Depuis 2011, le développement des hydrocarbures participe grandement à la croissance ghanéenne, représentant 10,2% de la croissance du PIB en 2023. La production nationale s’élevait à 187 000 bpj en 2021, et devrait atteindre 500 000 bpj d’ici 2024. L’État est fortement impliqué dans le secteur, avec des entreprises publiques aux différents niveaux de la chaîne de valeur. Pour assurer une participation locale dans le secteur extractif, le gouvernement impose un niveau minimum d’actionnariat ghanéen aux sociétés d’exploitation pétrolière. L’activité des entreprises étrangères est alors fortement compliquée par ces règles, notamment du fait de la difficulté à trouver des partenaires ghanéens en mesure de participer à l’actionnariat.

 

  1.  L'Etat est fortement impliqué dans le secteur des hydrocarbures, stratégique pour le développement économique du Ghana 

Le secteur pétrolier ghanéen a connu une croissance importante ces dix dernières années, en particulier depuis la découverte de pétrole en quantités commerciales dans les champs offshore de Jubilee en 2007 et son exploitation à partir de 2011. La part des hydrocarbures dans la croissance du PIB du Ghana est de 10,2% en 2023, avec des prévisions allant jusqu’à 13,5% du PIB en 2027.

Le secteur pétrolier constitue le deuxième poste d’exportation du pays, avec 25,4% soit 3,57 Md USD en 2021, derrière l’or qui représentait 37,5% des exportations soit 5,29 Md USD[1]. Les produits pétroliers produits au Ghana sont principalement exportés, ce qui en faisait le 27ème exportateur mondial en 2021, tandis que le pays importe cinq fois la valeur du pétrole et du gaz qu’il exporte.

La production moyenne d’hydrocarbures au Ghana s’élevait à 187 000 barils par jour en 2021, avec des perspectives allant jusqu’à une production moyenne de 500 000 barils par jour en 2024. Au total, 55 M barils ont été produits par le Ghana en 2021 et 186 000 mmscf[2] de gaz, tandis que la capacité totale de raffinerie s’élève à 24 000 barils par jour en 2021[3]. Le pays est actuellement le 5ème producteur de pétrole en Afrique subsaharienne derrière le Nigéria, l’Angola, la RDC et le Gabon.

Le Ghana dispose principalement de 3 champs pétroliers et gaziers en mer, à savoir :

  • Le champ de Jubilee (Sud-Ouest), ouvert en 2011, exploité en consortium par le britannique Tullow oil (35%), les américains Kosmos (24%), Anadarko (24%) et Petro (3%) ainsi que la compagnie pétrolière nationale Ghana National Petroleum Corporation (14%).  Ses réserves s’élèvent à 500 millions de barils et 40 Md de m3 de gaz.  En 2021, la production a atteint 72 000 bpj3.
  • Le champ de Tweneboa, Enyenra et Ntomme (dit TEN), exploité depuis 2016 par Tullow (47%), Kosmos Energy (17%), Anadarko (17%), Ghana National Petroleum Corporation (15%) et Petro (4%). Il affiche des réserves de 300 M barils et 10 Md de m3 de gaz. La production moyenne atteint aujourd’hui 64 000 bpj en 20213.
  • Le champ de Sankofa-Gye Nyame, sur lequel l’italien Eni, le suisse Vitol et GNPC opèrent depuis 2017. Ses réserves sont de 40 Md de m3 de gaz et 500 M de barils de pétrole. Le site produit en moyenne 50 000 bpj en 20213.

Le Ministère de l’Energie est le principal organisme responsable de l’élaboration, de la mise en œuvre, du suivi, de l’évaluation, de la supervision et de la coordination des activités dans le secteur. Le secteur pétrolier en amont (upstream) comprend les activités liées à l’exploration, la mise en valeur et à la production de pétrole. La Commission Pétrolière (Petroleum Commission) est chargée de réguler et encadrer les activités[4]. L’Etat ghanéen participe à l’exploitation pétrolière au travers de l’entreprise publique Ghana National Petroleum Corporation (GNPC). Créée en 1983 pour mener l’exploration pétrolière au Ghana, la Ghana National Petroleum Corporation possède un actionnariat de 15% dans toutes les entreprises d’exploitation pétrolière au Ghana.

Le secteur pétrolier intermédiaire (midstream) comprend les activités liées au raffinage du pétrole brut en produits dérivés tels que l’essence, le bitume, le kérosène etc. Il est règlementé par la Commission de l’Energie (Energy Commission). La raffinerie de Tema (TOR), une entité publique, est l’une des deux raffineries de pétrole présente au Ghana, avec une capacité d’environ 25 000 barils par jour.

