Brèves de l'ASEAN semaine 33 (2018)

 Faits saillants

• Plus de trois-quarts des PME singapouriennes projetteraient de s’étendre en Asie du Sud-Est, d’après une enquête commandée par la Singapore Business Federation à la banque HSBC. La Malaisie et l’Indonésie seraient les premiers pays choisis par les entreprises interrogées, une majorité d’entre elles y menant déjà des activités (87% pour la Malaisie et 81% pour l’Indonésie) et près de 40% des répondants indiquant souhaiter y poursuivre leur expansion au cours des deux prochaines années (36% pour la Malaisie et 37% pour l’Indonésie). Les facteurs d’attractivité évoqués par les entreprises interrogées incluent notamment le potentiel de croissance du marché de consommateur, la facilité de nouer des relations d’affaires et l’environnement général des investissements. Le Vietnam et la Thaïlande arrivent en troisième et quatrième position.

• Le gouvernement indonésien étend l’obligation d’utilisation de 20% de biodiesel dans les transports.L’obligation, qui ne concernait initialement que les entreprises porteuses d’une mission de service public concerne désormais l’ensemble des services de transports et certains véhicules militaires.Face à l’augmentation de son déficit commercial, le gouvernement souhaite encourager la substitution de carburant à partir d’huile de palme produit localement aux carburants raffinés, majoritairement importés.
  
  
• Au premier semestre 2018 les investissements étrangers ont diminué de 1% par rapport à la même période en 2017. D’après l’agence de promotion des investissements (BKPM), les IDE se sont élevés à 205 Tr IDR soit environ 14 Mds USD, après 207 Tr IDR au S1 2017. Singapour était le premier investisseur étranger sur les 6 premiers mois de 2018 (avec 5 Mds USD investis), suivi du Japon (2,4 Mds USD), de la Chine (1,3 Md USD) et de la Corée du Sud (1,2 Md USD). Les investissements domestiques ont quant à eux augmentés de 21%. 
  
  
• La dette extérieure de l’Indonésie s’élevait à  356 Mds USD à la fin du premier semestre 2018 soit l’équivalent de 35,4% du PIB. En hausse de 5,5% par rapport à la même période l’an passé, la dette a cependant diminué de 0,8% entre la fin du premier et du second trimestre 2018. Elle est constituée quasiment à parts égales de dette publique et de dette privée (176 et 180 Mds USD respectivement). La dette externe est principalement de long terme (87%), principalement libellée en dollars (69%).

• La croissance a ralenti au 2^ème trimestre 2018 à 4,5% en g.a. (contre 5,4% au 1^er trimestre), en raison de la contraction de l’offre dans les secteurs agricole et minier. La banque centrale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année 2018 à 5%, contre une fourchette de 5,5% à 6% précédemment, mais a souligné que le dynamisme de la consommation privée (8,0% au 2ème trimestre 2018) et des investissements privés (6,1%) continuerait à soutenir l’économie malaisienne.
  
  
• Au 2^ème trimestre 2018, la balance des paiements malaisienne a enregistré un excédent du compte courant de 990 M USD (3,8 Mds USD au 1^er trimestre), son niveau le plus bas depuis deux ans. Cette baisse s’explique notamment par une augmentation importante des importations qui creuse l’excédent commercial (6,4 Mds USD), une augmentation des rapatriements de dividendes à l’étranger et un accroissement du déficit du compte des services (-3,9 Mds USD). Le compte financier a enregistré une entrée nette de 2,3 Mds USD (3,9 Mds USD au 1^er trimestre). En particulier, les IDE nets enregistrent un fort recul, à -180 M USD, après 2,7 Mds USD au T1. La position extérieure nette du pays enregistre un déficit de 19,4 Mds USD.
  
