Le réseau routier ghanéen est le plus dense de la sous-région mais la qualité des infrastructures existantes reste largement perfectible. La majorité des routes ne sont pas goudronnées et plus du quart des routes existantes est en mauvaise état d’après le Ministère des Finances. Le Ministère des Routes et des Autoroutes, chargé du développement des infrastructures, bénéficie d’un budget en hausse exponentielle depuis deux ans. La construction de routes doit permettre la création d’un réseau routier entre les pôles économiques et les deux grands ports du pays de Tema et Takoradi. Pour développer ce nouveau réseau routier, l’État ghanéen, dont la capacité de financement est limitée, a recours à des formes de financement hors bilan.

 

1.    Le réseau routier ghanéen est dense mais de qualité perfectible.

Le transport routier représente la grande majorité des flux physiques au Ghana, il compte pour plus de 95% des déplacements (fret et passagers combinés)[1]. Le moyen de transport privilégié, à la fois pour les déplacements intra urbains et interurbains est le minibus (localement dénommé trotro). Le transport par taxi est également prépondérant dans les villes, bien que l’utilisation de véhicules individuels croisse rapidement, avec le développement du niveau de vie dans le pays.

Le Ghana est doté d’un réseau routier s’étendant sur 78 401 km, scindé en trois catégories de routes : (i) routes nationales (trunk roads) sur 14 583 km ; (ii) routes de desserte (feeder roads) sur 48 357 km et (iii) routes urbaines sur 15 462 km[2]. Ce réseau s’articule autour de quatre pôles : Accra-Tema et Takoradi-Sekondi (sud) ; Kumasi (centre) ; Tamale (nord). Parmi ces routes 41% sont en bonne condition alors que 26% sont considérées être en mauvaise condition. L’objectif du gouvernement est d’atteindre un ratio de 50% de routes en bonne condition d’ici 2021 et de réduire le ratio de routes en mauvaise condition à moins de 10%.

La multiplication de véhicules et l’encadrement limité des transports collectifs engendrent une forte congestion des villes, qui nuit au confort de vie et à la santé de la population. Celle-ci est également affectée par une insécurité routière due à une combinaison de facteurs : le coût élevé des pièces détachées et de rechange d’origine ouvrant la porte à une importante activité de distribution de contrefaçons, un faible éclairage de la voirie et une signalisation déficiente.

 

2.    Le budget du Ministère des routes a quadruplé depuis 2018, en amont des prochaines élections.

Par l’intermédiaire du Ministère des Routes (Ministry of Roads and Highways), le Ghana dispose d’un ministère entièrement focalisé sur la progression du transport routier. Responsable de la définition de la stratégie et de sa mise en place, le Ministère s’appuie sur des entités aux domaines d’intervention spécifiques dont les trois principales sont : (i) Ghana Highway Authority (GHA), en charge des routes principales et voies expresses ; (ii) Department of Urban Roads (DUR), en charge des voies urbaines ; (iii) Department of Feeder Roads (DFR), en charge des axes ruraux et secondaires. Généralement commanditaires des ouvrages routiers, ces agences doivent impliquer les chefferies locales dans le processus de décision.

Pour l’année 2020, le budget du Ministère des Routes sera de 2,3 Mds GHS (env. 370 M EUR), en augmentation de 76% face au budget de 2019 de 1,3 Mds GHS (et 0,5 Md GHS en 2018). Cette forte augmentation des investissements en infrastructures s’explique par le contexte électoral. Les élections générales à la fin de l’année 2020 poussent le gouvernement à mettre en avant les constructions d’infrastructures, tangibles et facilement perceptibles par les électeurs, comme un argument de campagne. Le gouvernement a ainsi dénommé l’année 2020 « l’année des routes ».

Les agglomérations sont impliquées dans l’expansion et la modernisation du transport routier au niveau urbain. Leurs compétences recouvrent à la fois les infrastructures et la gestion des flux de transport urbain et péri-urbain. Plusieurs partenaires internationaux soutiennent les autorités ghanéennes sur le volet technique et financier. C’est ainsi le cas de l’AFD qui travaille avec la ville de Kumasi (seconde ville du pays avec plus de deux millions d’habitants) depuis 2016. L’Agence participe au financement d’un plan de désengorgement basé sur des axes intra-urbains couplés d’une boucle périphérique est en cours pour un montant de 37,5 M EUR et une échéance prévue en 2022. Un second projet mené par l’AFD a permis de mette en place un centre de gestion du trafic urbain à Accra, inauguré en août 2019.

 

3.    A terme, le réseau se structurera autour de trois corridors.

En dehors des principaux pôles urbains ghanéens que sont Accra, Kumasi, Takoradi et Tamale, les projets de développement des infrastructures routières se structurent autour de trois grandes zones géographiques.

