Cet article est extrait du numéro 21 d'Horizon ASEAN, disponible en téléchargement à cette adresse.

Selon les données de la Banque de France, le stock d’IDE français en ASEAN a atteint 18,2 Mds EUR en 2016, en baisse de 1,8% par rapport à 2015. Singapour continue de concentrer près des deux tiers des stocks français (11,7 Mds EUR). Le flux d’investissements vers l’ASEAN est négatif (-509,9 M EUR), reflétant le désinvestissement des entreprises françaises dans plusieurs économies de la région. En dépit d’une année en demi-teinte, l’ASEAN demeure une région attractive pour les investisseurs français.

 

Des désinvestissements importants dans les grandes économies de la région, mais une croissance marquée des flux vers Singapour

tableau IDE

ASEAN-6 : Singapour, Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Philippines

Les IDE français en ASEAN enregistrent en 2016 des flux négatifs de 509,9 M EUR, après -1,0 Md EUR en 2015 et 1,7 Md EUR en 2014. Ce désinvestissement est à mettre en perspective avec la tendance globale de baisse des flux observée en ASEAN où le total des flux entrants étrangers a diminué de 20,2% en 2016 à 101,6 Mds USD, (-25,5 Mds USD), selon la CNUCED. Cette tendance à la diminution des flux entrants, voire au désinvestissement, s’observe dans l’essentiel des économies émergentes et s’explique notamment par la faiblesse des prix des matières premières, tout particulièrement répercutée en Asie du Sud-Est, ainsi que par les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques mondiales.

L’ensemble régional affiche une attractivité contrastée. Plusieurs des grandes économies voient un retrait des investissements français en 2016, en particulier l’Indonésie et la Malaisie suite à des opérations financières intragroupes. A l’inverse, Singapour capte 782,0 M EUR de flux entrants, soit 1,5% du total des flux d’IDE français, en 12ème position, avant la Chine (13ème), en raison principalement du rachat de l’armateur singapourien Neptune Orient Lines par CMA CGM pour 2,2 Mds EUR. Si les économies intermédiaires de la région (Thaïlande, Philippines, Brunei) témoignent également du désinvestissement français dans la région, plusieurs économies moins développées de la zone (Vietnam, Cambodge, Laos) continuent de capter les investissements français.

Le stock d’IDE français en ASEAN, concentré dans trois secteurs, reste modeste en 2016

Les stocks d’IDE français en ASEAN atteignent 18,2 Mds EUR fin 2016 (-1,8% par rapport à 2015), un niveau modeste par rapport au poids de la région dans l’économie mondiale. Forte de son statut de hub économique international, Singapour concentre 64% du stock en 2016 en ASEAN loin devant l’Indonésie (9,9%) et la Thaïlande (9,4%). La Malaisie, 3ème économie de la région en matière de PIB/hab, est un des pays d’ASEAN où le stock d’IDE français est le plus faible. En revanche, les économies moins développées de la région bénéficient des flux d’investissements positifs reçus en 2016.

L’analyse de la répartition sectorielle des stocks français d’IDE en ASEAN révèle une forte pondération de l’industrie manufacturière (41% en 2016), des industries extractives (18%) et des services financiers (12%). Cette répartition est cohérente avec la présence des grands groupes français dans la région, en particulier dans le secteur agroalimentaire (Bel, Danone), dans les secteurs pharmaceutique et de la chimie (Servier, Air Liquide, Novacap), dans l’énergie (Total, Engie, EDF), dans la finance et l’assurance (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, AXA).

La structure du stock d’investissement français diffère notablement entre les grandes économies de la région. Si elle est fortement axée sur l’industrie manufacturière et les industries extractives en Indonésie et en Malaisie, elle est plus équilibrée entre industries et services à Singapour et en Thaïlande. Plus de 60% du stock d’IDE français dans la construction est concentré aux Philippines. Dans les économies plus modestes de la région, on remarque la forte pondération des services (en particulier les services financiers) qui représente plus de 70% du stock d’IDE français au Vietnam, plus de la moitié au Cambodge et près d’un tiers au Laos. La part de l’investissement français dans l’industrie manufacturière dans ces pays, pourtant fortement intégrés aux chaînes de valeur de l’industrie manufacturière mondiale, reste faible, se situant en moyenne autour de 15%.

La marge de progression des investissements français dans la région est encore importante, la zone présentant un potentiel considérable. La Banque asiatique de développement évalue ainsi l’importance des besoins en infrastructures à 1 700 Mds USD par an jusqu’à 2030. Le FMI estime la croissance moyenne de la zone à 5,1% en 2017 et en 2018. Parallèlement, la région continue de s’ouvrir aux flux internationaux, comme en témoignent les initiatives de plusieurs pays pour favoriser les investissements étrangers.

 

Contact : lauriane.montreuil@dgtresor.gouv.fr