le plus dynamique du CCG en 2017, avec une croissance des actifs de 7 %, contre 5 % aux Emirats Arabes Unis.

Près de 20 % des actifs du secteur bancaire sont composés d’actifs étrangers, principalement sous la forme de dépôts bancaires et d’investissements. Le financement des banques se caractérise par une relative stabilité de la structure des dépôts et par une augmentation des dépôts du gouvernement depuis 4 ans, les autorités n’ayant pas puisé sur ces derniers pour leur financement. L’activité des banques commerciales est dominée par le crédit au secteur privé, qui représente 55 % de l’actif total du secteur.

Selon la Banque Mondiale, le Koweït est le pays du CCG le plus densément couvert en banques commerciales, avec un ratio de 14,8 banques pour 100 000 habitants, contre 8,9 en Arabie Saoudite et 12,1 aux Emirats Arabes Unis. En 2017, 11 banques koweïtiennes opèrent dans le pays et 12 banques étrangères ont établi des activités au Koweït, comme les leaders mondiaux HSBC, BNP Paribas et Citibank et les importants groupes régionaux Qatar National Bank et National Bank of Abu Dhabi.

Introduite dès 1977, avec la Kuwait Finance House (KFH), la finance islamique connaît une croissance importante depuis plusieurs années et présente 38,4 % des actifs du secteur bancaire en 2017. Sur les 11 banques koweïtiennes, 5 sont des banques islamiques (Kuwait Finance House, Ali Ahli United Bank, Boubyan Bank, Al Rajhi Bank, Warba Bank).  

2 – Le paysage bancaire se compose de onze établissements nationaux.   

En 2017, les cinq banques koweïtiennes les plus importantes détiennent à elles seules 90 % des actifs du pays et les deux premières détiennent les deux tiers des actifs. Créée il y a 65 ans, la National Bank of Kuwait est la plus ancienne et la plus importante banque koweïtienne, avec 40 % des actifs du pays. Suivent la Kuwait Finance House (KFH) avec 25,4 %, Burgan Bank avec 11,1 %, Gulf Bank avec 7,7 % et la Commercial Bank of Kuwait (CMBK) avec 5,8 % des actifs.

 

Parts actifs

Source : CBK, SE du Koweït

 

Kuwait Projects Company (KIPCO) kipco

La société holding d’investissement Kuwait Projects Company (KIPCO), détenue à 44,7 % par les proches de la famille régnante et actuellement dirigée par l’Emir lui-même, détient 3 filiales bancaires koweïtiennes pour un total d’actifs de 34,5 MdUSD, en 2017. Le groupe possède près de 60 compagnies dans plus d’une vingtaine de pays, principalement dans les secteurs de la finance, des médias, de l’immobilier, de l’industrie, de l’éducation et de la santé. 76 % de ses actifs proviennent de ses activités bancaires, réparties au Koweït, en Jordanie, en Turquie, en Algérie, en Irak, en Tunisie, au Liban et à Malte.

En 2017, KIPCO est actionnaire à hauteur de 96,4 % de la United Gulf Holding Company (10,9 MdUSD d’actifs en 2017) et de sa filiale KAMCO, spécialisée dans la gestion d’actifs et de l’investissement bancaire. Le groupe détient à 44,04 % la compagnie publique d’assurance Gulf Insurance Group et 64,1 % de Burgan Bank (voir ci-dessous). KIPCO détient également des parts, dont le montant n’est pas précisé, à la Jordan Kuwait Bank. L’essentiel de ses activités reste déployé au Moyen et Proche-Orient.

National Bank of Kuwait (NBK)  nbk

Détentrice de près de 86,3 MdUSD d’actifs en 2017, la NBK présente un bénéfice net d’1,07 MdUSD (322,4 MKWD) en 2017, en hausse de 9,2 % par rapport à 2016. Le chiffre d’affaires est en hausse de 13 % par rapport à 2016, s’établissant à 1,84 MdUSD (557,2 MKWD).

La NBK est la 6ème banque la plus importante au sein du CCG, en terme d’actifs, derrière la Qatar National Bank (200 MdUSD), la banque émirienne Emirates NBD (122 MdUSD), la banque saoudienne National Commercial Bank (120 MdUSD), la National Bank of Abu Dhabi (115 MdUSD) et la banque saoudienne Al Rajhi Banking Corporation (91 MdUSD).

