Le géant SoftBank en passe de devenir le leader mondial de la connectivité
Depuis l’acquisition en juillet 2016 de l’entreprise britannique ARM, le groupe Softbank, dirigé par Masayoshi Son, a continué à multiplier les investissements, y compris à l’étranger, sur des technologies d’avenir. Softbank a pu élargir son portefeuille d’activités qui va désormais de l’e-commerce à l’énergie, en passant par la robotique. L’objectif est aujourd’hui de faire de Softbank un acteur majeur de la connectivité et de l’Internet des objets.
Les annexes sont téléchargeables plus bas.
1. Softbank s’est éloigné peu à peu de son cœur d’activité, la téléphonie, et s’est positionné sur des secteurs très diversifiés en multipliant les investissements stratégiques et en développant une politique d’open innovation
1.1. Contrairement à NTT Docomo et KDDI, Softbank n’était pas, à l’origine, un opérateur mobile mais une société de software pour PC. Sa forte progression en termes de parts de marché (19% en 2008 et 25% en 2016) est le résultat de son positionnement précoce sur les smartphones[1] et de sa politique de rachat d’opérateurs secondaires[2]. Néanmoins, le groupe se désengage progressivement de la gestion de son activité de télécom. Sa division de téléphonie mobile, Softbank Corp, va prendre son autonomie et entrer en bourse cette année[3]. En outre, Softbank ne sera qu’un actionnaire minoritaire dans le nouvel opérateur qui devrait être créé à l’issue de la fusion de Sprint (4e opérateur mobile américain, contrôlé par Softbank depuis 2013) et T-Mobile (3e opérateur mobile américain)[4].
1.2 Mais, il a surtout adopté, depuis plusieurs années déjà, une stratégie de croissance externe, qui lui a permis de diversifier ses activités (cf Annexe 2). Ainsi, les services en ligne représentent désormais l’un des principaux segments d’activité du groupe SoftBank, avec 9% du chiffre d’affaires. Softbank a, notamment, réussi à se positionner sur ce secteur en Chine avec l’achat de 30% des parts d’Alibaba en 2014. La robotique occupe également une place croissante dans la stratégie du groupe à travers sa filiale SoftBank Robotics, créée en juillet 2013. Le groupe a, par exemple, racheté l’entreprise française Aldebaran, en 2012, ce qui lui a permis de développer et commercialiser le robot Pepper[5]. Softbank s’implique, d’autre part, dans la transition énergétique et détient un parc éolien et un réseau de centrales solaires photovoltaïques[6]. Depuis 2015, cette activité s’est internationalisée avec la création d’une joint-venture entre SoftBank, Foxconn et le conglomérat indien Bharti. En outre, prenant le contrepied de la stratégie énergétique du gouvernement japonais, il multiplie les partenariats avec la Chine, la Mongolie, la Corée et la Russie. Mais, les investissements du groupe couvrent bien d’autres secteurs d’avenir tels que le la réalité virtuelle[7] l’agriculture du futur[8], la santé[9] ou encore les solutions de mobilité comme le montrent les investissements dans Uber, Grab, Didi et OLA[10].
1.3 Le groupe s’est également positionné très tôt dans le soutien aux start-up. Dès le milieu des années 1990, la filiale SoftBank Capital jouait déjà un rôle moteur dans les activités de capital-risque du groupe japonais. En 2014, le groupe avait consacré 1 Mds USD à son plan d’expansion internationale, qui passait par l’investissement dans de nombreuses entreprises du numérique, et, en 2015, il a lancé le SoftBank Innovation Program, programme d’incubation à destination de start-up proposant des technologies innovantes et proches de la commercialisation. Si le rythme des investissements de SoftBank Capital a ralenti, l’entreprise gère aujourd’hui un portefeuille très important de start-up.
