La forte croissance économique du Ghana est accompagnée par une urbanisation rapide. Depuis 2008, la population urbaine est supérieure à la population rurale. Ce mouvement de migration vers les métropoles s’est légèrement tari mais continue d’entrainer des effets de long-terme, participant à l'émergence de nouveaux enjeux pour la ville durable au Ghana.

La forte croissance économique du Ghana est accompagnée par une urbanisation rapide. Depuis 2008, la population urbaine est supérieure à la population rurale. Ce mouvement de migration vers les métropoles s’est légèrement tari mais continue d’entrainer des effets de long-terme. L’augmentation de la population et l’accès difficile au logement existant a étalé les zones urbaines d’Accra et de Kumasi, rendant plus important l’usage des transports. Les déplacements se font majoritairement en minibus, nombreux, anciens et polluants et de nouveaux modes de déplacements doivent être développés pour répondre à cette demande croissante. Enfin les services publics de distribution et d’assainissement de l’eau ainsi que de gestion des déchets sont pour insuffisants. Le secteur privé, formel et informel, contribue à la résorption progressive de ce déficit.

 

 1.  La forte urbanisation du Ghana, concomitante à sa croissance économique, rend le logement difficile dans les métropoles.

La forte croissance économique qu’a connue le Ghana sur la dernière décennie s’est accompagnée d’une urbanisation rapide, touchant particulièrement l’aire urbaine du « Grand Accra ». Depuis 2008, le nombre de ghanéens habitant en zone urbaine a dépassé le nombre de ghanéens vivant en zone rurale[1] pour une population urbaine totale de 16,7 M en 2018, soit 56% des 29,8 M d’habitants au Ghana. Toutefois, la croissance de la population urbaine au Ghana est en diminution, de 5% en 1986 à 4% en 2008 puis 3,4% en 2018. La population urbaine se concentre sur les grands centres urbains que sont Accra (3,1 M d’habitants d’après la banque Mondiale en 2018) et Kumasi (2,4 M d’habitants).

Le village de pêcheurs, qu’était Accra au XVIème siècle, a lui aussi connu de profondes mutations. La zone urbaine d’Accra compte maintenant 4,4 M d’habitants[2]. La croissance de la population y est plus faible que dans les autres zones urbaines du pays, avec une croissance de la population de 2,3%  (chiffres  Métropole d'Accra -Accra Metropolitan Assembly- AMA). La ville a connu différents épisodes de crises depuis le séisme de 1939. Des inondations ont causé des dommages matériels importants en 1995, 2001, 2011 et 2015. L’inondation de 2011 a causé 14 morts et affecté plus de 40 000 personnes, dont certaines ont été déplacées comme ce fut le cas en 2015. L’effondrement d’un centre commercial en 2012 et d’un hôtel en 2014 ont causé respectivement la mort de 14 et 4 personnes. Le logement est difficile d’accès à Accra et la majorité des logements sont considérés comme informels (58%). La municipalité estime faire face à un déficit de 300 000 logements. Les ménages sont de très grande taille, relativement aux niveaux en campagne et en zone péri-urbaine. Ils sont composés en de 11,1 personnes par logement en moyenne dans Accra, 8,4 personnes par logement dans le grand Accra et 7,3 personnes au niveau national. Cette différence s’explique par le coût élevé du logement à Accra. 

Cette importante croissance urbaine s’accompagne par une augmentation significative de la demande de services publics, jusqu’alors largement insuffisants ou sous-exploités. Outre le logement qui est difficile d’accès, la métropole du Grand Accra identifie trois axes prioritaires pour le développement des services de base: le transport urbain, la gestion des déchets et l’assainissement et la distribution de l’eau.

 

 2.    L’étalement urbain et le coût écologique des transports actuels appellent au développement de nouvelles formes de mobilité.