  
• En visite officielle en Chine, le Premier ministre malaisien a annoncé l’annulation de trois grands projets d’infrastructures confiés à des entreprises chinoises, à savoir la ligne ferroviaire de la Côte Est (East Coast Rail Link) et deux gazoducs, en raison de leurs coûts jugés trop élevés au regard des capacités de financement malaisiennes. Dr. Mahathir a néanmoins appelé les entreprises chinoises à poursuivre leurs investissements en Malaisie, dans des secteurs créateurs d’emploi et générateurs de transferts de technologie. Il a également assisté à la signature de deux accords de partenariats de R&D dans les domaines du caoutchouc et des biocarburants à base d’huile de palme. Enfin, le Premier ministre a assisté à la cérémonie de lancement d’une co-entreprise entre le fabriquant automobile chinois Geely et le malaisien Proton, qui permettra à ce dernier d’assembler et de distribuer ses voitures sur le marché chinois.

• La cité-Etat vient de lancer une nouvelle usine de démonstration sur le campus de l’Advanced Remanufacturing and Technology Centre (ARTC), le centre de développement et test de nouvelles technologies appliquées au secteur manufacturier. Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative Model Factories pilotée par l’agence A*Star, fonctionnant sur un modèle de partenariat public-privé, et fait suite à l’ouverture d’une première usine sur le campus SIMTech fin 2017. Le campus d’ARTC, jusqu’alors spécialisé dans les secteurs de l’aérospatial et de la machinerie a par ailleurs annoncé la conclusion de nouveaux partenariats avec Nestlé et Procter et Gamble.
  
  
• Le Premier ministre Lee Hsien Loong a annoncé plusieurs mesures visant à limiter la perte de valeur des immeubles de logements publics (HDB) les plus anciens ainsi qu’à améliorer la prise en charge des frais médicaux, notamment des seniors. S’agissant des mesures relatives au logement, le gouvernement entend subventionner des programmes de modernisation, pour tous les immeubles HDB une première fois lorsque les immeubles ont 30 à 40 ans ; puis une deuxième réhabilitation pour ceux âgés de 60 à 70 ans et enfin, la possibilité pour certains immeubles HDB, suivant des conditions qui restent à préciser, de procéder à leur re-développement avant le terme du bail. En matière de santé, le Premier ministre a annoncé l’amélioration de la prise en charge des frais des citoyens seniors, des patients souffrant de maladies chroniques, ainsi que la construction de nouvelles cliniques de quartier au cours des cinq ans à venir.

• La banque centrale vietnamienne cherche à promouvoir les financements « verts » et la RSE dans le secteur bancaire. Elle élaborera prochainement une liste de projets verts, utilisant des énergies renouvelables et/ou des technologies propres, définissant ainsi les secteurs prioritaires pour les banques vietnamiennes. La banque centrale demande également aux banques de mettre en place, d’ici 2025, des procédures d’évaluation des risques extra-financiers (sociaux et environnementaux) lors de l’octroi de crédit.
  
  
• Le conglomérat Vingroup, dont l’immobilier était le cœur d’activité historique, annonce la création d’une nouvelle filiale, VinTech, et déploie sa stratégie pour devenir un des leaders mondiaux des nouvelles technologies en 2028. Le groupe a également créé deux centres de recherche et signé des accords avec 50 universités vietnamiennes afin d’exploiter l’intelligence artificielle, les nouvelles technologies et le Big Data. Le conglomérat vietnamien prévoit également de lancer un fonds spécialisé dans le domaine de l’intelligence artificielle et de développer un « tech hub » à Hanoi, inspiré de la Silicon Valley.
  
  
• La banque publique Agribank a signé son premier accord de prêt pour un projet solaire. Sur les 31 M EUR nécessaires à la réalisation de la centrale solaire, Agribank s’est engagée à prêter 18 M EUR. La centrale solaire, d’une capacité de 35 MW et située dans la province de Thua Thien-Hue, est développée par la compagnie vietnamienne Gia Lai Electricity JSC.

