robotsRobots développés par Softbank Robotics : Nao, Roméo et Pepper

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Premier pays à se lancer dans la recherche en robotique dans les années 70, le Japon est devenu une référence mondiale dans ce secteur et le premier pays producteur et exportateur de robots. Son avancée tant dans la production que dans la recherche et l’innovation, est liée, en partie, à l’acceptation socio-culturelle des robots dans la société nippone. Déjà leader en robotique industrielle, le Japon met à présent l’accent sur les robots de services afin de répondre aux défis auxquels il fait face. La robotique constitue ainsi l’un des piliers de la stratégie de croissance du Japon et est, avec l’essor de l’IoT et de l’IA, une composante essentielle de la 4ème Révolution Industrielle et du développement de la Société 5.0.

1. Des robots industriels aux robots de services : croissance et diversification du secteur de la robotique au Japon

 Le secteur de la robotique est en plein essor au Japon : ce marché représentait 600 Mds JPY (4,5 Mds EUR) en 2015 et devrait bénéficier d’un taux de croissance annuel de l’ordre de 10 à 15% sur la période 2020-2035[1].

 1.1. Avec 153 000 robots produits, dont 115 000 destinés à l’exportation, et un taux de croissance s’élevant à 14% en 2016, le marché de la robotique appliquée à l’industrie continue ainsi sa progression. Le Japon se positionne désormais comme premier pays producteur et exportateur de robots industriels (en revanche, les importations restent très marginales : seulement 1% des robots utilisés au Japon sont importés). Les principaux secteurs utilisateurs de robots industriels sont l’industrie automobile (36% de la demande en 2016)[2] et le secteur de l’électronique (28%). La robotisation des processus de production, encouragée par l’initiative Connected Industries, reste néanmoins limitée en grande partie aux grands groupes industriels.

 1.2. Face aux enjeux sociétaux auquel fait face le Japon, le marché des robots de services et des robots humanoïdes croît, en outre, de façon exponentielle. En particulier, le marché des robots de soin à la personne devrait passer de 16,7 Mds JPY en 2015 à 404,3 Mds JPY en 2035, soit une croissance de 20-25% par an[3]. Le marché des robots communicants (ex : Pepper) devrait quant à lui doubler d’ici 2021 pour atteindre 8,7 Mds JPY (Annexe 1). Celui des robots de loisir (ex : Aibo dog de Sony ou Robot Partner de Toyota) est également en plein essor et soutenu activement par la recherche privée. D’autre part, à la suite du séisme et du tsunami de Tohoku en 2011, le Japon a accéléré le développement et la production de robots de recherche et de sauvetage, capables d’évoluer dans des conditions extrêmes (ex : robot MEISTeR de Mitsubishi Heavy Industries, développé pour décontaminer la centrale nucléaire de Daiichi Fukushima).

 1.3. En revanche, la robotisation dans les secteurs de la construction et de l’agriculture reste pour l’instant marginale. Pour autant, elle a été identifiée par le gouvernement comme l’une des solutions permettant de faire face au déficit de main d’œuvre. A cet égard, la première ferme entièrement robotisée, la « Techno Farm Keihanna », va être lancée près de Kyoto par la société japonaise Spread. Elle devrait être opérationnelle dès 2018.

 

2. Stratégie gouvernementale, budgets, implication de tous les acteurs, le Japon se mobilise pour soutenir la Robot Revolution

 2.1. Le gouvernement japonais a élaboré en 2015 un plan quinquennal, la Japan’s New Robot Stragegy (Annexe 2)[4], afin de faire du Japon le centre névralgique de la Robot Revolution. Les objectifs de cette stratégie sont :

1/ de faire du Japon un hub mondial de l’innovation robotique, via des partenariats public-privés, et un pays leader dans la stratégie robotique et ce, en impulsant des standards et normes internationales ;

2/ de généraliser l’utilisation des robots dans les grands groupes industriels mais également dans les PME et dans tous les secteurs (aéronautique, services, médecine et soins infirmiers, prévention des catastrophes naturelles, secourisme…).

 Le plan quinquennal prévoit, en outre, un fonds de 100 Mds JPY sur 5 ans, soit environ 757 M EUR, pour investir dans des projets liés à la robotique, ces investissements devant permettre de multiplier la taille du marché par 4 d’ici 2020[5].

2.2 Des budgets importants sont, de manière générale, consacrés à la promotion de la robotique et au financement de projets de R&D (Annexe 3). Pour l’année comptable 2018, le METI dispose d’un budget d’environ 61,4 Mds JPY (contre 31,5 Mds JPY en 2017) pour accorder des subventions à des projets de R&D dans la robotique, les biotechnologies, les drones et les technologies de l’espace. Son agence de financement, la NEDO, a en outre bénéficié, en 2017, d’une enveloppe de 99,1 M USD pour soutenir financièrement des projets nationaux dans les technologies robotiques. La JST, sous l’égide du MEXT, accorde quant à elle des bourses à des étudiants et des jeunes chercheurs afin de les aider à créer des start-up dans les secteurs de l’IoT et de la robotique[6]. Enfin, le CSTI finance trois projets de R&D sur la robotique (3-5 Mds JPY par projet) dans le cadre du programme ImPACT sur les innovations de rupture.

