Le budget pour l’exercice 2018/2019 (mars 2018 / mars 2019) a été adopté fin mars dernier par le Parlement, après approbation du Conseil des Gardiens de la Constitution et de la Charia. Il est entré en vigueur avant l’annonce du Président Trump en date du 8 mai 2018 sur le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’Accord de Vienne (JCPOA).

 Equivalent à 366 Mds USD, soit 72% du PIB prévisionnel, et assis sur une hypothèse, conservatrice, d’un baril de brut à 55 USD, le budget s’affiche en hausse de 6,9 % en termes nominaux par rapport à l’exercice précédent, mais en baisse de 2,8% en termes réels compte tenu d’une inflation anticipée à 10% (contre 12,1 % d’après les dernières prévisions du FMI).

     Comme les années précédentes, il se décompose en deux sous- ensembles artificiellement présentés comme équilibrés, avec des revenus et des dépenses d’un montant strictement équivalent : le « budget public », qui correspond au budget de l’Etat dans son acception la plus stricte (environ un tiers de l’ensemble) et le « budget des entités publiques », qui retrace les revenus et les dépenses des entreprises publiques et des organisations à but non lucratif liées à l’Etat (environ les deux tiers du budget global). Alors que le budget public est quasi stable en termes réels (+1% à 127 Mds USD, soit l’équivalent de 25% du PIB prévisionnel), le budget des entités publiques est en nette contraction en termes réels (-4,7% à 240 Mds USD soit l’équivalent de 47% du PIB prévisionnel).

    S’agissant spécifiquement du budget public, l’évolution de ses principales composantes traduit un recul des recettes hydrocarbures (-10,5% en termes nominaux une fois converties en rials) mais une hausse très sensible des recettes fiscales (+23,2%) ; une progression des dépenses de fonctionnement (+15,6%) légèrement supérieure au rythme l’inflation ; une baisse marquée des dépenses d’investissement (-13,1% en termes nominaux).

      Bâti sur une prévision de croissance (5%) légèrement supérieure à celle du FMI (4%) et sur une hypothèse prudente s’agissant du prix moyen du baril de brut exporté, le budget public adopté pour l’exercice 2018/2019 a été critiqué pour son austérité par ses détracteurs. Il apparaît en définitive plus réaliste que ses devanciers, notamment s’agissant de l’enveloppe allouée aux dépenses d’investissement qui semble mieux dimensionnée au regard des capacités d’absorption de l’économie iranienne. Ces concepteurs avaient selon toute vraisemblance, tenu compte, pour une large part, des effets d’un éventuel retrait américain du JCPOA -devenu réalité le 8 mai dernier- sur le niveau attendu des recettes pétrolières.  Pour autant, de par ses modalités d’application, la décision du Président Trump devrait se traduire a minima par un fort ralentissement de l’activité économique et, partant, par une stagnation ou un recul des recettes fiscales. Elle devrait également engendrer une modification sensible des arbitrages initialement prévus en termes de dépenses au détriment des projets d’investissements publics.