Le corridor est (Eastern corridor) qui traverse cinq régions sur 965 km d’Accra au Burkina Faso. Ce corridor relie le port de Tema, 1er port du pays pour l’importation de marchandises, à la frontière nord avec le Burkina Faso et le nord du Togo. Ce tronçon doterait les régions agricoles situées au centre et au nord du pays d’une meilleure voie d’acheminement de leurs productions vers le foyer de grande de consommation de l’agglomération d’Accra. De même, les biens produits au Sud ou importés par le port de Tema pourront être mieux transportés vers le nord et, au-delà, vers les pays enclavés que constituent le Burkina Faso, le Mali et le Niger. La Banque Africaine de Développement a approuvé en 2019 un prêt de 81,7 M USD pour le développement de routes dans le corridor est. Un total de 695km de routes entre Accra et les régions de l’Upper east devrait être construit à partir de décembre 2019. Le prêt de la BAfD financera 72% du projet, le fond International de Développement de l’OPEP participera à hauteur de 18% et le gouvernement ghanéen à hauteur de 10%. L’agence de Coopération Internationale Japonaise (JICA) financera pour sa part la construction d’un pont au-dessus de la Volta.

Dans la région nord (Northern region), la Banque développe des infrastructures dans le cadre du projet Transport Sector Improvement Project (TSIP) financé par un prêt de 150 M USD, validé en juin 2017. Celui-ci vise à améliorer le réseau grâce à la construction de 200 km de routes dans la région la plus vaste et la moins développée du pays. Ce tronçon reliera les zones rurales de Yendi et Tatale au pôle urbain de Tamale, qui représente la 4ème ville du pays. Ce réseau facilitera l’accès aux intrants et matériels agricoles pour les agriculteurs du nord du pays et permettra aussi une distribution facilitée des produits agricoles.

Le corridor ouest (Western corridor) permettra l’exportation de matières premières par le port de Takoradi. L’essentiel des matières premières exportées par le Ghana, dont l’or, la bauxite et le cacao, sont produites dans l’Ouest du Ghana. Ces ressources sont exportées par le port de Takoradi, qui est le premier port d’exportations du pays. Ce corridor doit donc permettre de relier ces régions productrices de matières premières et l’agglomération de Takoradi, qui constitue le troisième pôle urbain du pays, au port de Terma. Le développement des infrastructures dans la région Ouest doit aussi permettre de faire la liaison avec la Trans West African Highway qui reliera Dakar à Lagos. Certains tronçons doivent être ouverts au partenariat public privé, comme le doublement de l’axe Accra-Takoradi (209 km) et la mise à niveau de la route entre Accra et Kumasi (245 km).

 

4.    Le gouvernement développe les financements hors-bilan pour la construction de routes.

La situation d’endettement du Ghana limite son espace budgétaire. Soucieux de continuer à développer les infrastructures routières, l’État ghanéen cherche à développer de nouveaux modèles de financement. Le gouvernement ghanéen a recours à des financements souverains, majoritairement chinois. Il souhaite développer les Partenariats Publics Privés dans la mise à niveau des trois principaux tronçons existants. 

La première phase du contrat Sinhydro prévoit la construction de routes pour un montant total de 646 M USD. Cet accord de prêt de 2 Mds USD prévoit que la société Sinohydro construise des infrastructures dans le pays en échange de futures livraisons de bauxite. Il n’est donc ni comptabilisé au budget public, ni dans l’endettement de l’État. La construction de 442 km de routes constitue la première phase de cet accord. Les projets concernés par la seconde phase ne sont pas encore connus.

Les projets de la première phase comprennent ainsi essentiellement le développement d’infrastructures routières, dont 100 km à Tamale, 84 km à Accra, 38 km à Akim Oda, 32km à Cape Coast, 39 km de routes dans l’Ouest du Ghana et 66 km dans la région Ouest. Ils comprennent aussi la construction de 68km de routes dans les régions Ashanti qui permettra de desservir les zones riches en bauxite. Enfin la construction d’un échangeur à Takoradi et Tamale et le doublement de la route d’Adenta-Dodowa sont prévus.

Des PPP sont prévus pour financer le développement des tronçons Accra-Takoradi, Accra-Kumasi et Accra-Tema. Pour les deux axes des études de faisabilités ont été remises au Ministère alors que quatre consortiums ont déjà été pré-qualifiés pour le tronçon Accra-Tema. Par anticipation, un nouveau rond-point censé fluidifier l’entrée de la zone industrielle de Tema a été financé par le concessionnaire du port, MPS, et réalisé par Sinohydro. Un échangeur complémentaire a été financé par JICA.