Le Premier ministre malaisien Najib bin Tun Razak a présenté le 27 octobre 2017, devant le Parlement, les grandes lignes du budget fédéral pour 2018. Placé sous la thématique « Prospering an Inclusive Economy, Balancing Between Worldly and Hereafter, for the Wellbeing of the Rakyat, Towards the TN50 Aspiration », ce budget doit également préparer l’ambition du nouveau Plan de Transformation Nationale à l’Horizon 2050 pour prendre le relais de « l’Economic Transformation Program » actuel qui se termine en 2020.

Le Premier Ministre a indiqué que la dépense publique 2018 représentera 280,25 Md de ringgits malaisiens (MYR), en hausse de +7,4% par rapport au budget de 2017, auquel  s’ajoute un budget de 2 Mds MYR pour les imprévus (« contingencies »). Elle se répartit de la manière suivante :

  • 234,25 Mds MYR de dépenses de fonctionnement (83,6% du total ; +6,5%), dont 33,8% (79,15 Md MYR) pour les émoluments, 10,5% pour les pensions (24,6 Md MYR) et 13,2% pour le service de la dette (30,9 Md MYR) ;
  • 46 Mds MYR de dépenses d’investissements, dont 57,3% pour les activités économiques (26,3 Md MYR ; agriculture et développement rural, énergie et services publics, commerce et industrie, communications, transports, environnement,…) et 11,7 Mds MYR pour le secteur social (éducation, formation, santé, logement,…);
  • 2 Mds RM de réserves pour imprévus.

 Il a également précisé que la dépense publique 2018 devait répondre à 8 orientations principales :

Priorité 1 : Stimuler l’investissement, le commerce et les industries, avec un accent particulier mis sur les PME, les exportations, le secteur agricole, le tourisme, la logistique (transports urbains et ferroviaires,…), et le marché financier ;

Priorités 2 & 3 : Préparer l’Horizon 2050. Dans cette rubrique, le gouvernement malaisien compte donner une nouvelle impulsion au développement du capital humain dans le cadre de son plan de Transformation Nationale à l’horizon 2050 (éducation, talents et compétences, formation professionnelle, développement de la pratique sportive).

Priorité 4 : Mener un développement inclusif. Ce quatrième pilier du budget englobe tout à la fois des mesures d’aides  à la population, aux petits planteurs de palmiers à huile, de sécurité et de défense, aux bumiputeras, aux communautés chinoise, indienne et Orang Asli et en faveur des femmes.

Priorité 5 : Prioriser le bien-être de la population et créer les opportunités pour générer des revenus. Cette orientation comprend notamment des exemptions de GST (« Goods and Services Tax »), des réductions d’impôt sur le revenu et le budget de la santé ;

Priorité 6 : Fortifier la 4ème révolution industrielle et l’économie digitale (industrie 4.0 ; développement durable ; zone France digitale,…) ;

Priorité 7 : Renforcer l’efficacité des entreprises et services publics ;

Priorité 8 : Favoriser un équilibre entre les activités temporelles et spirituelles.

De leur côté, les recettes de l’Etat sont estimées à 239,86 Md MYR, en hausse de +6,4% par rapport à 2017 (212,42 Md MYR). Elles résulteront pour 79,9% des recettes fiscales (191,6 Md MYR, en hausse de +2,4%). Sur ce poste, les taxes directes s’établiront à 127,7 Md MYR et seront principalement constituées de l’impôt sur les sociétés (72,5 Md MYR), de l’impôt sur les revenus pétroliers (11,4 Md MYR) et de l’impôt sur les revenus des personnes physiques (32,2 Md MYR). Le produit des taxes indirectes (63,9 Md MYR) résultera principalement des droits d’accises (12,3 Md RM) et de la taxe de 6% sur les biens et services (Goods and Services Tax -GST) à hauteur de 43,8 Md MYR. Les recettes non fiscales (48,3 Md MYR) proviendront à 50,9% des dividendes (principalement versés par  Petronas, le fonds souverain Khazanah et la Banque centrale) et à 28,1% des recettes générées par les redevances sur la production des hydrocarbures, l’immatriculation des véhicules et les contributions perçues sur les travailleurs étrangers.

Ce budget 2018, le 3ème du 11ème Plan quinquennal (2016-2020), table sur des hypothèses réalistes et s’inscrit dans une période de reprise de la croissance et d’un environnement économique plus favorable : estimation de croissance de 5 à 5,5% pour 2018 (5,2 à 5,7% pour 2017). En cohérence avec l’objectif de consolidation budgétaire du gouvernement, le déficit budgétaire (3% du PIB en 2017) devrait être ramené à 2,8% du PIB prévisionnel 2018, soit encore 29,8 Md MYR.

Généralement bien accueilli (notamment par les secteurs de la construction et des infrastructures), ce budget vise, à l’approche d’élections générales, à préserver le progrès social et le bien-être de la population tout en maintenant le cap prudent de la consolidation fiscale.