La relation économique bilatérale franco-turque connaît une phase de densification. Elle s’est notamment traduite par la visite officielle du Président Erdoğan, accompagné d’une délégation de 5 Ministres - Affaires Etrangères, Affaires Européennes, Economie, Energie, Défense- en France en tout début d’année, la participation de plusieurs représentants d’entreprises turques au sommet de l’attractivité qui s’est déroulé à Versailles le 20 janvier dernier, ou la tenue de plusieurs groupes de travail de la commission économique et commerciale mixte franco-turque (JETCO) au cours des toutes dernières semaines. La 5ème session de la JETCO, qui se réunira au mois d’avril, permettra d’appuyer le dynamisme actuel de notre relation économique. Elle constitue l’enceinte du dialogue franco-turc sur les sujets économiques (levée des entraves aux échanges, résolution des contentieux, mise en place de coopérations techniques et institutionnelles, promotion des échanges commerciaux et des investissements, soutien aux grands contrats et promotion des rencontres entre entreprises). Elle pourra aussi permettre d’envisager de nouveaux axes de coopération, tels que les « smart cities », domaine pour lequel la France dispose d’un savoir-faire reconnu.


L’Union Européenne représente un débouché essentiel pour la Turquie (en novembre 2017, l’UE absorbe 49,1% de ses exportations contre 46,7% en novembre 2016). Le projet de modernisation de l’Union Douanière qui, selon certaines estimations, pourrait se traduire par une croissance de 50% des échanges entre l’UE et la Turquie, demeure toujours gelé (le 19 janvier dernier, l’état d’urgence a été reconduit pour 3 mois). Le rapport de la commission européenne prévu en avril prochain donnera une indication forte sur l’avenir de ce projet souhaité par les communautés d’affaires françaises et turques.


L’économie turque a fini l’année 2017 sur un rythme très solide, bénéficiant d’une demande interne (ménages et investissement) et externe robuste. Un atterrissage en douceur est attendu, au fur et à mesure que l’effet des mesures gouvernementales de court terme pour stimuler l’activité s’atténueront, et du repli de la consommation publique. Le budget de l’état turc pour l’année 2018 table sur une croissance de 5,5%, soit un niveau supérieur aux prévisions des organismes financiers internationaux dont les anticipations varient de 3,5% à 4% (avec un niveau d’inflation de 9,5%, et un déficit courant stable à 4,7% du PIB). Malgré la pression de nouvelles dépenses, notamment militaires, le déficit public (qui est passé de 6,4 milliards d’euros en 2016 à 10 milliards d’euros en 2017) demeurera sous contrôle ; il en va en effet de la crédibilité de la Turquie pour continuer à attirer les capitaux étrangers afin de financer son déficit courant.


Enfin, pour répondre à l’attente de nos lecteurs, cette publication sera dorénavant diffusée sur une base bimestrielle.


Daniel GALLISSAIRES, Chef du Service économique régional d’Ankara