L’année 2017 aura marqué un tournant pour le Kenya. Alors que la stratégie de développement économique du pays était considérée comme un modèle de réussite dans la région, l’économie kenyane a affronté une série de chocs politiques et économiques qui ont fait craindre l’affaiblissement de son dynamisme. Les incertitudes politiques nées de la difficulté à conduire l’exercice électoral dans des conditions apaisées ont démultiplié l’impact des facteurs de ralentissement de l’économie déjà à l’oeuvre sur la confiance des investisseurs et des institutions internationales. La stratégie de développement fondé sur les investissements publics dans les infrastructures est confrontée aujourd’hui à la contrainte de la soutenabilité de son financement par l’endettement externe, tandis que l’économie productive, dans l’agriculture et l’industrie notamment, doit impérativement se moderniser pour renforcer sa compétitivité, accélérer et améliorer l’insertion du pays dans les échanges mondiaux.
Le Président réélu a fait de la satisfaction des besoins immédiats de la population la priorité de son action au cours de son second mandat : la sécurité alimentaire, le logement, la santé et l’industrialisation créatrice d’emplois sont désormais les quatre piliers de sa politique ; ces orientations sont incontestablement pertinentes mais les arbitrages au profit de ces priorités devront être rendus sous la contrainte de la soutenabilité de la trajectoire des finances publiques et du renforcement impératif de la compétitivité de l’économie réelle.
Le Kenya devra également s’attacher à relancer la dynamique d’intégration économique régionale au sein de la CAE, dont il a été le principal bénéficiaire jusqu’alors, mais qui est aujourd’hui freinée par les tensions politiques et économiques entre les états-membres. Le refus de certains d’entre eux de ratifier l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne a été le catalyseur de ces tensions en 2016 et 2017, affaiblissant potentiellement le débouché le plus favorable aux exportations agricoles et agroalimentaires du Kenya. En outre, alors que le Kenya et la Tanzanie sont en compétition pour se positionner comme la plateforme logistique et portuaire de l’Afrique de l’Est, l’Ouganda a préféré en 2016 la Tanzanie au Kenya pour le parcours de l’oléoduc d’évacuation du pétrole du Lac Albert et le Rwanda a fait de même concernant le débouché de sa ligne ferroviaire vers la côte en 2017.
Enfin, alors que les grands projets d’exploitation pétrolière, gazière et minière alimentent des flux d’investissements étrangers très importants dans les pays voisins (Tanzanie et Ouganda), le Kenya peine à trouver les relais de croissance, qui lui permettraient d’assurer la modernisation de son économie. La transformation de l’agriculture et l’industrialisation du pays sont les orientations qui permettraient à la fois de renforcer l’insertion du pays dans les échanges mondiaux et de créer les emplois indispensables pour absorber le choc démographique en cours. Mais pour atteindre cette ambition, le Kenya, qui dispose d’atouts incontestables, doit améliorer significativement le fonctionnement de son marché et sa gouvernance publique, notamment par l’éradication de la corruption, afin de renforcer son attractivité auprès des investisseurs étrangers.

1. Une transformation rapide de l’économie qui génère des déséquilibres

Le Kenya est d’abord une économie de services, à la source d’innovations majeures répliquées dans tout le continent. Le PIB du Kenya, de 75 Mds USD en 2017, est constitué à plus de 50 % de services ; le niveau de développement des services de transports, de médecine, d’éducation ou encore financiers fait du pays une plateforme régionale. Son poids dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) lui permet de bénéficier pleinement de l’intégration économique au sein du marché commun de la CAE et de valoriser ainsi ses avantages propres, notamment son libéralisme économique, le dynamisme de ses entrepreneurs et de ses banques, ou encore la qualité de son système éducatif. Le Kenya a su innover, combinant technologies numériques et services financiers, notamment dans son système de paiement mobile M-Pesa, lancé en 2007 et repris partout dans le monde, ou encore M-Akiba, plateforme mobile de souscription d’obligations du Trésor inaugurée en 2017. Le secteur agricole représente quant à lui 30 % du PIB et, s’il occupe toujours les 2/3 de la population, a réussi l’internationalisation de certains secteurs - thé, fleurs, légumes verts. L’industrie représente 20 % du PIB et cette part relative tend à se réduire, ce qui illustre les difficultés du Kenya à passer d’une économie de comptoir à un stade industriel.

