Les autorités koweïtiennes ont dévoilé leur plan d’aménagement du « Nouveau Koweït » lors de l’événement Kuwait Investment Forum, placé sous le haut patronage de l’Emir. Cheikh Nasser Al Sabah, premier vice-Premier ministre, a présenté ce grand projet de développement qui doit comprendre notamment l’aménagement de cinq îles dont Boubiyan en centres touristiques, la construction de villes nouvelles, la réalisation d’un port en eaux profondes.

1/ L’ambition du concept a été présentée lors de la cérémonie d’ouverture, présidée par l’Emir.

Dans le perspective de la diversification attendue de l’économie du Koweït et de l’essor de son secteur privé, le plan de développement « nouveau Koweït » a été décrit comme la valorisation d’un carrefour entre l’Orient et l’Occident. Cheikh Nasser Al Sabah, fils de l’Emir, premier vice-Premier ministre et ministre de la défense, a insisté sur la nécessité de réaliser de solides investissements afin d’atteindre les objectifs majeurs fixés par l’Emir dans sa « vision du Koweït en 2035 ».

Le développement de la partie septentrionale du pays permettrait notamment de participer à l’intégration harmonieuse de la région grâce au soutien de la Chine (Belt Road Initiative). Les recettes estimées devraient atteindre 35 MdUSD : les liaisons aériennes seraient améliorées grâce à la mise en service de nouveaux terminaux aéroportuaires, les communications terrestres et maritimes avec les pays voisins seraient également facilitées, les capacités logistiques seraient décuplées grâce à l’aménagement de 3 ports dont un en eaux profondes (privatisation évoquée), le potentiel touristique serait mis à la disposition d’environ 5 millions de touristes/an via le développement de cinq îles (superficie globale de 1000 Km2, accueil de centres de loisirs, universitaires et industriels). Une ville nouvelle baptisée « cité de la soie » devrait accueillir 300 000 habitants.

La Banque mondiale confirmait qu’une zone franche serait établie afin de faciliter les échanges internationaux et l’implantation de sociétés étrangères. Environ 200 MdUSD d’investissements directs étrangers devraient permettre de créer 400 000 emplois.

2/ L’amélioration de l’écosystème est notable depuis le lancement de la « vision 2035 ».

Dressant le bilan des mesures prises récemment, le ministre du commerce et de l’industrie estimait que la loi sur le partenariat public-privé (2014) avait permis d’initier des projets majeurs dans le secteur de l’énergie, le renouvelable étant ciblé. Se référant au plan de développement national 2010-2015, des projets liés aux infrastructures et au domaine de la santé avaient été engagés à hauteur de 23,6 MdKD sur les 36,9 prévus. Le classement du Koweït dans les rapports sur la compétitivité était plus flatteur et la notation des grandes agences internationales se maintenaient au niveau « stable ».

L’attractivité du pays s’améliorait et 29 sociétés étrangères s’étaient implantées au Koweït depuis 2017, pour un montant d’investissement de 725 MKD. Parmi les mesures incitatives, les dispositions proposées par l’autorité publique dédiée aux investissements directs étrangers (KDIPA) permettaient aux sociétés étrangères de disposer de 100% de leur capital en créant une filiale locale. Pour autant, le pays avait besoin de capital humain plutôt que de soutien financier.

L’effort était porté sur la recherche et le développement (+1% sur l’exercice budgétaire en cours) et la formation de la jeunesse dans le cadre du soutien au secteur privé. Une nouvelle cité universitaire allait bientôt être opérationnelle (13 collèges) ; le Koweït compterait plus de 40 universités privées et plus de 500 écoles privées. Un « centre des affaires » serait créé pour aider les jeunes diplômés à mieux s’intégrer dans la vie active voire profiter d’un soutien financier pour lancer leurs premiers projets (fonds national pour les PME disposant de 2 MdKD). La priorité serait donnée à la formation sur les technologies de l’information et l’innovation.

La ministre des affaires sociales et économiques rappelait que la lutte contre la corruption et l’amélioration de la transparence dans les transactions économiques étaient également au centre des préoccupations du gouvernement. Il s’agissait d’améliorer le climat des affaires pour rassurer les investisseurs internationaux. Chargée également du Plan, la ministre confirmait, par ailleurs, que les restrictions budgétaires ne toucheraient pas les projets majeurs, intégrés dans ce plan « nouveau Koweït », considéré comme stratégique.

3/ Les secteurs prioritaires comprennent les communications, les hydrocarbures, le tourisme, les infrastructures.

Le président de l’autorité de régulation des communications confirmait l’objectif de transformer le Koweït en « hub » de communications, situé entre l’Asie et l’Europe. Il s’agissait de déployer des faisceaux à haut débit pour établir un corridor alternatif à l’actuel réseau passant par le canal de Suez, en traversant l’Irak et la Turquie. Grâce au digital, les échanges seraient facilités avec les voisins et les nouveaux marchés.

Concernant  le secteur des hydrocarbures, l’augmentation des capacités de production était rappelée : passer à 4,75 Mb/j en 2040 avec 500 MdUSD d’investissement prévus pour la production du pétrole, du gaz et le raffinage. Dans ce secteur régalien par excellence, la pétrochimie (raffinage, carburant vert) serait totalement accessible aux industriels privés koweïtiens et étrangers.

Le directeur de l’agence nationale des entreprises touristiques, opérant sous l’autorité du fonds souverain KIA, insistait sur la faible performance actuellement enregistrée par le secteur du tourisme au Koweït, comparée à celle des pays voisins. Il convenait désormais de valoriser le capital touristique des îles et d’aménager des aires de loisirs en zones frontalières. Une académie du tourisme était à l’étude.

L’autorité de régulation des transports précisait que le plan de développement des infrastructures routières prévoyait un montant de 8 MdKD à engager d’ici 2026 : 24 projets étaient en cours et 37 autres devaient débuter à court/moyen terme dont l’établissement d’un plan directeur sur la gestion des transports urbains publics. Le président de l’autorité publique des industries annonçait des progrès dans l’implantation de la cité industrielle Al Nayem, située à 70 km sud-est de Kuwait city. Conçue sur un modèle de ville durable, les sites de production qui y seraient accueillis devraient respecter les normes de protection environnementale.

Par ailleurs, le secrétaire général du Plan estimait que la programmation des efforts budgétaires devait permettre d’atteindre les objectifs fixés pour 2035. Le gouvernement maintenait le cap vers une montée en puissance progressive du secteur privé et la valorisation du capital humain. Un effort était déjà accordé à la valorisation du positionnement de la femme au sein de la société civile et de la communauté d’affaires. Les infrastructures de santé étaient également à l’ordre du jour.

4/ Le financement des projets est dédié au développement durable.

Le gouverneur de la Banque centrale du Koweït se félicitait des notations récemment accordées par les agences internationales dont Standard and Poor’s : AA/stable. La solidité et le dynamisme du secteur bancaire national méritaient d’être soulignés tout comme la prudente politique monétaire menée par les autorités du pays. Les indicateurs économiques et financiers étaient globalement positifs. La supervision exercée par l’autorité des marchés financiers (CMA) donnait toute satisfaction en termes de convergence avec les normes de Bâle III sur le capital. Il s’agissait désormais d’attirer davantage d’investisseurs étrangers pour qu’ils participent à l’effort de financement du plan « nouveau Koweït ».

Les banques islamiques étaient également dynamiques et le président de la Kuwait Finance House appréciait le taux d’inclusion bancaire de la population koweïtienne à 73%, supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Le réseau des 80 pays disposant de banques islamiques permettait d’envisager une augmentation des transactions de 7% à court/moyen terme.