Ferme verticale

 

En dégradation depuis de nombreuses années, l’agriculture japonaise connaît actuellement une situation de crise structurelle. La production agricole ne représente plus que 1,2% du PIB et la population agricole (3,6% de la population active) est peu professionnalisée et vieillissante, avec 64% des agriculteurs ayant 65 ans ou plus. Le Japon est un des pays développés les plus dépendants de ses importations et en 2017, le déficit commercial agroalimentaire du pays s’est élevé à 50,8 Md€. Dans ce contexte, l’Etat soutient les initiatives susceptibles de participer au redressement de la production et à l’augmentation du taux d’autosuffisance alimentaire du Japon, estimé par l’OCDE à 40%.

Parmi les résolutions prises par le gouvernement depuis 2009, figurent la promotion de l’agriculture urbaine et le soutien à la recherche de solutions visant à augmenter la productivité des surfaces agricoles (notamment par le déploiement des nouvelles technologies). Ainsi de nombreux projets de fermes verticales ont vu le jour ces dernières années et en 2017, le Japon comptait plus de 300 fermes verticales sur son territoire. Ces investissements, estimés à plusieurs centaines de millions d’euros, placent le Japon comme un pays leader dans le domaine de l’agriculture verticale. En effet, les fleurons de l’industrie nippone envisagent désormais l’agriculture comme un nouveau gisement de croissance et ont décidé de développer leurs propres projets à mesure que se confirme la possibilité de multiplier et d’exporter ces fermes autonomes dans d’autres régions fortement dépendantes des importations en produits frais (Singapour, Moyen-Orient…).

Les fermes verticales regroupent divers concepts centrés sur l’idée de cultiver des quantités importantes de produits dans des espaces urbains ou péri-urbains, en occupant le moins de surface possible et en utilisant l’architecture et les nouvelles technologies pour contrôler l’environnement, limiter les intrants que reçoivent les plantes et augmenter considérablement la productivité. Les concepts les plus évolués permettraient d’atteindre des niveaux de productivité records et intègrent des systèmes de production énergétiques (solaire, bio masse…) et de recyclage des eaux, afin d’augmenter l’autonomie et limiter l’empreinte environnementale des installations.

Enfin, si ces projets sont largement perçus en Europe comme futuristes et à contre-courant d’une agriculture innovante recentrée sur une production durable, il semblerait que les Japonais n’hésitent pas à investir dans l’agriculture verticale, avec l’ambition d’en faire une alternative de plus en plus crédible. Ainsi, cette note présente les concepts et promesses de l’agriculture verticale, en identifie les limites et examine le développement des fermes verticales au Japon et leur capacité à faire face aux défis que la démographie, l’urbanisation et les crises écologiques font planer sur les prochaines décennies.