Le PIB du Kenya s’élevait à 78 Mds USD en 2016, plaçant le pays en tête de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et en troisième position en Afrique de l’Est, derrière l’Ethiopie (80 MUSD) et le Soudan (119,0 MUSD). Rapporté à la taille de sa population, 48 millions d’habitants en 2016, le Kenya dispose du PIB par habitant le plus élevé de la zone CAE à 1677 USD, ce qui le place dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, le seul en Afrique de l’est.
Le Kenya est d’abord une économie de services, qui représentent 56 % du PIB et sont le principal moteur de la croissance, portée principalement par l’immobilier, le tourisme et les TIC. Le niveau de développement des services de transports, de médecine, d’éducation ou encore financiers et bancaires fait du Kenya une plateforme régionale. Ainsi, le Kenya est considéré comme un acteur de premier plan de l’économie numérique sur le continent, aux côtés du Nigéria et de l’Afrique du sud, le Nairobi Stock Exchange est la troisième place boursière du continent, tandis que les grandes banques kenyanes sont implantées dans tous les pays voisins. Le secteur agricole représente quant à lui 26 % du PIB en 2016 mais emploie toujours les deux-tiers de la population. Le Kenya a réussi à développer une base exportatrice de produits agricoles et agroalimentaires (thé, horticulture, café et légumes frais) insuffisante toutefois pour couvrir ses importations. Le secteur industriel ne représente que 18 % du PIB en 2016, ce qui illustre les difficultés à faire passer le Kenya d’une économie du négoce à un stade industriel ; des réserves de pétrole et de gaz, comparables à celles de la Guinée équatoriale ou de la RDC, ont été identifiées dans le nord du pays, sans être exploitées à ce stade.

L’année 2017 aura marqué un tournant pour le Kenya. Alors que la trajectoire de développement économique du pays était considérée comme un modèle de réussite dans la région, l’économie kenyane a affronté une série de crises politiques et économiques qui ont fait craindre la résurgence des facteurs d’affaiblissement de son dynamisme. Les incertitudes politiques nées de la difficulté à conduire l’exercice électoral dans des conditions apaisées ont démultiplié l’impact des facteurs de ralentissement de l’économie déjà à l’œuvre sur la confiance des investisseurs et des institutions internationales.

 La stratégie de développement fondé sur les investissements publics dans les infrastructures est confrontée aujourd’hui à la contrainte de la soutenabilité de son financement par l’endettement externe, tandis que l’économie productive, dans l’agriculture et l’industrie notamment, doit impérativement se moderniser pour renforcer sa compétitivité, accélérer et améliorer l’insertion du pays dans les échanges mondiaux.

Le Président réélu a fait de la satisfaction des besoins immédiats de la population la priorité de son action au cours de son second mandat : la sécurité alimentaire, le logement, la santé et l’industrialisation créatrice d’emplois sont désormais les quatre piliers de sa politique ; ces orientations sont incontestablement pertinentes mais les arbitrages au profit de ces priorités devront être rendus sous la contrainte de la soutenabilité de la trajectoire des finances publiques et du renforcement impératif de la compétitivité de l’économie réelle.

Le Kenya devra également s’attacher à relancer la dynamique d’intégration économique régionale au sein de la CAE, dont il a été le principal bénéficiaire jusqu’alors, mais qui est aujourd’hui freinée par les tensions politiques et économiques entre les états-membres. Le refus de certains d’entre eux de ratifier l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne a été le catalyseur de ces tensions en 2016, affaiblissant potentiellement le débouché le plus favorable aux exportations agricoles et agroalimentaires du Kenya. En outre, alors que le Kenya et la Tanzanie sont en compétition pour se positionner comme la plateforme logistique et portuaire de l’Afrique de l’Est, l’Ouganda a préféré la Tanzanie au Kenya pour le passage de l’oléoduc d’évacuation du pétrole du Lac Albert en 2016 et le Rwanda a fait de même concernant le débouché de sa ligne ferroviaire vers la côte en 2017.

 Enfin, alors que les grands projets d’exploitation pétrolière, gazière et minière alimentent des flux d’investissements étrangers très importants dans les pays voisins (Tanzanie et Ouganda), le Kenya peine à trouver les relais de croissance, qui lui permettraient d’assurer la modernisation de son économie. La transformation de l’agriculture et l’industrialisation du pays sont les orientations qui permettraient à la fois de renforcer l’insertion du pays dans les échanges mondiaux et de créer les emplois indispensables pour absorber le choc démographique en cours. Mais pour atteindre cette ambition, le Kenya, qui dispose d’atouts incontestables, doit améliorer significativement le fonctionnement de son marché et sa gouvernance publique, notamment par l’éradication de la corruption, afin de renforcer son attractivité auprès des investisseurs étrangers.