Le séminaire Fourgeaud du 28 mars 2018 a porté sur le thème "Formation des prix et inflation".

Tout d’abord, Sophie Guilloux-Nefussi (Banque de France) a exposé les principaux résultats d’une étude réalisée avec Juan Carluccio (Banque de France et Université de Surrey) et Erwan Gautier (Banque de France et Université de Nantes) intitulée "Effet des importations des pays à bas salaire sur l'inflation française".

Ensuite, Giovanni Ricco (Université de Warwick et OFCE – Sciences Po) a présenté les résultats d’une étude réalisée avec Thomas Hasenzagl (Now-Casting Economics), Filippo Pellegrino (London School of Economics et Now-Casting Economics) et Lucrezia Reichlin (Université de Warwick et OFCE – Sciences Po) intitulée "La modélisation du point de vue de la Fed sur l'inflation : peu d’inflation pour encore un moment dans la zone euro".

La discussion a été introduite par Romain Faquet (direction générale du Trésor).

 Intervenants au séminaire Fourgeaud du 28 mars 2018

 

  • Sur la photo : Romain Faquet, Sophie Guilloux-Nefussi et Giovanni Ricco  

Voici un bref résumé des études présentées :

« Effet des importations des pays à bas salaire sur l'inflation française », par Juan Carluccio, Erwan Gautier et Sophie Guilloux-Nefussi

Nous évaluons l'impact des importations en provenance des pays à bas salaires sur l'inflation des prix à la consommation en France entre 1994 et 2014. La part des importations en provenance des pays à bas salaires dans la consommation des ménages est passée d'environ 2% à 7% et a eu un impact négatif sur l’inflation de -0,15 point de pourcentage par an en moyenne.  Cet effet est la somme de trois canaux qui comptent chacun pour environ un tiers du total : 1) D’une part, les produits importés de pays à bas coût remplacent des produits français dans le panier de consommation des ménages. Comme ils sont moins chers (d’environ 40%), cette substitution réduit l’inflation domestique. 2) D’autre part, à niveau d’importations donné, l’inflation importée baisse à mesure que la part des pays à bas coût dans les importations totales s’accroît, ce qui réduit également l’inflation des prix à la consommation. 3) Enfin, les entreprises françaises réagissent aux nouvelles pressions concurrentielles en réduisant leurs marges et en baissant leurs prix.

 

« La modélisation du point de vue de la Fed sur l'inflation : peu d’inflation pour encore un moment dans la zone euro », par Thomas Hasenzagl, Filippo Pellegrino, Lucrezia Reichlin et Giovanni Ricco

Selon la Fed les trois composantes qui influencent la dynamique de l'inflation sont : les anticipations d’inflation ancrées à long terme ; le cycle reliant les variables nominales et réelles et le prix du pétrole. Cet article propose un modèle économétrique structurel de l'inflation formalisant ce point de vue. Nos résultats montrent une tendance des anticipations stables, une courbe de Phillips de pente importante et bien identifiée et un cycle pétrolier qui, contrairement au modèle d'anticipation rationnelle standard, affecte l'inflation via les anticipations sans modifier l'écart de production. Cet effet est souvent plus important que celui de la courbe de Phillips. De fait, la dynamique conjointe du cycle de la courbe de Phillips et des cycles pétroliers explique les paradoxes d'inflation de ces dix dernières années.


Ce séminaire généraliste de la direction générale du Trésor est un lieu d'échanges de tous ceux qui participent au progrès de l'économie quantitative : membres de l'administration économique, universitaires, économistes de banques ou d'entreprises, représentants d’institutions économiques et financières internationales, etc. À tonalité scientifique, ce séminaire cherche à favoriser la réflexion sur les grandes questions économiques, notamment de politique économique, ainsi qu'à faire progresser les méthodes permettant d’analyser ces questions. Les thèmes abordés couvrent l'ensemble des domaines d'intervention de la direction générale du Trésor et font l'objet d'exposés présentés tant par ses membres que par des spécialistes extérieurs.

Crédit photo : © Patrick Védrune, Secrétariat général des ministères économiques et financiers, droits réservés.