Plus de 2 millions de personnes se rendent quotidiennement de la banlieue d’Accra à son centre-ville, par différents moyens usuels au Ghana, comme le « trotro » (minibus importés d’occasion), le taxi ou la voiture personnelle. Près de la moitié des habitants d’Accra vivent en zone périurbaine (51%) obligeant ainsi 20% d’entre eux à faire plus d’une heure de trajet pour se rendre sur leur lieu de travail depuis les banlieues de Kasoa, Teshie et Madina. Pour le moment, 37,8% des déplacements se font en « trotro ». Ce mode de transport est cependant très polluant et entraine des accidents fréquents en raison de l’informalité des parcours. Le gouvernement souhaiterait développer les bus à hauts niveau de service, avec l’achat de 250 bus SCANIA pour 46 M USD.

La stratégie du gouvernement pour le développement ferroviaire urbain est encore floue. Une partie des corridors péri-urbains que le gouvernement souhaiterait développer pour Accra feraient partie de la concession de la Eastern Line. Toutefois, telle qu’envisagée actuellement, cette concession ne concernerait que le ferroviaire national et aucune coordination entre ferroviaire péri-urbain et national n’est prévu. Le coût élevé de l’activité péri-urbaine pourrait décourager le concessionnaire choisi si celle-ci n’est pas subventionnée et clairement inclue dans les charges  de la concession.

 

3.    Les carences de certains services publics locaux, gestion de l’eau et des déchets, pourraient être couvertes par le secteur privé.

La collecte et la gestion des déchets reposent essentiellement sur le secteur informel. La ville d’Accra produit 3 000 tonnes de déchets par jour, soit env. 0,7 kg par personne, mais n’a pas les capacités nécessaires à leur traitement. En amont, la collecte des déchets se fait de façon informelle (25%) et formelle (70%)[3]. Ces collecteurs amènent les déchets vers des centres de collectes, en grande partie gérés par ZOOMLION en charge de nombreuses concessions de gestion des déchets pour la ville d’Accra, à l’image du centre IRECOP. Une autre partie des déchets est traité par le secteur informel dans certaines décharges comme Agboboshie. Parmi tant d’autres, Cable & Wirelless est une zone de traitement et de recyclage des déchets plastique qui rassemble des acteurs du secteur informel qui structurent progressivement la filière, en se syndiquant, afin d’obtenir une meilleure reconnaissance des pouvoirs publics.

Les villes d’Accra et de Kumasi ont mis en place une politique pollueur-payeur. Avant l’instauration de cette mesure à Accra en 2016, la collecte et du transport des déchets représentaient 58% des dépenses de la municipalité pour la propreté. Dans 30% des maisons, les déchets ne sont pas collectés individuellement. Pour permettre une meilleure gestion de ces services, de nouvelles lois sanitaires et un meilleur cadre pour les PPP sont nécessaires.

La gestion de l’eau (pompage, distribution et assainissement) est encore insuffisante pour répondre à la demande des habitants d’Accra. L’accès à l’eau s’est considérablement amélioré au cours des dernière décennies, permettant en 2015, à 93% des zones urbaines d’avoir accès à l’eau potable. Cette avancée ne doit pas masquer les inégalités d’accès, l’insuffisance structurelle du réseau de distribution et le déficit d’infrastructures d’assainissement. Le gouvernement ghanéen estime que les investissements nécessaires pour desservir l’ensemble du Ghana en eau potable s’élèvent à 5,4 Mds USD[4]. Dans les aires urbaines, Ghana Water Company Ltd fournit 10,6 millions de personnes alors qu’en zone péri-urbaines et rurales l’approvisionnement en eau se fait par de petites entreprises et des ONG, comme Safe Water Network ou Waterhealth Ghana. Enfin les métropoles sont confrontées aux épisodes météorologiques violents qui nécessitent d’évacuer l’eau par des infrastructures adaptées. Les dispositifs existant  n’ont pas la capacité pour supporter les précipitations lors des saisons des pluies.



[1] Banque Mondiale (2015) Rising through cities in Ghana.
[2] D’après Accra Metropolitan Assembly.
[3] 5% de la collecte des déchets est permis par le National Sanitation Day.
[4] Water Sector Strategic Development Plan (2012-2025).