Après une année 2016 notoirement en retrait, les opérations de fusions-acquisitions sont reparties à la hausse en 2017, avec un record de 298 transactions représentant un total de 10,3 Mds USD. En valeur, l’énergie, les infrastructures et les services financiers représentent l’essentiel des transactions, malgré l’essor des secteurs de la technologie et des services mobiles. Les privatisations ont dominé le volume de transactions, qui est aussi marqué par le recul des investisseurs étrangers. Parmi eux, l’Europe progresse fortement en valeur de transactions.

I) Une activité en forte progression après une année 2016 terne

L’activité de fusions-acquisitions en Turquie a prouvé sa résilience en 2017, avec 298 transactions (un record, à comparer avec les 246  opérations de 2016) et pour un volume de 10,3 Mds USD. Il s’agit d’une remontée spectaculaire par rapport à l’année précédente (+ 41% en volume) ; pour autant, le volume de transactions est loin de ceux du début des années 2010 (volumes annuels supérieurs à 15 Mds USD).

En 2017, le volume moyen par transaction est en augmentation (de 30 M USD à 35 M USD), après quatre années de baisse. La plus grosse opération a été la cession d’OMV Petrol Ofisi à Vitol (Pays-Bas), représentant 1,4 Md USD et 14% de la valeur totale des transactions. La valeur des transactions de fusions-acquisitions a représenté 1,2 % du PIB turc.

II) Un volume de transactions dominé par des mouvements de privatisation et par des montants limités

En 2017, les transactions portant sur les petites et moyennes entreprises ont dominé le volume total, notamment du fait de l’importance des investissements en phase d’amorçage : les transactions de moins de 50 M USD ont représenté 84% du volume total (pour 15% de la valeur totale). A l’inverse, 3% des transactions portent sur plus de 250 M USD et représentent 51% de la valeur totale.

La part des mouvements de privatisation dans la valeur totale des transactions ne cesse de diminuer depuis cinq ans, passant de 38% en 2013 à 7% en 2017 (la valeur s’est établie à 0,7 Md USD). En revanche, 2017 a fait exception et a vu un nombre assez élevé de transactions dans le cadre des privatisations (plus haut depuis 2013), concentrées dans le secteur de l’énergie et des infrastructures (ainsi les barrages de Menzelet/Kılavuzlu acquis pour 375 M USD ou le port de Mersin/Tasuçu acquis pour 115 M USD).

Le dynamisme des investisseurs de type capital-risque/angels explique que le volume soit dominé par la technologie et les services mobiles/Internet, qui représentent 35% du total en 2017. L’activité de ce type d’investisseurs est responsable du volume record de transactions cette année. En valeur, l’énergie et les infrastructures ont généré le plus de transactions (respectivement 2,3 Mds USD et 1,2 Md USD), devant les services financiers (1,1 Md USD) et l’immobilier (0,7 Md USD).

III) Le volume des transactions d’origine étrangère confirme son recul et est dominé par l’Europe en 2017

La part des investisseurs financiers dans la valeur totale croît depuis 2014, pour atteindre 25% en 2017. La part des transactions d’origine étrangère, après avoir baissé en 2016, stagne à 53% en 2017.

Un record historique de 146 transactions a été le fait d’investisseurs financiers, correspondant à 2,6 Mds USD en valeur. Parmi elles, 77% (soit 112 transactions) relèvent d’activités de capital-risque/angels (centrées sur les secteurs de la technologie, du commerce en ligne ou des services mobiles), qui ne représentent toutefois que 4% en valeur. A l’inverse, et même s’ils représentent 83% des investissements financiers en 2017, les mouvements de private equity sont en baisse en volume (de 71% en 2013 à 13% en 2017).

Les investissements étrangers ont décru en volume mais pas en valeur (+45% sur un an) ; ils ont constitué 53% de la valeur totale et 23% du volume total. Les investisseurs étrangers sont ainsi responsables des plus importantes transactions en valeur, correspondant à près d’un tiers de la valeur totale.

