Présentée le 30 janvier 2017, la stratégie « Vision du Koweït en 2035 » a pour objectif de planifier le développement socio-économique du pays et de diversifier ses secteurs d’activité pour le transformer en un centre économique et financier régional. Sheikh Nasser Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, le Premier Vice-Premier ministre, ministre de la défense, Président du conseil d’administration de la zone économique internationale et l’aîné des fils de l’émir du Koweït, s’est récemment exprimé sur le sujet.

1/ Une volonté affichée de diversifier l’économie koweïtienne, de réduire la dépendance au secteur des hydrocarbures et de renforcer le secteur privé.

La stratégie « Vision du Koweït en 2035 » doit permettre de diversifier les sources de recettes budgétaires, alors même que le secteur des hydrocarbures, entièrement nationalisé, représente près de 90% des recettes budgétaires. Les autres ambitions mises en avant sont : la bonne gouvernance, l’attractivité du pays, la valorisation du capital humain, la lutte contre le réchauffement climatique, l’amélioration du système de santé et la réalisation de grands travaux d’infrastructures.

L’un des objectifs majeurs demeure la création de la ville nouvelle de « Silk City », d’une superficie de 250 km², qui doit devenir à terme le deuxième centre urbain du pays, accueillant 700 000 habitants (450 000 emplois à créer). « Silk City » serait gérée comme une zone économique, administrativement autonome, financée par les investisseurs privés et les marchés financiers et non par des fonds publics, dont les recettes représenteraient 25 à 30% du PIB.

Le programme vise également à transformer cinq îles (Boubiyan, Faïlaka, Warbah, Miskan, Awhah) en zones franches et en destinations touristiques attractives avec de nouveaux musées, des centres culturels, universitaires et sportifs. La Chine s’est déjà positionnée pour être le principal investisseur et bailleur de fonds dans ces projets dans le nord du pays.

L’ensemble de cette stratégie pourrait nécessiter jusqu’à 450 MdUSD d’investissement d’ici 2030.

2/ Un effet levier important sur la mise en œuvre de réformes structurelles.

Grâce à la réalisation des objectifs majeurs annoncés, l’économie koweïtienne devrait bénéficier de la création d’au moins 200 000 emplois, d’une meilleure attractivité et d’un environnement des affaires amélioré. La numérisation de la société et de l’ensemble de l’administration nationale est ciblée. La stratégie « 2035 » prévoit également un programme spécifique dédié à la lutte contre la corruption.

Lors d’une réunion organisée avec Ali Al-Ghanim, Président de la Chambre de commerce et d’industrie koweïtienne, Sheikh Nasser a insisté sur le rôle clé que devrait jouer le secteur privé dans la réalisation de Silk City et la transformation des îles dans le nord du pays.

Pour autant, la vitesse d’exécution de la « Vision du Koweït en 2035 » serait sans doute plus lente que la « Vision de l’Arabie Saoudite en 2030 », car celle-ci est déjà plus détaillée et aboutie.

3/ Certains doutes quant à la faisabilité du projet.

Evoquant le plan, Marzouq Al-Ghanim, le Président du Parlement koweïtien, souligne l’importance d’une participation active de la société civile dans le développement du pays. Il estime que le Parlement devrait approuver le schéma directeur du projet et faciliter sa mise en œuvre opérationnelle dès que les précisions seraient apportées par le gouvernement.

Pour autant, le Parlement reste divisé quant à la faisabilité de ce projet. Certains freins structurels sont notamment mis en avant : la faiblesse du secteur privé par rapport au secteur public, la concentration du pouvoir financier privé au profit d’un nombre restreint de grandes familles marchandes, l’inefficacité d’une partie de la haute fonction publique.