La Croatie est en retard dans l’efficacité énergétique par rapport aux exigences européennes, avec des difficultés à réduire structurellement sa consommation d’énergie et à limiter la déperdition d’énergie lors de son transport et de son utilisation, en particulier pour le chauffage. Pour améliorer son efficacité énergétique, le pays dispose d’un plan d’action pour l’efficacité énergétique sur la période 2017-2019 ambitieux, de l’assistance des IFIs et d’une enveloppe de 311 M EUR de fonds structurels européens sur 2014-2020. Des appels d’offres ont été effectués et des travaux lancés, mais la faible absorption des fonds (2% décaissés en mai 2018) fait planer un risque sur la capacité des autorités à utiliser pleinement l’enveloppe qui leur a été allouée.

La Croatie doit effectuer un rattrapage par rapport à la moyenne européenne dans le domaine de l’efficacité énergétique

La Croatie est un des pays d’Europe avec la plus faible consommation énergétique par habitant, inférieure à 40% de la moyenne de l’Union Européenne (UE), ce qui s’explique principalement par une faible intensité énergétique nationale. De plus, la non-conformité de la plupart des infrastructures et du parc immobilier croates aux normes énergétiques européennes fait que l’efficacité énergétique du pays est relativement faible par rapport à la moyenne de l’UE.

Les trois principaux points sur lesquels la Croatie doit travailler pour améliorer son efficacité énergétique sont les pertes d’énergie lors du transport de l’électricité, qui s’élèvent à 8,7% contre 6,5% en moyenne dans l’UE, la rénovation urbaine pour lutter contre les déperditions d’énergie avec la majorité des bâtiments qui appartiennent aux classes énergétiques E, F et G, ainsi que les transports dont la consommation énergétique continue de croître.

Dans le cadre de ses engagements européens, la Croatie doit parvenir à 20% d’efficacité énergétique supplémentaire pour 2020 et 30% à l’horizon 2030, c’est-à-dire une baisse de sa consommation énergétique nationale. Or, c’est un des pays de l’UE qui a le plus de mal à réduire sa consommation énergétique de manière efficace. Ainsi, en 2014, la Croatie avait certes atteint la cible finale de consommation énergétique pour 2020 mais cette situation s’explique essentiellement par la conjoncture économique qui a fait mécaniquement baisser la consommation, sans effort de réduction particulier. Depuis le retour de la croissance en 2016, la consommation repart à la hausse et rend plus difficile le respect des engagements européens par la Croatie.

Aujourd'hui, la Croatie dispose d’une volonté ambitieuse d’amélioration de son efficacité énergétique

Afin de retranscrire le droit européen lié à l’énergie, la Croatie a adopté en 2008 une loi sur l’énergie qui inscrit l’efficacité énergétique comme une des priorités nationales. Pour parvenir aux objectifs européens d’efficacité énergétique, la Croatie s’est aussi doté à partir de 2008 d’un Plan d’action national pour l’efficacité énergétique. Actuellement, le quatrième plan d’action pour 2017-2019 est en cours. Ce dernier vise, entre autres, la diminution de 25% de la consommation énergétique de l’éclairage public qui absorbe 3% de la consommation finale du pays, l’introduction de standards d’efficacité énergétique pour 50% de la commande publique et la rationalisation de la consommation énergétique de la production d’énergie et du chauffage urbain. Les  objectifs mentionnés pour 2019 visent 3% de rénovation pour les locaux chauffés appartenant à l’Etat, grâce aux fonds européens, et  l’obligation pour toutes les villes supérieures à 35 000 habitants d’établir un plan d’action triennal dédié à l’efficacité énergétique.

Le secteur de l’efficacité énergétique en Croatie connaît des investissements importants de la part des IFIs et des fonds européens

L’efficacité énergétique est un secteur où la présence des IFIs est traditionnellement forte en Croatie, en particulier la BERD dans le cadre de son programme « Green cities framework ». Ainsi, cette dernière participe activement à la rénovation des systèmes de chauffage urbain, comme à Zagreb en 2017 pour 50 M EUR, ou finance des projets de communication et de subventions incitant les individus à l’efficacité énergétique, comme en 2015 pour un montant de 60 M EUR.

L’efficacité énergétique est aussi un des piliers environnementaux du  programme opérationnel croate « Compétitivité et cohésion » dans le cadre des fonds structurels européens 2014-2020. Ce secteur est regroupé avec les énergies renouvelables dans l’axe prioritaire 4, qui bénéficie d’une enveloppe globale du FEDER de 532 M EUR. L’enveloppe européenne attribuée à la seule rénovation énergétique s’élève à 311 M EUR sur 2014-2020. Les fonds y sont consacrés à la rénovation énergétique via quatre programmes visant les bâtiments publics (211 M EUR), les maisons individuelles, les immeubles et le bâti commercial. Les projets sont attribués via des appels à projets annuels et le FZOEU les finance à hauteur de 30 à 40% en s’appuyant sur les fonds européens.

Parmi les objectifs du programme opérationnel, on peut citer la diminution des pertes d’énergie des systèmes de chauffage centraux, qui passe par la rénovation de 80% du réseau actuel pour un montant de 100 M EUR, la réduction de 6% de l’énergie employée par l’éclairage public en le modernisant et en le rationnalisant, la rénovation énergétique du parc immobilier croate ou bien le développement d’un réseau de distribution d’électricité intelligent pour faire passer les pertes d’énergie de 8,70% à 7,60% en 2023. Cependant, la faible absorption des fonds à ce stade du cadre financier pluriannuel européen (contractés à 24% et payés à 2% en mai 2018) fait peser une incertitude sur la capacité des autorités croates à pouvoir employer l’ensemble de l’enveloppe avant 2023.