Résumé :

  • Le crédit reste dans le rouge sur un an malgré une progression en novembre.
  • Les efforts budgétaires permettent pour l’instant de contenir le déficit primaire qui représente désormais 2,3% du PIB.
  • Le taux de chômage poursuit sur une bonne dynamique et atteint 12%, mais tiré par l’informalité.
  • La balance commerciale en 2017 atteint un excédent record depuis 1989.
  • Les prix de vente nominaux de l'immobilier résidentiel ont baissé en 2017.
  • « The killer chart » : Classement économique mondial sur les 15 prochaines années : les cartes rebattues en faveur des émergents ?
  • Evolution des marchés du 22 décembre au 4 janvier 2018.

Le crédit reste dans le rouge sur un an malgré une progression en novembre

 

Selon la BCB (Banco Central do Brasil), la balance des opérations de crédit enregistre une hausse de +0,4% m.m en novembre à 3 064 Mds R$ mais reste en repli sur 12 mois avec un repli de -1,3%.

Le ratio crédit / PIB (47%) reste stable par rapport au mois précédent, mais traduit une réduction de 2,9 pp en douze mois. Toutes les statistiques concernant le poids du crédit au Brésil confirment cette trajectoire défavorable.

Au cours de mois de novembre, la hausse découle de celle des crédits aux particuliers (54% de l’encours global) qui continue leur hausse (+0,8% m.m) en raison notamment du recours plus affirmé aux cartes de crédit (+ 5,0%) et au financement des véhicules (+ 1,2%) tandis que ceux aux entreprises se contractent de -0,2% (faible demande et recul des octrois de la BNDES) notamment sur les secteurs manufacturier (-1,2%) et de l’industrie (-0,9%). Ces statistiques dégradées sont le résultat d’un désendettement de la part des entreprises (-8,8% de crédit les douze derniers mois). Afin de soutenir la politique de crédit, la BCB a d’ailleurs décidé le 20/12/2018 d’abaisser ses taux de réserve obligatoire sur les dépôts à vue et les dépôts à terme. Cette mesure correspond à la libération de 21 Mds R$ et s’inscrit dans le plan BC+ destiné à renforcer le canal de transmission de la politique monétaire à l’économie réelle. Le taux de réserve obligatoire sur les dépôts à vue passe ainsi de 45% à 40% et celui des ressources à terme de 36% à 34%.

Le taux d’intérêt moyen reste particulièrement élevé à 26,8% a.a, mais connaît une lente décrue de -0,6 pp m.m et 6,4 pp en un an, accompagnant ainsi la baisse du taux de base (Selic) de 675 bps sur la période (de 13,75% à 7% actuellement). Pour autant les crédits libres (environ 50% des encours) affichent un taux d’intérêt moyen de 42,7% en novembre en raison de spread élevés (20 pp en novembre) dont la diminution (-3,6 pp en un an) ne reflète pas pleinement la graduation de l’assouplissement monétaire sur la période en raison de renforcement des marges du secteur bancaire privé pour couvrir notamment la hausse du coût du crédit et des exigences en fonds propres. Les taux d’intérêt bonifiés moyens ressortent quant à eux à 9,3% (-1,3 pp en un an).

Le système financier brésilien reste marqué par la dualité du financement de l’économie entre prêts bonifiés et prêts libres, qui représente chacun 50% des encours.

Le taux de défaut se stabilise à un niveau jugé correct, à 3,6% (3,8% pour les ménages et 3,3% pour les personnes juridiques), stabilité traduisant la lente reprise de la croissance économique. 

Dans ce contexte, la masse monétaire (solde moyen quotidien) ressort à 256 Mds R$ en novembre soit une croissance de +0,9% sur le mois et de 5,4% sur douze mois, cette variation reflétant notamment les augmentations des soldes des réserves bancaires (+2,8%) et de la circulation fiduciaire (+0,6%). Ainsi, en 12 mois, l’agrégat M1 (incluant les moyens de paiements) a progressé de +3,6% et M2 de 1% (intégrant notamment les dépôts d’épargne en hausse de +1% et titres privés émis). 

Les efforts budgétaires permettent pour l’instant de contenir le déficit primaire qui représente désormais 2,3% du PIB.

