Le Dr Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, a présenté les principaux messages de la dixième édition du Tanzania Economic Update  le 6 novembre 2017 à Dar es Salam, en présence de représentants du gouvernement, du secteur privé et de la communauté des bailleurs de fonds.

Le rapport porte sur l'état de l'économie de la Tanzanie et inclut les perspectives à court terme, avec, cette année, un focus sur un secteur transversal clé pour le développement du pays : la gestion des ressources en eau.

La présentation a porté en première partie, sur l’analyse des récentes performances macroéconomiques et budgétaires de la Tanzanie, avec une mise à jour des perspectives à court terme.

La Tanzanie a connu une croissance économique relativement élevée au cours de la dernière décennie, avec une moyenne de 6 - 7% par an. Bien que le taux de pauvreté soit en baisse, le nombre en valeur absolue de pauvres n’a pas été réduit en raison d’une croissance démographique élevée (autour de 3%). La population totale du pays est d'environ 53 millions d’habitants  (2016). Le taux d'inflation (5,2%) est resté faible et proche de l'objectif à moyen terme du gouvernement de 5%. Le déficit du compte courant a également diminué à environ 1,5 milliard de dollars EU (équivalent à 3,1% du PIB) en juin 2017, contre environ 1,9 milliard de dollars EU (équivalent à 4,2% du PIB) en juin 2016.

La deuxième partie de la présentation a porté sur la gestion des ressources en eau du pays.

Elle a mis en relief le besoin pour la Tanzanie d'évaluer ses réserves et de tarifer l'eau de manière appropriée pour encourager son utilisation durable, de reconnaitre sa valeur sociale et environnementale, et de procéder de manière urgente à des améliorations.

La Tanzanie ne présente pas le profil habituel des pays connaissant un stress hydrique. Le pays comprend, ou partage, au moins onze lacs d'eau douce et d'innombrables rivières, y compris le Grand Ruaha. Pourtant, au cours des vingt-cinq dernières années, la population du pays a doublé pour atteindre environ 53 millions d'habitants et la taille de son économie a plus que triplé. En conséquence, la quantité d'eau douce renouvelable par habitant a diminué, passant de plus de 3 000 m3 par personne et par an à environ 1 600 m3 en novembre 2017, soit en dessous de 1 700 m3 considéré au niveau international comme le seuil de stress hydrique. En Tanzanie, environ 89% de l'eau est utilisée pour l'agriculture (contre une moyenne mondiale de 70%), 10% pour la consommation intérieure et environ 1% pour le secteur industriel.

Les solutions de gestion proposées par le rapport de la Banque mondiale s’articulent autour des points suivants :

  • Allouer l'eau à des utilisations qui maximisent les avantages économiques, sociaux et environnementaux pour le pays. Procéder à des arbitrages  dans l'utilisation de l'eau entre des secteurs tels que l'agriculture et la production hydroélectrique. De tels arbitrages nécessiteront une meilleure hiérarchisation des investissements liés à l'eau.
  • Valoriser l'eau de manière appropriée. La Tanzanie a besoin d'évaluer et de tarifer l'eau d'une manière qui reflète sa rareté croissante, et de créer une culture de la préservation de l'eau, ainsi que de reconnaître une approche différenciées en fonction des utilisateurs : ménages, agriculteurs, villes et industriels.
  • Investir dans une meilleure collecte des données chiffrées et statistiques et définir des priorités pour les infrastructures. Les données sur l'eau sont relativement rares en Tanzanie, en particulier les données sur les eaux souterraines, la qualité de l'eau et son utilisation. La qualité des statistiques et l’allocation optimale des ressources devraient être une priorité économique pour le pays.

Couverture du rapport de la Banque mondiale 2017 sur l'économie tanzanienne