Tandis que la population koweïtienne est en forte croissance et que des pathologies spécifiques se multiplient, les autorités du pays modernisent le secteur de la santé tout en s’efforçant de prendre en compte les restrictions budgétaires, ouvrant le marché de la santé au secteur privé.

 

1/ Un programme de santé très marqué par les pathologies délicates à soigner.

Selon l’Institute for Health Metrics and Evaluation, les maladies liées à la malnutrition (diabète, surpoids, cholestérol, hypertension) sont les premières causes de handicap et de décès dans le pays, avec les troubles cardio-vasculaires, les accidents de la route et les cancers.

En 2017, 73,4 % de la population du Koweït étaient en surpoids dont 37,9 % étaient atteints d’obésité (plus de 1,1M d’individus). Selon l’International Diabetes Federation (IDF), le Koweït est le 3ème pays au monde comportant le plus de cas de diabète, avec 441 000 cas en 2017, soit l’équivalent de 10% de la population. Les prévisions estiment à 1M les cas de diabète en 2045, le taux de nouveaux cas chez les enfants de moins de 15 ans étant de 37,1/100000. Les mauvaises pratiques alimentaires sont régulièrement mises en cause, 92 % des Koweïtiens déclarant manger dans un restaurant fast-food au moins une fois par semaine et 43,5 % 3 à 4 fois par semaine selon une étude de l’Arab Center for Nutrition. Afin de diminuer une consommation de sel excessive développant l’hypertension, le Ministère koweïtien de la Santé a recommandé une réduction de de 20 % la quantité de sel du pain. 

Le coût annuel du traitement des patients diabétiques au Koweït représente 815 MUSD, faisant tripler le budget du Ministère de la Santé au cours de ces dix dernières années, passant de 620 MKD (soit 1,86 MdEUR) en 2007 à 1,9 MdKD (soit 5,7 MdEUR) en 2016. Cependant, selon l’OCDE, les dépenses de santé représentent en moyenne 3% du PIB annuel au Koweït, comparativement moins importantes que dans la plupart des pays occidentaux (entre 10,8% et 11,2% pour la France, l’Allemagne et le Japon en 2017).

Afin d’optimiser les dépenses liées à l’augmentation des pathologies délicates à soigner, dans un cadre de restriction budgétaire, la privatisation du secteur constitue l’une des priorités du Plan National de Développement 2015-2020. Les autorités prévoient la construction de 9 nouveaux hôpitaux et la rénovation de 8 hôpitaux, pour un coût de 4,2 MdUSD, devant permettre d’offrir une capacité supplémentaire d’accueil de 3 334 lits et de créer 15 000 nouveaux emplois. A terme, les autorités envisagent d’augmenter la capacité d’accueil de 16 000 lits.

Projet de rénovation de l'hôpital Al-JaberProjet de rénovation de l'hôpital Al-Jaber

Le projet d’implantation de l’hôpital français Gustave Roussy, d’une capacité d’accueil de 120 lits et d’un coût estimé à plus de 100 MEUR, doit compléter avantageusement ce dispositif. En s’installant au Koweït, Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, va permettre d’améliorer le traitement des patients en cancérologie et confèrera au pays un rayonnement régional exceptionnel puisqu’il sera le premier hôpital de ce type implanté dans le Golfe.

2/ Un système de santé local, de niveau inégal et bientôt proposé séparément aux Koweïtiens et aux expatriés.

Pour 2035, le Koweït souhaite devenir une destination touristique médicale, avec un centre régional de prévention et de contrôle des maladies, en y développant une expertise dans la gestion des soins. Le gouvernement du Koweït souhaite améliorer son système de santé (fichier) et former les cadres du secteur pour éviter la prise en charge de soins à l’étranger. La société koweïtienne étant segmentée entre les nationaux, les expatriés très qualifiés (hauts revenus) et peu qualifiés (faibles revenus), l’organisation des soins médicaux en est complexifiée.

Depuis la mi-février 2017, l’Etat koweïtien veut réduire ses dépenses de santé en faisant porter l’essentiel des frais de santé par les expatriés (toujours 20% moins chers que dans le privé, les frais médicaux restent gratuits pour les nationaux). La Health Assurance Hospitals Company  (DHAMAN) est accessible pour les expatriés aisés (environ 2M d’employés du secteur privé) permettant au gouvernement de désengorger l’appareil de santé public. DHAMAN assurera la construction de 3 hôpitaux de 700 lits chacun ainsi que de 15 polycliniques, opérationnels en 2029, avec une concession gouvernementale accordée d’au moins 20 ans pour les 3 hôpitaux.

Depuis mars 2018, le Koweït ne délivre plus de permis de résidence aux expatriés ayant l’une des 22 pathologies considérées comme onéreuses à soigner (diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers…), dans une logique de restriction budgétaire.

Dans ce contexte, le secteur privé, longtemps marginal, connaît depuis quelques années un développement important, avec l’ouverture de nombreuses cliniques spécialisées offrant un meilleur confort, avec des délais d’attente et de traitement raccourcis par rapport au secteur public (environ 70 % du marché). Ces établissements sont surtout réservés aux Koweïtiens et aux expatriés aisés qui bénéficient d’une assurance médicale privée.

 3/ Un marché du secteur médical en forte croissance.

7,5 % de croissance sont prévus pour le secteur de la santé au Koweït d’ici 2020, représentant de nombreuses opportunités pour les entreprises étrangères concernées. Suite à une demande croissante, le Koweït a importé 1,06 MdUSD de produits pharmaceutiques en 2017, contre 784,46 MUSD en 2016, soit une hausse de 34,74%, et 275,18 MUSD de matériel médical en 2017 contre 245,61 MUSD en 2016, soit une hausse de 12,04%. En dépit de la koweïtisation de l’emploi public, considérée comme l’un des objectifs majeurs de politique intérieure du pays, le Ministère de la Santé a fait appel en mars 2018 à 500 médecins et 1 500 infirmières étrangers supplémentaires, pour pallier les carences en personnels koweïtiens qualifiés.

La production locale reste marginale et se cantonne à certains gaz médicaux, des matelas à usage médical, des prothèses en résine et quelques médicaments génériques. 

La France a exporté vers le Koweït 34,95 MUSD de produits pharmaceutiques en 2017 contre 37,29 MUSD en 2016, soit 6,66% de moins. Les exportations françaises de matériel médical ont chuté de 120,62%, passant de 33,28 MUSD en 2016 à 15,09 MUSD en 2017. 80% des produits pharmaceutiques sont importés par des agents distributeurs de grands laboratoires mondiaux. Trois groupes français sont implantés au Koweït (Sanofi, Bioderma et Servier), aux côtés des principaux fournisseurs qui sont l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. La plupart des équipements médicaux proviennent des Etats-Unis, d’Allemagne, de Corée du Sud et de Chine.