Fortement énergivore en raison de son adaptation à un climat extrême, le Koweït envisage d’augmenter la part d’énergies renouvelables à 15 % de son mix énergétique d’ici 2035, avant tout considérées comme plus avantageuses en termes de prix que les hydrocarbures. La chaleur, l’ensoleillement et le vent constituant des ressources inépuisables et la croissance du secteur des énergies renouvelables étant prévue à 6 000% pour les 15 prochaines années afin de répondre à ces objectifs, les opportunités sont nombreuses pour les entreprises françaises concernées au Koweït.

 

I/ L’utilisation croissante d’énergies renouvelables est une nécessité pour le Koweït, soutenue par le gouvernement.

Le Koweït figure parmi les pays les plus soumis aux risques physiques du changement climatique, avec l’un des plus importants stress hydriques au monde, doté d’un ratio de 5 m3 d’eau/habitant/an et en se positionnant à la tête des pays les plus exposés aux températures extrêmes. Les politiques de subventions maintenues par l’Etat koweïtien pour l’eau, l’électricité et le carburant (essence) malgré l’augmentation du prix du kWh de 0,01USD à 0,05USD et le doublement du prix de l’eau en mai 2017, ont favorisé le gaspillage. La consommation d’eau est ainsi 34 fois plus importante que les ressources hydriques du pays.

Le Koweït consomme actuellement près de 350 000 barils/jours pour sa production d’électricité et son activité de dessalement de l’eau représente une somme quotidienne de 16,6 MUSD. Estimées à 30 GW en 2030 et nécessitant 1M de barils/jour, ces prévisions à la hausse de la demande en électricité conduisent le Ministère de l’Electricité et de l’Eau à développer les énergies renouvelables jugées moins coûteuses et permettant, à terme, d’augmenter la part des hydrocarbures à l’exportation en diminuant la consommation interne. Selon le FMI, la consommation d’énergie par habitant s’élève à 10 tonnes de pétrole par an, elle augmente en moyenne de 0,9 % par an depuis plus de 40 ans.

Les problématiques écologiques pénétrant progressivement l’agenda politique koweïtien, l’Emir du Koweït a déclaré vouloir atteindre une part de 15 % d’électricité renouvelable dans le mix énergétique du pays d’ici 2035. Ce plan ambitieux est porté par le Kuwait Institute for Scientific Research (KISR) et la Kuwait Authority for Partnership Projects (KAPP).

II/ Le Koweït compte tirer profit de ses atouts naturels et géographiques pour rationaliser son mix énergétique.

Bénéficiant d’un important ensoleillement tout au long de l’année, de températures moyennes de 30-35 degrés et d’une forte exposition au vent, le Koweït multiplie les projets d’énergies propres basés sur ces ressources inépuisables, à hauteur de 2,5 MdUSD par an.

En 2016, la Kuwait Oil Company (KOC) a implanté le premier projet koweïtien de centrale électrique solaire « Sidrah 500 » pour un coût de 100 MUSD, comportant 32 450 panneaux solaires répartis sur 36 hectares du champ pétrolier d’Umm Gudair. Avec une production initiale de 10 MW annuels répartis équitablement entre l’alimentation de ses propres opérations pétrolières et la fourniture d’électricité au réseau national, le site donne satisfaction.

Développé par le KISR et financé à hauteur de 385 MUSD par la compagnie espagnole TSK et l’entreprise koweïtienne Kharafi National en 2015, le complexe d’énergies renouvelables Al-Shagaya, situé à l’ouest du pays, prévoit une production de 2 000 MW annuels en 2025 soit 10 % de la demande estimée du pays, contre 60 MW en 2017. Le complexe comprend des centrales solaires thermodynamiques d’une capacité de production de 1150 MW (750 MW par des miroirs cylindro-paraboliques, 400 MW par des tours solaires), des centrales solaires photovoltaïques de 700 MW et un parc éolien de 150 MW en 2035, censé optimiser la production d’énergie, particulièrement durant le pic de consommation estivale. La réduction du coût d’exploitation des centrales solaires thermodynamiques, notamment des tours solaires à hauteur de 0,10USD/kWh, assurerait la pérennité de l’investissement en comparaison avec le photovoltaïque et l’éolien plus économiques à court terme. L’économie réalisée par Al-Shaqaya en 2030 s’élèverait à 12,5 M de barils annuels, soit la consommation d’électricité de près de 100 000 habitations.