 La mise en œuvre de la stratégie « Vision 2030 », qui donne la priorité au développement des infrastructures, s’est traduite par un quasi doublement du rythme de croissance annuel depuis le début des années 2010. Lancé en 2008, le programme « Vision 2030 » ambitionne de transformer le Kenya « en un pays intermédiaire nouvellement industrialisé, qui confère à ses citoyens un haut niveau de vie, dans un environnement propre et sécurisé » et ce, d’ici 2030. Pour ce faire, le pays s’est engagé dans une politique d’investissements publics qui a permis au Kenya de quasiment doubler son taux de croissance depuis le début des années 2010 : il est passé à 5,9 % au cours de la période contre 3,4 % en moyenne au cours de la décennie 2000. Ce dynamisme a porté le PIB par habitant à 1500 USD en 2016, ce qui classe le Kenya dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, le seul de la CAE. Le pays n’en reste pas moins très inégalitaire : le taux de pauvreté reste élevé et l’insécurité alimentaire forte avec, actuellement, près de trois millions de personnes bénéficiant d’une assistance alimentaire.

La forte croissance enregistrée depuis cinq ans ne s’est pas traduite par la création du million d’emplois promis - 400 000, tout au plus - dont 180 000 dans le seul secteur de l’économie numérique. Elle n’a pas été non plus inclusive, les disparités de revenus, notamment territoriales, s’étant creusées massivement, tandis que la question des inégalités foncières et de l’accès à la terre n’a été que partiellement et partialement traitée par des campagnes de distribution de titres de propriété. La stratégie d’industrialisation, qui vise à améliorer les conditions d’insertion du pays dans les échanges mondiaux par l’augmentation de la valeur ajoutée des exportations et la substitution de productions nationales aux importations, n’a pas réellement été mise en œuvre ; en particulier, ni l’initiative « Buy Kenya, Build Kenya » ni le déploiement des dispositifs d’incitation aux investissements industriels – zones franches export, zones économiques spéciales - ne se sont traduits encore par des résultats significatifs.

Les progrès accomplis dans les infrastructures sont tangibles; le développement du secteur énergétique est notable, notamment grâce à l’ouverture aux investisseurs privés, et le Kenya peut s’enorgueillir d’avoir désormais un mix électrique composé à 80 % de renouvelables. Il en est de même de l’accès à l’eau, qui progresse notablement. Dans le secteur des transports, le retard dans les réformes en matière de gouvernance a limité le développement des partenariats public privé et si la réhabilitation de la liaison ferroviaire entre Mombasa et Nairobi - le grand chantier du président – a été menée à bien, au prix d’un endettement massif auprès de la Chine, aucune ville kenyane ne dispose à ce jour d’un système de transport urbain massifié, y compris Nairobi pourtant désignée comme la deuxième ville la plus congestionnée au monde en avril 2017. Le rapport 2017 du G20 sur les perspectives d’infrastructures mondiales (Global Infrastructure Outlook Report) évalue à 223 Mds USD le besoin de financements du Kenya d’ici 2040, pour atteindre les objectifs du développement durable (ODD), compte tenu de l’augmentation de la population kenyane, qui devrait passer de 47 à 85 millions d’habitants.

2. La France a contribué au dynamisme de l’économie kenyane au cours des dernières années, tant par le financement des infrastructures du pays, que par le canal des investissements réalisés par nos entreprises.

Selon l’OCDE, la France est le quatrième bailleur bilatéral du Kenya, derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon. Mais elle est le troisième créancier bilatéral du pays derrière la Chine et le Japon, loin devant l’Allemagne. Le Kenya représente même la première exposition en Afrique subsaharienne de l’AFD et la troisième au monde après le Brésil et le Maroc, avec 1,8 Md EUR, en tenant compte des compartiments souverain et non-souverain. L’énergie représente à elle seule 50% du portefeuille de l’AFD mais l’agence est également active dans le secteur de l’eau, plus particulièrement en zones urbaines et, dans une moindre mesure, dans le secteur des transports. Le Kenya bénéficie également des instruments du Trésor, orientés sur les mêmes secteurs prioritaires et articulés avec les interventions de l'AFD.

