Le séminaire Fourgeaud du 16 mai 2018 a porté sur le thème "Gender gap".

Tout d’abord, Sophie Maillard (Insee) et Maxime Tô (Institut des Politiques Publiques, University College London et Institute for Fiscal Studies) ont exposé les principaux résultats d’une étude réalisée avec Élise Coudin (Insee et Crest) intitulée "Famille, entreprises et écart salarial homme – femme en France".

Ensuite, Sébastien Roux (Insee, Crest et Ined) a présenté les résultats d’une étude réalisée avec Laurent Gobillon (Paris School of Economics) et Dominique Meurs (Université de Paris Ouest Nanterre - EconomiX et Ined) intitulée "Différences de positions dans une hiérarchie : contrefactuels fondés sur un modèle d’assignation".

La discussion a été introduite par Emmanuel Duguet (ERUDITE, Université Paris Est Créteil).

 

Intervenants au séminaire Fourgeaud du 16 mai 2018

Sur la photo : Emmanuel Duguet, Maxime Tô,  Sébastien Roux et Sophie Maillard
Crédit photo : © Alain Salesse, Secrétariat général des ministères économiques et financiers, droits réservés.

Voici un bref résumé des études présentées :

 « Famille, entreprises et écart salarial homme–femme en France », par Élise Coudin, Sophie Maillard et Maxime Tô

Nous explorons le rôle des politiques salariales des entreprises, d'une part, et l'effet de de la parentalité, d'autre part, sur les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. En outre, notre analyse s'intéresse à l'effet joint de ces deux mécanismes qui sont susceptibles d'interagir. Nous montrons qu'en France, au cours des deux dernières décennies, les inégalités entre hommes et femmes imputables aux entreprises sont principalement liées à une plus forte présence des femmes dans des entreprises aux politiques salariales moins généreuses que celles où travaillent les hommes. Nous montrons également que cette ségrégation intervient principalement au moment de la naissance du premier enfant : en plus de subir une pénalité directe liée à la naissance des enfants, les femmes sont indirectement touchées par le type d'entreprise dans lesquelles elles travaillent. Nous sommes également en mesure d'associer ce mécanisme à d'autres comportements contemporains de la naissance des enfants : contrairement aux pères, les mères sont en effet plus enclines à travailler dans des entreprises qui offrent plus souvent des emplois à temps partiel, et travaillent plus près de leur domicile.

« Différences de positions dans une hiérarchie : contrefactuels fondés sur un modèle d’assignation », par Laurent Gobillon, Dominique Meurs et Sébastien Roux

Nous proposons un modèle d'assignation dans lequel les positions hiérarchiques sont attribuées aux individus en fonction de leurs caractéristiques observables. Notre cadre théorique peut être utilisé pour étudier les différences d’assignation à différentes positions dans la hiérarchie et les résultats découlant de cette position. Nous montrons comment il peut être utilisé pour effectuer des décompositions ou construire des contrefactuels. Il constitue une alternative aux méthodes plus descriptives telles que les décompositions d'Oaxaca et les approches contrefactuelles en quantiles.

Nous appliquons cette méthode aux disparités entre les sexes dans les secteurs public et privé français grâce à un ensemble de données administratives exhaustives. Alors que les femmes semblent être traitées plus équitablement dans le secteur public que dans le secteur privé sur le seul critère de salaire, nous constatons que l'écart entre les sexes dans la propension à obtenir des postes de travail le long de la distribution des salaires est assez similaire dans les deux secteurs. L'écart salarial entre les hommes et les femmes dans le secteur public est de 13,3 points et il ne serait plus élevé que de 0,7 point de pourcentage si les travailleurs étaient assignés à des postes comme ils le sont dans le secteur privé. Néanmoins, l'écart entre les sexes du dernier décile dans le secteur public augmenterait jusqu’à 3,6 points de pourcentage si les salariés du public étaient assignés à des postes comme ils le sont dans le secteur privé.

 
Ce séminaire généraliste de la direction générale du Trésor est un lieu d'échanges de tous ceux qui participent au progrès de l'économie quantitative : membres de l'administration économique, universitaires, économistes de banques ou d'entreprises, représentants d’institutions économiques et financières internationales, etc. À tonalité scientifique, ce séminaire cherche à favoriser la réflexion sur les grandes questions économiques, notamment de politique économique, ainsi qu'à faire progresser les méthodes permettant d’analyser ces questions. Les thèmes abordés couvrent l'ensemble des domaines d'intervention de la direction générale du Trésor et font l'objet d'exposés présentés tant par ses membres que par des spécialistes extérieurs.