Une extension du site serait prévue avec le projet Dibdibah, sur une surface de 32 km². Il constituerait la plus grande centrale photovoltaïque du pays à hauteur d’1,2 MdUSD avec l’objectif de produire la moitié de l’énergie renouvelable du pays, soit environ 2,5 GW/an en 2020, tout en réduisant la consommation de pétrole annuelle de 5,2 M de barils. La KNPC devrait annoncer les 15 entreprises qualifiées courant 2018 pour une signature du contrat en 2019.

 

Complexe d'énergies renouvelables Al-Shagaya

Complexe d'énergies renouvelables Al-Shagaya

 

Un partenariat public-privé avec une licence de 25 ans sur la base « build, operate and transfer » (BOT) est envisagé pour la construction d’une centrale électrique mixte à Al-Abdaliya (Al-Abdaliya Integrated Solar Combined Cycle) à hauteur de 720 MUSD, 50 km au sud-ouest de Kuwait City, qui prévoit une production de 280 MW dont 60 MW par le photovoltaïque. Les entreprises attendent la décision du gouvernement pour la sélection finale de l’investisseur.

III/ De nombreux projets d’infrastructures (immobilier, désalinisation de l’eau de mer…) participent au développement des énergies renouvelables.

Dans le secteur de l’immobilier, le projet de la ville Saad Al-Abdullah (4 MdUSD) à 16 km de Kuwait City, validé par le Conseil des Ministres, prévoit l’accueil de 400 000 personnes dans 30 000 logements, sur près de 59 km², dans un cadre durable avec l’utilisation de l’énergie solaire pour les feux de circulation et les bâtiments publics.

Le projet de la nouvelle zone résidentielle de Jaber Al-Ahmad, à hauteur de 1,4 MdUSD, prévoit l’accueil de 80 000 nouveaux résidents et devrait comporter de nombreuses habitations faiblement consommatrices d’électricité grâce à l’implantation de générateurs photovoltaïques autonomes. 

Depuis 2014, des initiatives d’aménagement et d’utilisation de panneaux photovoltaïques visant l’indépendance énergétique se mettent en place. Les supermarchés Co-op à Zahra et Adailiya produisent respectivement 780 et 285 kWc (kilowatt-crête) par an, deux stations-essences de la Kuwait National Petroleum Company produisent 50 kW/heure, la compagnie pétrolière prévoyant d’étendre ce dispositif à une centaine de stations et la rénovation du terminal de l’aéroport du Koweït (KWI) comprend l’installation de 66 000 panneaux photovoltaïques sur le toit, censés générer 12 MW/an. La construction de futurs terminaux prend en compte les problématiques de la gestion de l’énergie.

Soucieux de répondre à la demande en eau potable, le Koweït multiplie le nombre d’usines de dessalement de l’eau de mer, dont celle du Complexe Nord d’Az Zour inaugurée en 2015, dans laquelle sont impliqués Engie et Sidem. Fonctionnant à l’énergie solaire avec une capacité de 1 500 MWh, l’usine produit 486 400 m3 d’eau potable quotidiennement, représentant 20 % des capacités de dessalement du pays. Les phases 2, 3, 4 et 5 sont à l’étude.

 

Centre de dessalement de l'eau de mer Az-ZourCentre de dessalement de l'eau de mer Az-Zour

 

Le plan de développement « Nouveau Koweït » vise à valoriser la région nord du pays en y créant notamment la ville nouvelle de « Silk City ». La conception et la réalisation vont résolument respecter les principes d’un « urbanisme vert » pour y accueillir 700 000 habitants.