2. « SoftBank 2.0 vision » : Désormais Softbank place son fonds d’investissement, Softbank Vision Fund, au cœur de sa stratégie industrielle afin de devenir le leader mondial de la connectivité
2.1 La stratégie du groupe, qui vise à faire de Softbank un géant technologique, s’est encore accélérée avec l’annonce, en octobre 2016, de la création d’un fonds pour financer les investissements dans le domaine des nouvelles technologies : le Softbank Vision Fund (SVF), basé au Royaume-Uni. Avec le SB Delta Fund, également créé par Softbank en 2017, ils affichent d’ores et déjà une capacité d’investissement de 98 milliards USD sur les cinq prochaines années.
2.2. Sur les 92 milliards USD que constituent le capital du Softbank Vision Fund, 29,7 Mds USD ont déjà été investis dans 25 entreprises (cf Annexe 3) que ce soit dans le secteur de l’IoT ou des semi-conducteurs, dans le secteur du véhicule connecté et dans le secteur médical. L’acquisition de l'entreprise britannique ARM en 2016, pour un montant record de 32 Mds USD, a en particulier été le prélude d’une série d’acquisitions visant à multiplier les synergies dans des segments d’activités connexes tels que les satellites, la cyber-sécurité ou les puces graphiques. Le groupe s’est en effet fixé comme objectif la production de 1000 milliards de puces ARM pour l’IoT dans les vingt prochaines années. On peut citer, en particulier, l’investissement d’1 Mds USD dans l’entreprise américaine de satellites OneWeb, en 2016 (le groupe projette notamment de créer un réseau de plusieurs centaines de satellites pour connecter à internet les zones rurales et Softbank prévoit d’investir 500 M USD de plus en 2018, via le SVF), celui de 100 M USD, en 2017, dans Cybereason, entreprise américaine de cybersécurité (investissement qui fait de Softbank l’actionnaire principal), ou encore la prise de participation dans NVIDIA, entreprise leader de semi-conducteurs, en mai 2017.
2.3 Il faut souligner que ce fonds a été constitué avec la contribution majoritaire du fonds souverain saoudien (PIF), mais également du fonds d’Abu Dhabi, Mubadala, et d’entreprises telles qu’Apple, Qualcomm ou Foxconn. Softbank, qui contribue à hauteur de 20%, en garde cependant contrôle en sa qualité d’associé en charge de la gestion et des investissements. Ce positionnement très stratégique offre à Masayoshi Son un important levier lui permettant de peser sur les décisions d’investissement sans alourdir davantage le bilan de Softbank.
[1] Notamment l’iPhone qu’il a été le seul à commercialiser au Japon entre 2008 et 2011
[2] Vodafone Japan en 2006, Willcom en 2011, eMobile en 2012 et eAccess en 2013
[3] L’entrée en bourse de Softbank Corp pourrait permettre de lever plus de 2000 Mds JPY (18,3 Mds USD), et en faire la plus grande entrée en bourse pour une entreprise japonaise.
[4] Softbank détient aujourd’hui 80% du capital de Sprint. En cas de fusion, Softbank ne posséderait que 27% de la nouvelle entité. Depuis l’acquisition de Sprint, Softbank n’a cessé d’essayer rentabiliser cette acquisition et de négocier une fusion entre Sprint et T-Mobile dans la perspective de faire concurrence aux deux géants que sont AT&T et Verizon. En mai 2018, la fusion a été approuvée par les deux parties, mais reste conditionnée à l’accord des autorités de régulation.
[5] Le robot est aujourd’hui commercialisé à l’échelle mondiale grâce à la joint-venture créée avec Alibaba et Foxconn
[6] 37 sites au Japon en 2017, soit 12 de plus qu’en 2015
[7] Investissement de 500 millions USD dans l’entreprise britannique Improbable
[8] Investissement de 200 M USD dans Plenty, startup américaine développant des solutions de fermes d’intérieur
[9] Softbank a investi 360 millions USD dans la startup américaine Guardant Health
[10] Investissement de 5 Mds USD dans le chinois Didi Chuxing, prise participation à hauteur de 15% dans Uber et investissements dans l’indien Ola, le singapourien Grab et le brésilien 99, 3 autres entreprises de VTC