1/ Le contexte reste déterminant : tensions politiques régionales et nécessaire diversification de l’économie du Koweït fondée sur les exportations d’hydrocarbures.

Depuis le 5 juin 2016, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte ont cessé toutes leurs relations diplomatiques avec le Qatar et lui imposent un blocus aérien, terrestre et maritime. Le Koweït maintient sa neutralité envers le Qatar et poursuit ses relations économiques et financières en dépit des prises de position des pays précédemment mentionnés. Dans ce cadre, sauf en cas de prolongation excessive des tensions, l’impact de la crise sur l’économie koweïtienne devrait rester limité.

Alors que le baril de pétrole est remonté à plus de 60 $, la période d’abondance dont jouissaient les pays du Golfe et le Koweït en particulier, grâce aux importants revenus du pétrole, touche à sa fin. Pour autant, le Koweït bénéficie toujours, en profondeur, de dynamiques de consommation favorables. Les Emirats arabes unis arrivent en tête des pays du Moyen-Orient avec 72 100 particuliers fortunés, suivi de l’Arabie saoudite (59 000) puis du Qatar et du Koweït.

2/ La situation politique intérieure est marquée par des crises successives opposant le pouvoir exécutif au pouvoir législatif.

L'Emir peut promulguer des lois, renvoyer des projets de loi devant le Parlement afin qu'ils soient reconsidérés et nommer les officiers des armées. L'Emir nomme le Premier ministre, qui est aussi le chef du gouvernement, pour une durée indéterminée.

Le pouvoir législatif au Koweït est monocaméral : le Parlement (Assemblée Nationale) compte 50 membres élus au suffrage universel pour quatre ans. Les dernières élections législatives ont permis à l’opposition de remporter 24 sièges sur 50.

Début novembre 2017, le gouvernement a présenté sa démission mais le Parlement est resté inchangé. Le nouveau gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre reconduit Cheikh Jaber, devrait être recomposé en décembre 2017 avec un remaniement de deux à trois ministres.

3/ La situation financière du Koweït reste l’une des plus solides de la région grâce à des fondamentaux de qualité.

Le Koweït est un pays riche et une économie rentière dont 90% des recettes budgétaires proviennent des exportations d’hydrocarbures. Avec 101,5 milliards de barils de pétrole de réserve (soit 6,8% du total mondial), l'ensemble de l'économie du pays est fondée sur l'exploitation du pétrole. Le Koweït a d'ailleurs prévu d'investir plus de 87 MdUSD dans le secteur d'ici 2030 (notamment pour la création d'une nouvelle raffinerie intégrée à Az Zour, dans le sud du pays). D’importantes réserves de gaz naturel non associé ont également été découvertes dans le nord du pays. Leur exploitation, qui doit commencer à brève échéance, est destinée à couvrir les besoins de consommation locaux (production d’électricité, désalinisation d’eau de mer).

Les autorités koweïtiennes souhaitent amorcer la diversification de l’économie nationale face à la chute des cours du baril de pétrole et à la forte hausse démographique de ces dernières années. Les citoyens koweïtiens, estimés à 1,3 millions de personnes, bénéficient d'un revenu par tête élevé (26 000$ en 2016) et d’un Etat-providence particulièrement généreux : accès à un emploi public garanti par la Constitution, maintien des tarifs publics et des produits de première nécessité à des niveaux très bas, fortes aides à l'accession à la propriété, couverture santé.

Dans l’hypothèse où les cours mondiaux du pétrole brut se maintenaient aux environs de 50/55 USD le baril, le déficit prévisionnel pour l’année fiscale 2017/2018 s’établirait à 18 % du PIB pour atteindre 22,25 MdEUR (après transfert au Fonds de réserve des générations futures) en raison de l’augmentation des dépenses publiques de 5,3 %. Pour autant, le financement du déficit public devrait être aisément réalisé par la sollicitation d’emprunts sur les marchés de capitaux internationaux et locaux (succès en mars dernier) et par le recours au Fonds de Réserve Générale.

Le taux de croissance économique en volume s’annonce négatif après avoir atteint 2,2%[1] en 2016 grâce à l’augmentation des recettes pétrolières suivant deux années de déclin. La croissance réelle estimée pourrait, malgré l’accélération de la croissance « hors hydrocarbures » prévue à partir de 2017, se situer à -2,5% en 2017 car la production pétrolière serait ramenée à 2,87 Mb/j et celle de gaz à 0,26 Mb/j, en dépit de la hausse des cours mondiaux du pétrole brut (environ 60 USD/baril fin octobre 2017). Le taux annuel d’inflation pour 2017 devrait être de 1,5%, contre 3,5% enregistré en 2016, grâce aux tendances déflationnistes marquées dans l’immobilier et l’alimentation.

4/ Les échanges commerciaux demeurent dynamiques et la marge de progression avec la France reste importante.

Le pétrole et les produits miniers représentent l'essentiel des exportations, le reste des exportations étant constitué de réexportations, notamment de machines et d'équipements de transport. Les principaux clients du Koweït sont les pays asiatiques (la Corée du Sud, l’Inde, le Japon, la Chine) ainsi que les Etats-Unis.

Les principaux fournisseurs du Koweït sont la Chine, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis et le Japon. Les produits importés sont essentiellement des véhicules automobiles, des produits agricoles et agroalimentaires ainsi que des produits de l'industrie mécanique, électrique et électronique.

Sur le plan bilatéral, la présence française au Koweït demeure en-dessous des opportunités de marché avec une part de marché d’environ 1,5% en 2016. Sur les neuf premiers mois de l’année 2017, la France a exporté 301,8 MEUR de biens, contre 261 MEUR sur la même période en 2016, soit une hausse de 15,6%. Les principaux biens exportés sont les articles textiles, les produits chimiques, parfums et cosmétiques, les machines industrielles et agricoles et les produits agro-alimentaires. Sur les neuf premiers mois de l’année 2017, la France a importé 191,3 MEUR de produits, principalement des hydrocarbures, contre 300,3 MEUR sur la même période en 2016, soit une baisse de 36,3%. Le solde de la balance commerciale s’est donc nettement amélioré, passant d’un déficit de 39,2 MEUR sur les neuf premiers mois de 2016 à un excédent de 110,4 MEUR sur les neuf premiers mois de 2017.

Enfin, pour ce qui concerne l’environnement des affaires, la Banque Mondiale classe le Koweït au 96ème rang sur 190, contre 102 en 2017, dans son rapport « Doing Business 2018 ». Cette amélioration est due aux réformes récemment mises en œuvre pour la création d’entreprise : mise en place d’un guichet unique à la Kuwait Direct Investment Promotion Authority, réduction du nombre (de 12 à 9), de la durée (de 61 jours à 38) et du coût des procédures (de 2,8% des revenus par habitant à 1,7%) d’enregistrement, amélioration de la transparence dans le processus d’attribution de terrains à vocation commerciale, facilitation des démarches administratives via Internet. En revanche, l’indice de mesure de la corruption, établi par Transparency International, s’est dégradé en 2016 avec le 75ème rang sur 176, contre le 55ème sur 168 en 2015.


 

[1] Le Bureau Central des Statistiques au Koweït estime la croissance réelle à 3,5%.