Enfin, le secteur pétrolier aval (downstream) correspond aux activités liées à la commercialisation, à la distribution et à la vente au détail de produits pétroliers. Il est règlementé par i) la Commission de l’Energie pour l’octroi des licences pour le transport et la distribution et la vente de pétrole et de gaz naturel, ii) l’Autorité Nationale pétrolière (NPA) veille à ce que le secteur en aval de l’industrie pétrolière reste efficace, rentable et équitable en garantissant un bon rapport qualité-prix pour les consommateurs et iii) la Bulk Oil and Transportation Company (BOTC) chargée de maintenir un stock stratégique de produits pétrolier (PP) au Ghana.

Pour le secteur du gaz naturel, règlementé par la Commission de l’Energie, l’entreprise publique Ghana National Gas Company (GNGC) est responsable de la production et prospection de gaz et gaz de pétrole liquéfié (GPL). L’usine d’Atuabo, opérée par GHGC, permet la production de gaz transformé à destination des centrales thermiques. Deux pipelines lui permettent de s‘achalander depuis le champ de Jubilee et la connectent à l’enclave d’Aboadze, où se situent plusieurs centrales électriques de producteurs indépendants. Avant 2017, le pays s’approvisionnait essentiellement en gaz par des importations du Nigeria pour sa production électrique. Le Ministère de l’Énergie a souligné l’opportunité de développer des infrastructures dans le secteur du gaz naturel dans le cadre de projets tels que le projet de développement de l’infrastructure gazière du corridor occidental (WCGIDP). Des initiatives sont également prises pour augmenter la capacité des usines de traitement du gaz à 300 mmscf[5] dans le cadre de la deuxième phase du WCGIDP.

 

 

 2.  Les règles de contenu local imposent un niveau minimum d'actionnariat ghanéen aux sociétés étrangères d'exploitation pétrolière, alors que les entreprises locales manquent cruellement de capacité

Depuis la découverte de quantités commerciales de pétrole au Ghana, le gouvernement a essayé d’accroître la participation des Ghanéens à l’industrie pétrolière. Les règles de contenu local imposent un niveau minimum d’actionnariat ghanéen de 5% aux sociétés étrangères d’exploitation pétrolière et à plus de 10% dans les services du secteur pétroliers. Les ressortissants ghanéens doivent occuper 80% de postes de direction[6] et la main-d’œuvre doit être exclusivement ghanéenne. La loi relative aux activités pétrolières de 2016 dispose enfin que Ghana National Petroleum Corporation doit être actionnaire de cette société à hauteur minimum de 15%.

L’activité des entreprises étrangères est compliquée par ces règles, notamment du fait de la difficulté à trouver des partenaires ghanéens en mesure de participer à l’actionnariat. Les analystes considèrent cet objectif comme ambitieux en raison du manque de capacité financière des entreprises locales, de leur déficit en formation technique et de leur capacité à répondre aux normes internationales.

Du côté de la présence française dans le secteur, TotalEnergies est présent au Ghana dans la partie aval, avec environ 250 stations-services réparties dans tout le pays. Orsam est dans la partie amont avec la fabrication, le montage et la maintenance d’équipement. SPIE Oil and Gas est également présent avec un contrat de maintenance multi-métiers portant sur ses sites on-shore de ENI Ghana. Enfin, pour la partie gaz, Air Liquide est présent pour apporter des technologies et des solutions gazières à différents types de clients.

 

 3.  Les perspectives de développement dans le secteur des hydrocarbures sont encore nombreuses au Ghana

Les perspectives de l’industrie pétrolière ghanéenne sont prometteuses d’ici 2035 avec plusieurs projets qui devraient débuter. Les réserves totales d’hydrocarbures s’élèveraient entre 5 Md et 7 Md de barils, avec l’objectif d’une production potentielle de 500 000 bpj d’ici 2024.

Des projets sont en cours et prévus dans le secteur pétrolier aval avec une nouvelle raffinerie de pétrole de 1,98 Md USD mise en service à Tema qui fera l’objet d’une expansion en 2025, mais aussi la construction de deux raffineries dans le district de Ningo Prampram d’une capacité de 5 M de barils par jour. Dans le secteur pétrolier intermédiaire, des projets d’installation de stockage de pétrole à Wa et les pipelines Tema-Akosombo II et de Tema entre 2023 et 2027 sont également en cours.

Le secteur du gaz naturel est en plein développement, avec des projets visant à augmenter sa capacité de production et d'infrastructure, notamment concernant le GPL avec le développement d’une usine flottante de gaz naturel liquéfié (FLNG) à Tema.



[2] million standard cubic feet

[3] Ghana’s Oil & Gas Sector report, GIPC

[4] Loi 821 de 2011

[5] million standard cubic feet

[6] Règlement de 2013 sur le contenu local et la participation locale dans le secteur pétrolier