Si le nombre de transactions menées par des acteurs étrangers diminue quelle que soit la zone, en termes de valeur, les tendances montrent la forte progression de l’Europe (de 19% en 2015 à 55% en 2017) et les importants reculs de l’Amérique du Nord (de 25% en 2015 à 5% en 2017) et surtout du Golfe (de 39% en 2015 à 4% en 2017).

Les acheteurs les plus actifs continuent donc d’être Européens, ces derniers représentant, avec 36 transactions, 55% de la valeur totale d’investissements étrangers. La France est le deuxième pays en volume (7 transactions, contre 10 pour les Etats-Unis), devant les Emirats Arabes Unis, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni. En valeur toutefois, la France ne se classe que sixième (avec 2% du volume total, dont 160 M EUR pour l’acquisition de 8% de Tepe Akfen Vie-TAV par Paris Aéroports) derrière les Pays-Bas (Vitol), l’Espagne (Banco Bilbao Vizcaya Argentaria-BBVA), l’Australie (IFM Investors), le Brésil (Brasil Foods-BRF) et les Etats-Unis.

IV) Sur les dix dernières années, les Etats-Unis sont en tête en volume et l’Espagne en valeur

Sur la dernière décennie, en termes de volume de transactions, les Etats-Unis ont été les plus dynamiques, investissant dans 161 entreprises turques à travers des fusions-acquisitions (6,7 Mds USD, dont 1,3 Mds USD pour Goldman Sachs/SOCAR en 2015). Suivent l’Allemagne avec 111 transactions (6,6 Mds USD, dont 3,2 Mds USD pour l’acquisition des droits de gestion de l’aéroport d’Antalya par Fraport/IC Holding) et le Royaume-Uni avec 106 transactions (9,5 Mds USD). La France se classe quatrième, avec 73 transactions.

Sur la même période, en termes de valeur de transactions, l’Espagne est le premier investisseur, avec 9,7 Mds USD et 23 transactions, majoritairement dans le cadre des prises de participation entre BBVA et Garanti. Suivent le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Allemagne. L’intensité des investissements français est moindre, puisque la France se classe neuvième.

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La comparaison des ratios valeur de transactions/PIB en 2017 (1,2% pour la Turquie, 4,9% à l’échelle mondiale) souligne que la performance demeure en-deçà de son volume potentiel. Le dynamisme des fonds de capital-risque/angels ainsi que l’annonce de transactions majeures (privatisation de la mine de charbon d’Eskisehir, nouveaux parcs éoliens) devraient alimenter l’activité dans les secteurs de la technologie et de l’énergie en 2018.

Les dix acquisitions majeures en 2017

  • Vitol (Pays-Bas) / OMV Petrol Ofisi (énergie) - 1,443 M USD
  • BBVA (Espagne) / Garanti (services financiers) - 917 M USD
  • IFM Investors (Australie) / Port de Mersin (infrastructures) - 869 M USD
  • Entek Elektik Üretim (Turquie) / Barrages de Menzelet/Kılavuzlu (énergie) - 375 M USD
  • Kefeli-Dekorsel İş Ortaklığı (Turquie) / Metropol İstanbul Shopping Center (immobilier) - 357 M USD
  • Gülaylar Grup (Turquie) / İçerenköy Shopping Center (immobilier) - 322 M USD
  • Qatar Investment Authority & BRF (Qatar & Brazil) / Banvit (alimentaire) - 315 M USD
  • Cengiz İnşaat (Turquie) / Park Madencilik (mines) - 195 M USD
  • Paris Aéroports (France) / TAV (infrastructures) - 160 M USD
  • Anadolu Endüstri Holding (Turkey) / MH Perakendecilik (commerce) - 144 M USD

Transactions impliquant des investisseurs français en 2017

  • Paris Aéroports / TAV (infrastructures)
  • Altavia / Dekatlon Buzz (médias)
  • Havas / Project House (médias)
  • Sephora / Tekin Acar (19 magasins) (commerce)
  • Coventya / Telbis Yüzey Bilim (chimie)
  • Eurofins Scientific / Gözlem Gıda Kontrol ve Araştırma Laboratuvarları (services)
  • Rubis / Delta Rubis (énergie)