Selon la BCB, le solde primaire public consolidé (fédération, BCB, états et entreprises publiques) enregistre un déficit limité à -909 M R$ en novembre (gouvernement central -366 M R$, états -787 M r$ et un excédent pour les entreprises publiques de +245 M R$) en raison notamment d’une hausse de 3,3% des recettes publiques (COFINS notamment).

Sur 2017, le secteur public affiche ainsi un déficit primaire cumulé de -78,3 Mds R$ en amélioration sur 2016 (-85,1 Mds R$) et sur 12 mois de -149 Mds R$ (2,3% PIB contre 2,9% en octobre dernier). Dans ce contexte la cible 2017 de déficit de -159 Mds R$ pourrait être respectée bien que décembre soit traditionnellement le mois des ajustements budgétaires (règlement des charges publiques non reportables sur l’année suivante).

Le résultat nominal du secteur public consolidé (résultat primaire et les intérêts nominaux correspondants) s'est soldé par un déficit jugulé à 30 Mds R$ en novembre. Pour 2017 (11 mois cumulés), le déficit nominal se chiffre à 445,8 Pds R$ soit une baisse non négligeable par rapport à 2016 dont le déficit était de 457,6 Mds R$. Ainsi, sur les 12 derniers mois, le déficit nominal a atteint désormais 551 Mds R$, soit 8,45% du PIB, diminuant de 0,80 pp le poids du déficit public par rapport à l’an dernier, principalement sous l’effet conjugué d’une reprise des recettes fiscales associée à un recul du coût de la dette initié par une politique d’assouplissement monétaire volontariste.

Au final, compte tenu de ces résultats rassurants, la dette publique brute du Brésil atteint 4 852,6 Mds R$ en novembre soit 74,4% du PIB, et reste stable en proportion du PIB par rapport au mois précédent.

Toutefois, le résultat primaire encourageant découle pour l’essentiel d’éléments non récurrents : création de nouvelles recettes fiscales, réductions importantes des dépenses de fonctionnement des administrations centrales et des investissements publics, et la mise en place d’une politique active de privatisations/mises en concession. Or, les éléments détaillés fournis par le Tesouro sur les dépenses primaires laissent apparaître une explosion de +10,6% des dépenses de retraite sur 12 mois (552 Mds R$ contre 499 Mds les 12 mois précédents) qui témoigne de l’urgence d’une réforme du système afin de pérenniser la restauration des agrégats budgétaires à moyen terme. 

Le taux de chômage poursuit sur une bonne dynamique et atteint 12%, mais tiré par l’informalité

Selon l’Institut brésilien des statistiques, l’IBGE, le taux de chômage atteint en novembre 12% au Brésil (baisse de 0,2 pp par rapport à octobre). Il s’agit d’un résultat attendu et de la huitième baisse consécutive mensuelle. 12,6 M de Brésiliens restent en recherche d’emploi, un niveau supérieur à novembre 2016 de 500 mille personnes. Pour rappel, le pic, enregistré en mars 2017, était de 13,7%.

Ainsi les chiffres confirment la reprise progressive de l’emploi (+1% comparé au trimestre précédent) avec, notamment, la confirmation du nombre d’embauches (887 mille embauches uniquement sur les trois derniers mois, en légère baisse toutefois).

Cette évolution s’explique principalement par la progression de l’informalité (sem carteira) et des emplois pour compte propre (conta propia) qui en un an ont absorbé l’intégralité des nouveaux emplois créés (respectivement 718 mille et 1 100 mille embauches) alors que l’emploi formel a continué à en détruire 857 mille. L’IBGE se montre ainsi préoccupée quant à l’ampleur que prend l’informalité, véritable moteur de l’emploi au Brésil. Le taux d’informalité dépasse désormais les 50% à 50,7% selon l’IBGE, un résultat en constante progression depuis le début de la crise.

Pour ce qui est des embauches, les secteurs concernés sont désormais variés et confirment une reprise généralisée. Ainsi, la construction et les services se rajoutent désormais à l’industrie et au commerce dans les secteurs d’emplois.

