Cadrage général

Avec 9,7 M d’habitants recensés (2016), l’Azerbaïdjan est le plus peuplé des trois Etats du Sud Caucase. Selon les données du Comité azerbaïdjanais des statistiques, la population active totale s’élève à 5 M de personnes, dont 4,7 M en activité et 252 800 sans emplois . Le taux d’activité a connu une hausse sensible depuis 2007, en particulier dans les secteurs de la construction et des services, stimulés par la hausse des recettes tirées des exportations d’hydrocarbures. Le développement de l’auto-entreprenariat dans le secteur agricole et les PME-TPI a également contribué à l’augmentation du taux général d’activité, ce dernier s’élevant en 2016 à 65,19% en 2016, contre 63,4% en 2005 . Avec un taux de chômage de 5,073% en 2016, la situation de l’emploi s’est sensiblement améliorée depuis 2003 (9,2%). Malgré une baisse conséquence depuis le pic de 2000 (27%), le chômage des jeunes (15-29 ans) reste toutefois élevé (14,22%), une donnée problématique dans un pays jeune (âge médian de 29 ans), ces derniers constituant une part significative de la population (28,1%) . Par ailleurs, la pratique d’une agriculture de subsistance et la prévalence de nombreuses formes d’emploi informel contribuent à fortement minorer le taux de chômage.  

Répartition de la population active par secteurs d’activité

Selon les données du Comité d’Etat des statistiques de l’Azerbaïdjan, le secteur agricole reste le premier pourvoyeur d’emplois du pays, occupant 1,729 M d’actifs en 2016, soit 36,4% de la population active totale . L’emploi agricole est toutefois en nette diminution, ayant perdu près de 2 points depuis 2010 (38,2%).

Le secteur marchand est le deuxième gisement d’emplois en Azerbaïdjan, comptant 0,7 M d’actifs en 2016, soit 14,7% de la population active.

Baku panorama

Viennent ensuite les secteurs de l’éducation (0,374 M d’actifs), de la construction (0,343 M d’actifs), des administrations publiques (0,285 M d’actifs, dont les forces de défense et de sécurité intérieure), l’industrie manufacturière (0, 242 M d’actifs), et le secteur des transports (0,198 M d’actifs). A noter que le secteur de l’extraction minière (comprenant les hydrocarbures), assurant l’essentiel des revenus à l’export du pays, est un faible pourvoyeur d’emplois, n’occupant que 38100 actifs (contre 41500 en 2010).

Un marché du travail en transition, encore fortement étatisé

Le marché du travail azerbaïdjanais a connu d’importantes mutations durant la période d’expansion économique du second boum pétrolier (2003-2015). L’exode rural en direction de Bakou et des principaux centres urbains s’est accentué, avec pour conséquence une baisse de la population active employée dans l’agriculture, au profit des services, de la construction et dans une moindre mesure, de l’industrie manufacturière.

Durant la période 2003-2015, les réformes structurelles visant à consolider la transition vers l’économie de marché ont transformé en profondeur le marché du travail. La part de l’emploi salarié privé a connu une augmentation sensible, atteignant 71,5%, contre 64,6% en 2005 . Le nombre d’actifs employés par l’Etat a donc nettement diminué, passant de 28% en 2005 à 23,3% en 2016. Dans le même temps, la population active  s’est accrue de près de 600 000 personnes, hausse principalement absorbée par les secteurs des services et de la construction. Avec un taux d’emploi dans le secteur public de 23,3% en 2016 (auquel il faut ajouter les actifs travaillant dans le secteur parapublic et les grandes entreprises publiques), le marché du travail azerbaïdjanais reste donc fortement étatisé.

Faible productivité horaire et poids de l’économie informelle

Le boom pétrolier et la transition progressive vers l’économie de marché ont entraîné la création d’environ 1,5 M de nouveaux emplois depuis 2003. Une part importante de ces emplois se trouve toutefois dans le secteur informel, principalement dans les services et l’agriculture. Ces deux secteurs particulièrement intensifs en main-d’œuvre (souvent peu qualifiée et dotée de matériels vétustes) se distinguent par une très faible productivité horaire. Ainsi, en 2015, elle ne dépassait pas dans le secteur agricole 1 USD de l’heure travaillée, contre 9,9 USD dans le secteur de la construction et 6,3 USD dans l’industrie manufacturière. La productivité horaire moyenne s’établissait ainsi à 5,6 USD en 2015, soit environ moitié moins que la Russie ou la Turquie, et moins d’un quart de la productivité moyenne des Etats de l’Union européenne .

Le secteur agricole, forestier et de la pêche, occupe par ailleurs à lui seul près de 36,3% des actifs. Dans la mesure où ce chiffre englobe des populations pratiquant une agriculture de subsistance en zone rurale, cette tendance tend à minorer de manière significative le taux de chômage réel. Selon plusieurs estimations, l’économie informelle représenterait près de 50% du PIB 2016. Dans le secteur agricole, l’emploi informel s’élèverait même à 97%. Hors secteur agricole, il concernerait environ 26,5% des actifs, notamment dans le secteur de la construction qui a recours à une main d’œuvre jeune, peu qualifiée et souvent issue des zones rurales. 

Fortes disparités salariales et inégalités de genre

Le marché du travail Azerbaïdjanais se caractérise également par des écarts de salaires importants en fonction des secteurs. Selon le Comité des statistiques azerbaidjanais, à l’échelon national, le salaire moyen mensuel s’élevait en 2017 à 499 AZN, soit environ 246 EUR . Les salaires dans les industries d’extraction et principalement le secteur pétrolier sont toutefois beaucoup plus élevés (3002 AZN en moyenne). Les salaires dans le secteur de la finance et de l’assurance se situent également très au-dessus de la moyenne, à 1385 AZN. Inversement, ceux du secteur agricole ne dépassaient pas en moyenne 270 AZN par mois, tandis que la rémunération moyenne dans le secteur éducatif oscillait autour de 295 AZN.

 

Femmes dans l'industrie
 A ces fortes disparités s’ajoutent une grande inégalité entre les hommes et les femmes, ces dernières étant le plus souvent cantonnées aux professions à faible rémunération. Le secteur de l’éducation est ainsi féminisé à 73,3%, celui de la santé et des politiques sociales à 77%. A l’inverse, on ne compte que 13% de femmes dans les industries extractives, le secteur le plus lucratif de l’économie azerbaïdjanaise. 

Perspectives d’évolution

A l’instar de nombreux pays en transition, l’Azerbaïdjan fait face au défi complexe que constitue le passage d’une économie de rente, caractérisée par une faible productivité du secteur non pétrolier, à une économie diversifiée et compétitive, tournée vers des activités à plus haute valeur ajoutée permettant la création d’emplois qualifiés. Si certaines avancées sont indéniables (développement de l’activité manufacturière, création de parcs industriels, réformes du code du travail, etc.), la poursuite de la modernisation du marché du travail nécessitera des investissements très importants dans le secteur éducatif, ainsi que dans l’agriculture et les services, afin d’élever la productivité moyenne et d’attirer davantage de capitaux étrangers.