La Papouasie indonésienne (Papua Barat et Papua) couvre 24% du territoire mais représente 1,5% du PIB de l’Indonésie en 2016. Malgré d’abondantes ressources naturelles, l’économie locale est limitée par le manque d’infrastructures et l’isolement. Au-delà du cas « Freeport », le gouvernement investit massivement pour diversifier l’activité de la région.

Raja Ampat
Une économie isolée riche en ressources naturelles

Située à 5 000 km de Java, la Papouasie a longtemps été isolée du reste du pays. Les provinces de Papua Barat et Papua font parties des dernières provinces à avoir rejoint l’Indonésie en 1969. Le territoire papou – couvert en grande partie par la forêt – compte peu d’habitants (environ 4 millions, dont 2,3 millions d’actifs) appartenant à 257 ethnies différentes et vivant à 70% hors des agglomérations de l’île.

Son économie (13,2 Mds USD de PIB en 2016) est dominée par le secteur primaire. L’extraction minière et la production d’hydrocarbure sont le premier contributeur au PIB (31% de l’activité). La région abrite en effet 50% des réserves de cuivre du pays, 25% de celles d’or et 15% de celles de gaz. L’agriculture joue également un rôle important, contribuant à hauteur de 12% au PIB régional et employant deux tiers de la population active. Les principales cultures sont l’huile de palme, la noix de coco, le sago (racine) et la noix de muscade. L’activité est enfin soutenue par les dépenses publiques et des organisations à but non-lucratif qui génèrent respectivement 30 et 20% du PIB. Les deux provinces de la Papouasie ont reçu 950 M USD de transferts publics en 2016, faisant de la région l’une des mieux dotées du pays par rapport à sa population. Ces transferts reflètent la priorité que lui accorde le gouvernement actuel.


Une zone prioritaire dépendante des investissements étrangers

Le gouvernement Jokowi a fait du désenclavement de la région une priorité : 4 des 35 projets prioritaires à l’échelle nationale pour 2019 y sont localisés. Le réseau de transports terrestres papou ne représente que 5% du réseau national, les ports de la région sont en marge des routes maritimes mondiales et il n’y a pas d’aéroport international. L’isolement de l’archipel freine le développement du commerce et les échanges avec le reste du territoire (moins de 2% des échanges nationaux). Depuis 2015, dans le cadre de la stratégie Sea Toll Road du Président pour faire de l’Indonésie un axe maritime global, le port de Sorong fait partie du projet d’autoroute maritime avec 5 autres grands ports (Medan, Jakarta, Surabaya, Makassar et Batam). Il vise à développer des hubs portuaires internationaux et à réduire les coûts logistiques. Quant aux infrastructures terrestres en Papouasie, la construction d’une route Trans Papua, reliant Sorong à Jayapura (4300 km) devrait s’achever en 2018.

Les investisseurs privés sont présents mais limités au secteur minier et aux hydrocarbures. La Papouasie compte pour moins de 2% des investissements indonésiens et 6% (1,7 Md USD) des IDE en Indonésie. En dépit des initiatives locales pour attirer les investissements (zones économiques spéciales), les obstacles demeurent importants : déficit d'infrastructures de base, manque de main d’oeuvre qualifiée et difficulté à acquérir des terrains.

« L’affaire Freeport » illustre la dépendance de la région aux acteurs étrangers pour la mise en valeur de ses richesses. La société américaine Freeport Mc Moran exploite actuellement dans la province de Papua la plus grande mine d’or et la troisième plus grande mine de cuivre du monde. Elle représente à elle-seule 95% de la production de minerais de la région et 30% de son PIB. Depuis la nouvelle loi de janvier 2017 sur les permis d’exploitation pour le secteur minier, l’entreprise cherche à obtenir un IUPK (permis spécial d’exportation obligatoire) pour exporter des minerais bruts sous certaines conditions : renouvellement du permis tous les 6 mois, obligation d’investir dans la construction de fonderies et vente progressive des parts de l’entreprise au gouvernement (51% après 10 ans de production). L’Etat reproche à Freeport de ne pas investir dans la construction d’une fonderie prévue initialement pour 2022 et a suspendu les négociations provisoirement.


Trouver un modèle de développement équitable et durable

Le taux de pauvreté atteint 27% de la population en 2016 (11% pour l’Indonésie) : il est 7 fois plus élevé dans les zones rurales que dans les quelques zones urbaines. Malgré des progrès (+3% depuis 2013), l’IDH de la région (60,1 en 2016) reste loin de la moyenne nationale (70,2 en 2016). Cela est dû principalement à un fort taux d’analphabétisme, qui atteint 15% de la population en 2016. Afin de le réduire, la région bénéficie d’aides multilatérales.

L’enjeu environnemental occupe une place croissante pour la région dont la biodiversité est l’une des plus riches au monde. L’archipel de Raja Ampat est une destination phare pour les plongeurs du monde entier et l’une des dix destinations touristiques prioritaires pour le gouvernement ; mais le manque d’infrastructures de transport et de logement ralentit le développement du tourisme. L’un des enjeux pour la région est de développer un tourisme « responsable » afin de ne pas mettre en péril ses joyaux. Elle est appuyée dans cet effort par les institutions internationales (BM).