Jeudi 18 janvier le Président Jokowi reprochait aux banques de ne pas diversifier leurs débiteurs, et les encourageait à prêter plus aux micros, petites et moyennes entreprises ; le lendemain, le ministère de l’information de le la communication militait pour la promulgation d’une loi de protection des données. Ces éléments d’actualités illustrent les problématiques actuelles d’inclusion financière et de régulation de l’économie numérique en Indonésie, des enjeux qui concernent directement le secteur des fintech en 2018.

L’inclusion financière, qui permet aux individus et aux entreprises d’accéder aux produits et services financiers dont ils ont besoin, est très faible en Indonésie. L’accès à un compte constitue la première étape vers les autres services financiers tels que les prêts ou les assurances. En 2014, seulement 36% des adultes indonésiens possédaient un compte auprès d’une institution financière ou d’un fournisseur de téléphonie mobile, et 23% utilisaient des moyens de paiement numériques (internet, téléphone, carte de crédit ou de débit), alors que près de 75% disposaient d’un accès à un téléphone mobile ou à internet chez soi. Concernant les entreprises, moins de 60% des PME possédaient des comptes auprès d’institutions financières et seulement 26% d’entre elles disposaient de prêts ou lignes de crédit.

Les fintech se développent rapidement car elles répondent à un manque en offrant des moyens de paiement et de financement (Peer-to-Peer lending, crowdfunding et crowdlending), mais aussi d’assurance et de gestion financière plus accessibles que par l’intermédiaire des banques. D’après l’Association Indonésienne de Fintech (AFTECH) le nombre d’entreprises du secteur a crû en 2016 et 2017 respectivement de 78% et de 39% pour atteindre environ 190. La croissance du nombre d’entreprises est nourrie par la croissance du nombre d’utilisateurs séduis par des services plus simples, plus rapides et moins coûteux que ceux des banques. Entre 2010 et 2016, le nombre de comptes de dépôts dans les banques commerciales pour 1000 habitants a été multiplié par 1,7 alors que le nombre de compte de mobile money pour 1000 habitants a été multiplié par 5,9. Le paiement électronique est d’ailleurs le premier secteur des fintech (99% des transactions), personnifié par Go-Pay, le portefeuille électronique du géant Go-Jek. L’essor du secteur est soutenu par la forte croissance du e-commerce qui compte notamment deux des quatre ‘licornes’ du pays : Tokopedia et Bukalapak. Le marché offre donc des opportunités aux entreprises proposant des technologies de paiement par mobile ou de sécurisation des transactions. Parmi les entreprises françaises sur le marché, on retrouve Ingénico et sa filiale Think N Go NFC qui ont développé un portefeuille électronique en partenariat avec l’opérateur téléphonique Telkomsel, et You Transactor qui équipe les points de vente avec des technologies de paiement sans contact.

Les banques traditionnelles doivent s’adapter à la transformation des modes de transactions et  à l’essor rapide des fintech qui leur font concurrence. Une collaboration approfondie entre ces deux types d’acteurs pourrait être mutuellement bénéfique, à l’instar de celle entamée lundi 15 janvier entre la banque BCA (la plus grande banque privée d’Indonésie) et KlikACC, une plateforme de financement. BCA compte utiliser les services de la fintech pour prêter aux Microentreprises et aux PME et ainsi se rapprocher de l’objectif fixé par la banque centrale d’avoir 20% des prêts à destination de cette catégorie. KlikACC facilite le processus de financement en permettant à ses clients de soumettre leur demande et les documents requis, et émet des  recommandations à  destination de BCA. Les banques et les fintech pourraient également coopérer pour offrir des produits d’investissements requérant un apport en capital moindre, mieux adaptés aux jeunes investisseurs. Plusieurs grandes banques se sont aussi dotées de fonds de capital-risque et ont renforcé leurs investissements dans le numérique.

Le soutien du gouvernement est un élément clé pour la poursuite du développement des fintech. Elles constituent un nouveau relais de croissance important (2/3 des financements réalisés dans les nouvelles technologies), et une solution au problème de l’inclusion financière, mais la régulation doit être consolidée pour favoriser l’essor du secteur. Bank Indonesia réglemente les services de paiements et de e-commerce tandis que l’Autorité des services financiers (OJK) réglemente les services de financement, d’assurance et de gestion financière. Le ministre des Communications et de l’Information, a souligné l’importance du cadre légal pour permettre le déploiement international des entreprises, relevant notamment l’importance  des lois de protection de données pour les acteurs européens. A ce stade, il existe une  régulation pour les paiements électroniques et le Peer-to-Peer Lending, et OJK souhaite émettre une régulation pour le crowdfunding.


 ______________________________________________________________________________________________________________________________

Dernières actualités :