Les Pays-Bas face au risque de spirale protectionniste
Les mesures protectionnistes de l’administration américaines sur l’acier et l’aluminum restent scrutées de près aux Pays-Bas, alors que le Premier ministre Rutte s'est rendu à Washington le 2 juillet et que ThyssenKrupp et Tata Steel (qui a une aciérie aux Pays-Bas) se prépare à fusionner. De même, le rapport pays de l'OCDE, présenté publiquement le 2 juillet à La Haye, identifie bien les risques que fait peser la perspective d'un ralentissement du commerce international sur l'économie néerlandaise.
Les questions économiques ont été, avec la défense, parmi les principaux sujets abordés entre Mark Rutte et Donald Trump le 2 juillet. Le Premier ministre néerlandais a rappelé qu’un million d’emplois sont générés par les investissements croisés de part et d’autre de l’atlantique (850 000 emplois aux Etats Unis et 250 000 aux Pays-Bas). Les discussions commerciales bilatérales sont par ailleurs facilitées par le fait que les Pays-Bas dégagent un excédent commercial de 11 Md EUR avec les Etats-Unis (exportations de 20 Md EUR et importations de 31 Md EUR en 2017), même si il est en partie imputable au rôle qu’occupent les Pays-Bas comme porte d’entrée des échanges européens avec le reste du monde, en premier lieu les Etats-Unis et la Chine. Témoignant de la prééminence des sujets économiques et commerciaux à l’agenda de la rencontre, le Premier ministre Rutte n’était pas accompagné de son ministre des affaires étrangères, mais de la secrétaire d’Etat à la coopération et au commerce extérieur Sigrid Kaag, ainsi que des PDG de 5 des sociétés néerlandaises les plus emblématiques : Shell, Philips, Aegon, NXP et l’aéroport de Schiphol, qui ont pu s’entretenir 45 minutes avec le Président américain. La presse porte un regard positif de ce déplacement et reprend largement le fait que Mark Rutte a interrompu le président Trump en conférence de presse pour lui signifier que l’absence d’accord sur les tarifs ne serait pas une bonne chose. Parallèlement, les autorités néerlandaises restent très attachées au lien transatlantique et se félicitent de d’accueillir le prochain Global Entrepreneurship Summit (pour le compte des Etats-Unis).
Elles s’efforcent également de rassurer les acteurs économiques, en particulier les grands exportateurs néerlandais, en soutenant l’action de l’UE. Exportateurs d’acier et d’aluminium seront déjà affectés et la crainte est de voir enclenchée une spirale protectionniste dans le domaine agroalimentaire et automobile (avec un tissu néerlandais de sous-traitants très dépendants des donneurs d’ordres allemands). Sigrid Kaag a rappelé lors d’une rencontre le 4 juillet au VNO-NCW (MEDEF néerlandais) son attachement au multilatéralisme. Elle a appelé à agir sur 3 dimensions : 1° évaluer les conséquences, 2° jouer l’apaisement en maintenant un lien bilatéral fort (sans remettre en cause l’UE), 3° maintenir le dialogue multilatéral et délivrer sur les sujets de la « nouvelle économie » : e-commerce, services, technologies.