Le stock des investissements directs français représente 10 % du total des IDE au Kenya (environ 6 Mds USD).  La France serait ainsi le 3ème investisseur au Kenya derrière le Royaume-Uni et Maurice. L’intérêt des entreprises françaises pour le Kenya comme destination d’investissements productifs est croissant. La présence historique de Total, Lafarge ou Bolloré et le retour industriel de Peugeot en sont le symbole, mais d’autres entreprises françaises ont franchi le pas au cours des cinq dernières années, telles que Schneider Electric, L’Oréal, Danone, Saint-Gobain, Essilor, Bonduelle, Vinci, Egis, Accor, Sodexho, Carrefour, ou sont en cours d’installation comme Dassault Systèmes, Renault Trucks, OCEA Marine, Société Générale ou encore Creadev et Décathlon. L’attractivité du Kenya pour les entreprises françaises, bien réelle, a même constitué un argument de campagne du président Kenyatta qui cite le nombre de 100 sociétés françaises implantées dans le pays. Cette atractivité est portée par la qualité des infrastructures de communication et des services aux entreprises, par l’ouverture du pays aux investissements étrangers et par la dimension régionale du marché ouvert aux entreprises installées au Kenya, à travers l'union économique réalisée à l'échelle de la communauté de l'Afrique de l'est.

Le Kenya n’étant pas un partenaire de premier plan pour la France dans l’aéronautique ou la défense, les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent limités: ils ont atteint 273 MEUR en 2017 et permis de dégager un excédent de 60 MEUR en faveur de la France. A 172 MEUR en 2017, les exportations françaises sont constituées avant tout de produits chimiques, parfums et cosmétiques, de produits informatiques et équipements électriques, de produits agroalimentaires, ces derniers étant en forte augmentation depuis l’installation de Carrefour. Nos importations, à 101 MEUR, sont exclusivement composées de produits agricoles ou agroalimentaires. La France est un partenaire commercial secondaire pour le Kenya : elle est son 16e fournisseur (avec une part de marché de 1,1 %) et son 11e client. En perspective, les prévisions de croissance du Kenya pour les années suivantes sont plutôt favorables pour nos échanges bilatéraux. La reconquête des parts de marché perdues au long de la décennie passée par la France au Kenya ne sera que progressif, dans un contexte où aucun grand contrat n’est identifié à ce jour. Cependant, l’implantation récente ou prochaine d’entreprises françaises au Kenya, comme la mise en place d’une usine d’assemblage par le constructeur automobile Peugeot ou l’ouverture d’une unité de fabrication par le groupe Essilor devrait conduire à l’augmentation des exportations françaises. Par ailleurs, plusieurs grands projets de développement financés par la France ont été remportés par des entreprises françaises, ce qui augmentera les importations kenyanes de biens d’équipement depuis la France à partir de 2017 (station de production d’eau de Kigoro, barrage et station de production d’eau de Ruiru, notamment). 

3. La relation économique bilatérale évolue vers un partenariat approfondi, centré sur l’accompagnement des mutations de l’économie kenyane, par la mobilisation des instruments publics et privés d’influence économique français.

Le Kenya ambitionne d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire supérieur, soit un PIB par habitant de 4000 USD en 2030. L’enjeu qui conditionne largement l’atteinte de cet objectif est la maîtrise du facteur démographique. La transition démographique est déjà bien amorcée au Kenya, avec une décélération des taux de fertilité, par ailleurs encore très élevés avec 4,2 enfants en moyenne par femme en 2015. Mais le pays doit faire face à l’arrivée à l’âge actif des générations nombreuses des décennies 1990 et 2000. L’augmentation nette de la population active (15-64 ans) est aujourd’hui d’environ 1 million d’individus par an. Elle devrait s’élever à 1,3 million par an d’ici 2030. Pour l’essentiel ce flux est représenté par l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Seuls 10 % d’entre eux rejoignent l’emploi à l’issue d’une formation à l’université ou dans des écoles techniques, les 9/10ème n’ayant pas de qualification professionnelle même si l’effort d’éducation du pays est remarquable avec des taux de scolarisation de plus de 90% dans le primaire et de 45% dans le secondaire. L’économie kenyane est donc confrontée à un double défi : celui d’une modernisation indispensable pour augmenter sa productivité, tout en créant des emplois en nombre pour absorber le surplus démographique. Le dividende démographique – à savoir un ratio d’actifs sur inactifs très favorable jusqu’en 2065 - dont se prévalent les autorités kenyanes auprès des investisseurs étrangers, pourrait donc se révéler incertain, voire handicapant pour le pays, si l’économie ne parvient pas à créer les conditions d’absorption de la vague démographique.