La NBK est présente sur 4 continents et a ouvert des bureaux au Moyen-Orient (Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Arabie Saoudite, Irak, Liban, Egypte, Turquie et Jordanie), en Europe (Royaume-Uni, France et Suisse), aux Etats-Unis et en Asie (Singapour et Chine). 

Kuwait Finance House (KFH) KFH

Première banque islamique au Koweït depuis 1977, la KFH détient un total de 57,29 MdUSD d’actifs (17,36 MKWD) en 2017, en hausse de 5,2 % sur un an. Le chiffre d’affaires de la KFH s’établit à 2,35 MdUSD (713,3 MKWD), en hausse de 8,1 % par rapport à 2016. Le bénéfice net s’élève, en 2017, à 1,35 MdUSD (408,3 MKWD), en hausse de 11,9 % par rapport à l’année précédente.

Les principaux actionnaires de la KFH sont publics : le fonds souverain Kuwait Investment Authority (KIA), la Kuwait Awqaf Public Foundation, la Public Authority for Minors Affairs et la Public Institution for Social Security (le fonds de sécurité sociale).

Le secteur de la finance islamique étant en pleine croissance, comprise entre 10 et 15 % annuels depuis 2007, selon le FMI, la KFH propose un large spectre de services bancaires islamiques, principalement dans les secteurs de l’immobilier, de la finance et du conseil. La KFH répond à la demande croissante en financement islamique au Koweït comme à l’étranger, où elle détient des bureaux à Bahreïn, en Arabie Saoudite (Saudi Kuwait Finance House), en Jordanie (KFH Jordan), en Turquie (Kuveyt Turk PB), en Malaisie et en Allemagne (KT Bank AG).

Burgan Bank Burgan Bank

Etablie en 1977, Burgan Bank est aujourd’hui détenue à 64,1 % par le groupe financier koweïtien KIPCO, à 17 % par le groupe bahreïnien United Gulf Bank et à 8 % par la Public Institution for Social Security.

En 2017, les actifs de Burgan Bank s’établissent à 24,47 MdUSD (7,42 MdKWD), en hausse de 2 % par rapport à 2016. En 2017, le bénéfice net de Burgan Bank s’élève à 227 MUSD (69 MKWD), en hausse de 3,30 % sur un an. Le chiffre d’affaires augmente de 2 % par rapport à l’année précédente et s’établit, en 2017, à 798,8 MUSD (239,4 MKWD).

Gulf Bank Gulf Bank

Fondée en 1960 et spécialisée dans les services bancaires de grands comptes et les opérations financières trésorières, Gulf Bank présente 18,81 MdUSD d’actifs en 2017, en hausse de 5,35 % par rapport à 2016. Le bénéfice net est en hausse de 12 % sur un an, et s’établit à 160 MUSD, en 2017. Le chiffre d’affaires s’élève à 387 MUSD (117 MKWD), en 2017, en augmentation de 11 % par rapport à l’année précédente.

Commercial Bank of Kuwait (CMBK) CMBK

Créée en 1960, la CMBK, spécialisée dans les prêts aux secteurs de la construction et intégrée aux projets d’infrastructures majeurs du Koweït, présente 14,55 MdUSD d’actifs en 2017, en hausse de 7,96 % par rapport à 2016. Le bénéfice net augmente de 10 %, par rapport à l’année précédente, et s’établit à 182,83 MUSD (55,4 MKWD) en 2017. Le chiffre d’affaires s’élève à 498 MUSD (150,9 MKWD), en hausse de 7,6 % sur un an.

 

Depuis le début 2010, les évolutions des cours du pétrole brut semblent peu impacter le secteur bancaire du Koweït. Néanmoins, l’importante concentration des crédits et des dépôts ainsi que la forte exposition au secteur immobilier demeurent des points de surveillance majeurs. Tous les acteurs du secteur démontrent une gestion du risque, globalement très prudente et très satisfaisante. Dans le cadre de la loi, adoptée en 2013, relative à la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment des capitaux, les opérations et transactions bancaires sont étroitement surveillées.