• L’économie thaïlandaise a progressé de 4,6% en g.a. au 2^ème trimestre 2018, après une croissance de 4,9% au 1^er trimestre. La consommation des ménages, qui contribue pour près de la moitié au PIB du pays, s’est établie à 4,5% au T2 2018 (contre 3,7 % au 1^er trimestre). Les exportations sont également en hausse. Sur l’ensemble du 1^er semestre 2018, les exportations sont en hausse de 10,6% en g.a. Ce sont les ventes à destinations des 17 pays couverts par douze accords de libre-échange avec la Thaïlande qui profitent le plus de cette tendance (+14,2% en g.a.).
  
  
• Le gouvernement a approuvé un plan de développement de la région de l’isthme au sud de Bangkok, sous le nom de Southern Economic Corridor. D’un coût estimé de 6 Mds USD, ce plan vise notamment à moderniser et améliorer les infrastructures de transport.
  
  
• L’entreprise thaïlandaise B. Grimm Power poursuit son expansion au Vietnam, avec l’acquisition de 80% des parts dans un projet de centrale solaire à Phu Yen, d’une capacité de 257 MW. C’est la deuxième acquisition de ce type au Vietnam après la participation de 55% dans la centrale photovoltaïque de Tay Ninh (420 MW) en juin 2018. B. Grimm possède déjà 32 sites de production d’électricité en activité (2000 MW) dont 14 alimentés au gaz, 15 à l’énergie solaire, 1 à l’énergie hydraulique et 1 au diesel. 1000 MW supplémentaires sont en développement.

• Les transferts des migrants ont augmenté de 2,8% en g.a sur les six premiers mois de l’année à 15,8 Mds USD. Les envois de fonds provenant des États-Unis, de l’Arabie Saoudite, de Singapour, du Royaume-Uni, des Émirats Arabes Unis, du Japon, du Qatar, d’Allemagne, de Hong Kong et du Canada ont représenté plus de 79% du total.

• La banque centrale développe un système de paiement basé sur des QR codes afin de promouvoir l’usage du Riel. L’application, développée avec l’aide de la banque centrale thaïlandaise, devrait permettre aux citoyens d’un pays d’effectuer des transactions dans l’autre pays en utilisant leur compte bancaire libellé en monnaie locale. Elle devrait être opérationnelle à la mi 2019 et étendue à d’autres pays d’ASEAN par la suite. Ce nouveau système marque un pas de plus dans la stratégie de la Banque nationale du Cambodge de promouvoir l’utilisation de la monnaie locale dans une économie encore fortement dollarisée (plus de 70 % de la masse monétaire). Au-delà des consommateurs, ce nouveau système vise à faciliter les transactions pour les investisseurs et les travailleurs migrants.
  
  
• Le conglomérat cambodgien WorldBridge Group s’est associé au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et à l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) afin de guider le Cambodge dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). Dans le cadre d’un partenariat public-privé, l’entreprise s’engage ainsi à œuvrer en faveur du développement d’un réseau de transport public, de l’innovation, de la promotion des énergies renouvelables et de l’amélioration de l’accès au logement au Cambodge. La conférence ASEAN-Chine-PNUD qui s’est tenue à Siem Reap du 20 au 22 août, a à cet égard été l’occasion, pour les différentes parties prenantes, de rappeler la nécessité de coordonner leurs actions afin d’atteindre les ODD et d’éradiquer la pauvreté.

• Le ministère du commerce a momentanément suspendu les réexportations de sucre et de diesel dans le but d’endiguer la dépréciation du kyat par rapport au dollar. En effet, ces produits étaient importés en dollars en quantité significative avant d’être exportés à nouveau, principalement vers la Chine. Le fait que les réexportations étaient le plus souvent libellées en renminbi et passaient massivement par l’économie illégale influait négativement sur le taux de change kyat-dollar. Suite à cette mesure, le taux de change s’est stabilisé à 1500 kyats pour un dollar après un pic à 1560.

Rédigé par : Pôle macroéconomique SER de Singapour
Contributions : SE de Bangkok, SE d’Hanoï, SE de Jakarta, SE de Kuala Lumpur, SE de Manille, SE de Rangoun, SE de Phnom Penh et Antenne de Vientiane