Mobiliser l’expertise de la France pour accompagner le Kenya dans une transition économique et sociale délicate. La France jouit d’une image favorable auprès des autorités kenyanes, en raison de son engagement significatif dans le financement du développement du pays, de la présence historique d’acteurs économiques de premier plan (Total, Lafarge, Peugeot, Bolloré) et de l’implantation récente d’investisseurs français, ou encore de l’impulsion forte qu’elle a donnée en faveur de thématiques que le Kenya a reprises à son compte comme la protection de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Elle peut valoriser ce capital de confiance en proposant de mettre son expertise publique et privée au service du Kenya pour l’accompagner dans la prise en charge des enjeux structurants.

Dans l’agriculture, la présence française est discrète mais bien réelle à travers des investissements stratégiques des groupes français dans les secteurs majeurs tels que le sucre (Tereos), le secteur laitier (Danone) ou encore les légumes et les fleurs (Bonduelle, HM Clause, Red Land Roses, Bigot Fleurs). Outre leurs investissements directs dans le secteur, ces acteurs contribuent de manière significative aux efforts de modernisation soutenable de l’agriculture ; ainsi Danone soutient, via le fonds d’investissement Livelihoods, un vaste programme d’amélioration des méthodes d’élevage dans le nord du Kenya, qui vise à favoriser le maintien des petits éleveurs-cultivateurs parmi les fournisseurs de son partenaire Brookside.

Alors que la formation professionnelle constituait un des engagements du président élu, les progrès dans ce domaine ont été faibles, faute de ressources suffisantes et de réelle stratégie. Cette faiblesse pénalise tant la croissance potentielle du Kenya que les projets de développement des entreprises étrangères qui peinent à trouver une main d’œuvre qualifiée. La situation est d’autant plus contraignante qu’elle se double de règles strictes en matière de contenu local en emploi imposées aux investisseurs. Pour y répondre, les entreprises étrangères intègrent de plus en plus un volet relatif à la formation professionnelle dans leur stratégie de développement local. Elles sont accompagnées en cela par les autorités françaises, à travers la promotion des « centres d’excellence de formation technique ». Trois centres d’excellence sont en cours de déploiement au Kenya autour de Schneider Electric (génie électrique), Urbasolar (énergie photovoltaïque), Dassault Systèmes (logiciels), et deux sont à l’étude, Saint-Gobain (ville et bâtiment durables) et Peugeot (automobile). Ce dispositif compense les carences du système de formation professionnelle local, tant public que privé, en répondant aux besoins des entreprises françaises. Réelle innovation au Kenya, cette approche portée par la France est largement saluée par les autorités kenyanes qui la considèrent comme le modèle à suivre.