La progression de l’informalité, enfin, limite la hausse des salaires et du pouvoir d’achat liée à la baisse de l’inflation.

Les revenus réels, de 2 142 BRL (soit environ 545 EUR ou 645 USD par mois), restent sur une trajectoire relativement stable depuis le mois de mars (2 142 BRL également) et n’ont toujours pas récupéré le niveau d’avant crise (de 2 160 BRL) malgré l’inflation au plus bas. 

La balance commerciale en 2017 atteint un excédent record depuis 1989.

Selon le Ministère du commerce extérieur, le MDIC, l’excédent commercial a atteint en décembre 5 Mds USD, soit un résultat supérieur à décembre 2016 (4,4 Mds USD) mais inférieur à celui d’août 2017 (5,6 Mds USD).

L’excédent commercial cumulé de l’année se chiffre à 67 Mds USD, conforme aux prévisions du MDIC, soit une hausse de +38,2% en un an, celui de 2016 s’étant soldé par un excédent de 47,7 Mds USD.

Dans le détail sur l’année 2017, les exportations bondissent de 18,5% à 217,7 Mds USD, une augmentation bien plus marquée que celles des importations (+10,5%) à 150,7 Mds USD et généralisée à tous les types de biens.

Au demeurant, la hausse des exportations se concentre principalement sur les matières premières ou basiques (+29% sur l’année) : agricoles telles le maïs, la viande et le soja ; mais aussi extractives comme le pétrole, l’acier, le cuivre et le minerai de fer. La Chine confirme son rang de principal partenaire commercial du Brésil en passant à 23% de part de marché des exportations brésiliennes en 2017, soit une hausse de 35% des exportations brésiliennes vers cette destination. A noter aussi une certaine hausse des exportations manufacturées, poussées par l’automobile. 

En 2017, les résultats enregistrés dans l'agriculture et l'élevage ont fortement dynamisé la balance commerciale. La production de céréales a été record et la production de viande, malgré de graves problèmes dans le secteur au premier semestre, a permis un rythme rapide des exportations. Les dix premiers produits agricoles ont généré des revenus de 77,4 Mds USD en 2017, soit 15% de plus qu'en 2016. Ces produits ont représenté 36% des recettes d'exportation totales du pays. Cette excellente performance de 2017 ne sera sans doute pas répétée en 2018, les premières estimations de production indiquant une baisse de la récolte brésilienne cette année. Dans ce contexte, il semble fort probable que l’excédent commercial ait atteint un plafond en 2017. 

Les prix de vente nominaux de l'immobilier résidentiel ont baissé en 2017.

Selon une enquête FipeZap, les prix de vente nominaux de l'immobilier résidentiel sont restés stables de novembre à décembre, sur les 20 municipalités brésiliennes les plus importantes.

En termes nominaux, sur l’ensemble de l’échantillon l’évolution des prix affiche un léger tassement de -0,2% en 2017. Les prix ont en effet baissé de 0,5% dans 13 des 20 villes étudiées, avec notamment Rio de Janeiro (-4,5%), Niterói (-3,4%), Fortaleza (-3,4%) et le District fédéral (-2,7%) tandis que l’on relève une hausse des prix sur la période, à Belo Horizonte (4,8%), Florianópolis (4,3%) et São Paulo (1,4%).

Pour 2018, l’institut prévoit une reprise modérée des prix, en raison de l'inversion progressive du marché du travail, de la réduction des taux d'intérêt et de la réduction des nouveaux stocks immobiliers par les promoteurs. 

 « The killer chart » : Classement économique mondial sur les 15 prochaines années : les cartes rebattues en faveur des émergents ?

Perspectives croissance mondiale 2017-32

                

 

Evolution des marchés du 22 décembre au 4 janvier 2018

Indicateurs[1]

Variation

Semaine

Variation

Cumulée sur l’année

Niveau

Bourse (Ibovespa)

+7,4%

+3,3%

78 777

Risque-pays (EMBI+ Br)

+0pt

+0pt

234

Taux de change R$/$

-2,4%

-2,4%

3,23

Taux de change R$/€

+0,0%

-1,8%

3,91

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[1] Données du jeudi à 12h localement. Sources : Ipeadata, Bloomberg.