 2.3. Tous les acteurs sont impliqués dans le développement des technologies robotiques au Japon, que ce soit les entreprises spécialisées en robotique (Fanuc, Yaskawa,…), les grands groupes industriels de l’automobile et de l’électronique (Toshiba, Hitachi, NEC, Honda…), les universités, les laboratoires, mais également des associations comme la JARA[7] et des agences publiques (AIST et RIKEN[8]) (Annexe 4). Ainsi, la Robot Revolution Initiative (RRI) réunit 500 entreprises, organisations et instituts de recherche pour promouvoir la nouvelle stratégie robotique du Japon[9]. Les start-up, également, sont relativement plus nombreuses dans ce secteur que dans d’autres[10] et bénéficient du soutien financier de fonds d’investissements et de VC créés par les grands groupes japonais[11]. Elles sont le plus souvent issues de travaux de recherche menés au sein de laboratoires universitaires, comme Skeletonics de l’Université de Todai ou Doog de Tsukuba University (Annexe 5).

 

3. Entre adoption de normes internationales et conclusion d’accords de partenariat, la stratégie robotique du Japon s’inscrit également dans une perspective internationale

 

3.1. En tant que « nation des robots », le Japon entend impulser et promouvoir les standards internationaux. La norme ISO 13482, première norme internationale sur les robots de soins à la personne avait ainsi été portée par le METI et la NEDO en 2014. Il se veut également précurseur dans les réformes réglementaires (Annexe 6).

3.2. Le Japon s’engage dans des coopérations internationales, y compris avec la France. La RRI a ainsi signé des accords de coopération avec la Platform 4.0 (Allemagne), la Confédération de l’Industrie (République Tchèque), l’Industrial Internet Consortium (US) et l’Alliance Industrie du Futur (France). La France et le Japon ont également créé, dès 2003, un laboratoire de robotique, le Joint Robotics Laboratory (JRL), dirigé conjointement par le CNRS et l’AIST et, en 2016, à l’occasion de l’Année franco-japonaise de l’Innovation, Airbus Group et la JRL ont lancé un programme conjoint de recherche sur la robotique collaborative.[12]

3.3. Depuis peu, les entreprises japonaises commencent à se tourner vers l’international. Ainsi, en 2016, le numéro un mondial japonais Yaskawa a conclu un partenariat technologique et commercial avec l’entreprise française Sepro. Par ailleurs, en novembre 2017, les groupes japonais Kawasaki Heavy Industries et suisse ABB, deux entreprises leaders dans l’automatisation et la robotique, ont annoncé une coopération stratégique dans le domaine des robots collaboratifs (« cobots »).[13]

3.4. A cela s’ajoute la multiplication de salons internationaux sur la robotique comme la Japan Robot Week, le World Robot Summit, le Monodzukuri Matching Japan, l’IREX International Robot Exhibition  ou le RobotDex NEPCON Japan.


[1] P. Van der Weeën, « Robotics in Japan », EU-Japan Centre for Industrial Cooperation, 2015

[2] En 2016, les constructeurs automobiles ont acheté 48% plus de robots industriels qu’en 2015.

[3] D. Neumann, « Human Assistant Robotics in Japan – Challenges and Opportunities for European Companies », EU-Japan Centre for Industrial Cooperation, March 2016. A titre d’exemple, Yaskawa Electric, l’un des leaders mondiaux en robotique, prévoit un chiffre d’affaires de 10 Mds JPY (93,4 M USD) en 2025, dans le secteur médical et des soins infirmiers.

[4] En mai 2014, le Premier Ministre Shinzo Abe a annoncé, lors du sommet ministériel de l’OCDE à Paris, que le Japon réaliserait « une nouvelle révolution industrielle par les robots ». Par la suite, un Comité de Réalisation de la Révolution Robotique a été créé en septembre 2014 pour définir la stratégie robotique du Japon. C’est à l’occasion de la 6ème réunion du Robotic Revolution Realization Committee, en janvier 2015, que la Robot Strategy a été finalisée.

[5] Objectif de multiplier la taille du marché de la robotique dans le secteur manufacturier par 2 et, dans les secteurs non-manufacturiers et des services, par 20.

[6] En 2017, 9 équipes dans le secteur de l’IoT et 4 dans celui de la robotique étaient sélectionnées dans le cadre du programme Brighten up Ventures.

[7] La Japan Robot Association (JARA) est regroupe les principales entreprises japonaises impliquées dans des projets en rapport avec la robotique et a pour mission de promouvoir le développement et l’utilisation des technologies robotiques.

[8] Le National Institute of Advanced Industrial Science and Technology (AIST) est l’un des principaux organismes de recherche publique japonais. Le RIKEN est un institut national de recherche et développement. 

[9]Créée en 2015 sous l’impulsion du METI, la Robot Revolution Initiative est une organisation qui réunit des représentants de la recherche et de l’industrie dans plusieurs secteurs (automobile, agriculture, santé et soins à la personne, infrastructures). Il s’agit d’un acteur majeur pour la réalisation de la  « Robot Revolution ». Elle joue le rôle d’une plateforme d’open innovation facilitant les échanges et collaborations entre les parties prenantes impliquées dans la robotique. Son action s’organise principalement sous la forme de groupes de travail dont deux sur la robotique : Robot Innovation et Promotion of Robot Utilization in Society. 

[10] On peut citer des start-ups à succès comme Cyberdyne, MJI, Kiluck ou Extrun

[11] Vision Fund de Softbank Group, fonds de VC de Sony de 10 Mds JPY qui a investi dans 14 start-up en robotique et en IA, Toyota AI Ventures etc…

[13] On peut aussi donner l’exemple du partenariat stratégique entre la société américaine Savioke et NEC Networks and System Integration Corp en 2017 ou entre Softbank Robotics Group Corp. et le groupe chinois Qingdao Haier Co en 2018.,Ltd. pour coopérer sur le développement des robots de services en Chine.