Une Communauté French Tech a été lancée à Nairobi par sept entreprises kenyanes et françaises (Total Kenya, Safaricom, Techno Brain, L’Oréal East Africa, Engie East Africa, Jumia Internet, Sagaci Research). Elle vise à regrouper les jeunes entrepreneurs, les investisseurs, les développeurs, les structures d’incubation et d’accélération ou encore les centres de recherche ou d’application publics et privés actifs dans l’écosystème Tech de Nairobi, qui compte près de deux cents structures identifiées. L’objectif de la Communauté French Tech de Nairobi est de favoriser l’interaction entre les écosystèmes de l’innovation d’Afrique de l’est et français. A ce titre, elle assure la diffusion large des opérations d’attractivité de la French Tech auprès de l’écosystème kenyan et régional, dont sont déjà issus deux lauréats de l’édition 2016, mais lancera également ses propres concours d’innovation avec l’appui des grandes entreprises fondatrices. La Communauté French Tech de Nairobi soutient également les initiatives en faveur de l’entreprenariat des jeunes. A cet égard, elle participera en mars prochain, à l’occasion de la visite du Président du MEDEF, au Forum « Stars In Africa », initiative lancée fin 2016 par le MEDEF et Business Africa et supportée par l’European Business Forum, en faveur de l’entreprenariat et de l’innovation en direction de la jeunesse africaine. L’organisation du forum à Nairobi a reçu un soutien marqué des organisations patronales kenyanes (KEPSA, KAM, FKE) et surtout de la Présidence.

Le développement urbain durable n’est pas réellement identifié aujourd’hui comme une priorité absolue par les autorités kenyanes, alors que la planification urbaine, le logement, les mobilités, l’accès universel à l'électricité et à l’eau ou encore la gestion des déchets font encore largement défaut. Pourtant, la population urbaine du Kenya devrait plus que tripler d’ici 2050 et à elle seule la ville de Nairobi devrait voir sa population passer de 5 à 8 millions d’habitants au cours de la prochaine décennie. Au total, 35 millions de personnes supplémentaires vivront dans les zones urbaines kényanes d’ici 2050. Cette dynamique démographique comporte d’importants enjeux de soutenabilité alors qu’une majorité de la population urbaine kényane vit dans la précarité. Dans le prolongement du discours du Président de la République de Ouagadougou, la France lancera en juillet 2018 une initiative en faveur de la « ville et du bâtiment durables » en Afrique de l’est, rassemblant l’ensemble des opérateurs publics et privés français. L’objectif est de capitaliser sur la présence française, nombreuse et active dans ce domaine, pour nouer des partenariats structurants avec les métropoles urbaines au Kenya mais également en Ouganda, Tanzanie et Éthiopie, sur les grandes thématiques du développement urbain. Les premières « Rencontres régionales de la ville durable »  de Nairobi auront vocation à réunir l’expertise publique et privée française – notamment celle de nos métropoles – kenyane  et régionale, autour des enjeux de l’urbanisation durable.

La France a proposé au Kenya de partager son expertise en matière de décentralisation. Cette coopération a pour objectif l’amélioration de la gestion des finances publiques kenyanes : la mise en œuvre de la Vision 2030 s’est accompagnée d’une détérioration sans précédent des comptes publics, aggravée par le processus de décentralisation à compter de 2013. Aujourd’hui, la soutenabilité de la dette kenyane est une source de préoccupations pour les bailleurs du pays, en particulier pour notre pays, en raison d’une exposition financière particulièrement élevée. La coopération technique prendra la forme d’un programme dédié à l’amélioration de la gestion des finances publiques, avec un accent sur la maîtrise de l’impact de la décentralisation sur les finances publiques nationales. L’objectif d’un tel programme est triple : améliorer et consolider la gestion des transferts vers les comtés afin de leur donner réellement les moyens d’exercer leurs attributions, renforcer la qualité de la gestion de la dette publique et améliorer le pilotage de l’investissement public y compris au niveau local.

Le Kenya a connu une décennie de très forte croissance qui lui a permis d’accéder au rang de pays à revenu intermédiaire en 2016, le seul à ce jour parmi les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est. La France a contribué au décollage de l’économie kenyane, largement alimenté par des investissements publics massifs de modernisation du pays, tant par le financement des infrastructures, que par le canal des investissements réalisés par les entreprises françaises. Le maintien à terme d’une trajectoire de croissance élevée, qui soit également inclusive, nécessite de relever plusieurs défis, aux premiers rangs desquels la formation et la création d’emplois, le soutien à l’innovation et à l’entreprenariat, la modernisation de l’agriculture et la maîtrise du développement urbain, la consolidation de la gouvernance et de la décentralisation enfin. Forte de son expérience et de son expertise, la France peut répondre aux attentes du Kenya en matière de coopération dans la prise en compte de ces enjeux.