Éire Eco - Octobre 2017
© DG Trésor - Sources : Department of Finance, CSO, CBI, ESRI, Markit, Investec, Department of Energy, EPA, BPFI
Macroéconomie
Croissance du PIB - Le PIB irlandais retrouve une croissance robuste au T2 2017 avec un taux de 1,4%, après une contraction de 3,5% au T1 2017. En glissement annuel, la croissance du PIB atteint 5,8%. La dépendance de la croissance économique irlandaise aux exportations semble diminuer au profit de la demande intérieure. Ainsi, la demande intérieure modifiée (corrigée des distorsions induites par les multinationales) a contribué à une croissance de 2,1 pts de PIB alors que les exportations nettes (ajustées des transactions liées aux brevets de propriétés intellectuelles et au leasing aéronautique) ont contribué négativement de -0,7 pt. La croissance du PIB sur les deux premiers trimestres 2017 place l’Irlande en bonne position pour être l’économie européenne avec la croissance la plus forte pour la quatrième année consécutive.
Indice d’activité économique – Le PMI manufacturier s’établit à 55,4 en septembre, en baisse par rapport à août (56,1) mais confirme une reprise « structurelle ». Le climat des affaires dans ce secteur s’est continuellement amélioré sur les 52 derniers mois. Les nouvelles commandes ont fortement augmenté en septembre, enregistrant leur plus forte croissance sur les deux dernières années. Le PMI des services a quant à lui augmenté de 0,3pt en septembre, à 58,7.
Indice des ventes de détail – Hors automobiles, les ventes de détail (en volume) ont progressé de 0,2% en août par rapport à juillet, l’indice s’établissant à 130,4, soit une croissance de 6,7% par rapport à août 2016. Cette croissance concerne tous les sous-secteurs de l’économie. Les ventes automobiles ont en revanche diminué de 0,6% sur le mois et de 17% sur l’année. La faiblesse de la livre sterling par rapport à l’euro incite les consommateurs irlandais à acheter leurs voitures de l’autre côté de la frontière nord-irlandaise. La faiblesse de la livre contribue par ailleurs à la baisse des prix des biens de détail, en diminution de 3,2% par rapport à juillet et de 2,8% sur l’année (hors auto), renforçant ainsi le pouvoir d’achat des ménages irlandais.
Chômage – Le CSO a publié les chiffres du chômage du mois de septembre et réévalué ceux des mois précédents : le taux de chômage irlandais s’est établi à 6,1% de la population active en septembre, inchangé par rapport au mois d’août, les chiffres du chômage de mai à août ayant été révisés à la baisse (entre 6,1% et 6,2% sur la période contre 6,3% à 6,4% selon les estimations précédentes). En revanche, le taux de chômage des jeunes a été révisé à la hausse : alors que les estimations précédentes évaluaient ce taux entre 11,9% et 13,8% sur la période février-août 2017, les nouvelles estimations l’évaluent entre 13,9% et 15,7%. Au mois de septembre, le taux de chômage des jeunes s’établi à 14,8%, en baisse par rapport au mois précédent (15,3% en aout selon les nouvelles estimations, contre 12,7% selon les précédentes). Bien que la situation du marché du travail s’améliore de façon structurelle en Irlande, le taux de chômage des jeunes reste élevé. Cet écart entre les taux de chômage des jeunes et celui de la population active totale, déjà souligné le mois précédent, semble se renforcer.
Immobilier – Les prix de l’immobilier ont continué d’augmenter en juillet 2017 sur l’ensemble du territoire irlandais, enregistrant une inflation de 3% par rapport à juin 2017 et de 12,3% par rapport à juillet 2016. A Dublin, l’inflation mensuelle en juillet 2017 a atteint 3,2%, et l’inflation annuelle 11,7%. Cette hausse des prix est une conséquence directe de l’important déficit d’offre de logement du pays. Au T2 2017, le volume de constructions immobilières résidentielles était en baisse de 1,2% par rapport au trimestre précédent, mais en hausse de 30% par rapport au T2 2016. Par ailleurs, le gouvernement devrait maintenir, moyennant quelques ajustements, le programme « Help-to-buy » (déduction fiscale pour les primo accédants) pour le budget 2018. Bien qu’élevés en raison de la pénurie de logement, les prix immobiliers restent environ 26% en-dessous du pic atteint avant la crise financière.
Finances publiques
Notation financière – L’agence de notation Moody’s a augmenté la note de l’Irlande à A2. Cette décision fait suite aux dernières publications des chiffres du PIB, meilleurs que prévu : l’Irlande est l’économie européenne connaissant les taux de croissances les plus élevés de l’Union européenne depuis les trois dernières années et est en bonne position pour l’être cette année encore. Par ailleurs, le déficit public devrait retourner à l’équilibre dès l’année prochaine. Cette amélioration de la notation financière de l’Irlande devrait avoir un impact positif sur les taux souverains irlandais. Moody’s avait déjà augmenté la note de l’Irlande à A3 en mai dernier.
Obligation d’Etat – L’Irlande a émis pour la toute première fois 4 Mds € d’obligations d’Etat zéro-coupon à 5 ans, à un taux de rendement légèrement négatif. Le pays est donc rémunéré pour emprunter. L’obligation arrivera à maturité à une valeur légèrement inférieure à celle de son prix de vente. Si les investisseurs qui les détiennent jusqu’à maturité sont assurés de perdre de l’argent, les obligations zéro-coupon demeurent les seules permettant d’éliminer réellement tout risque de taux entre deux dates. BNP Paribas, Citi, Davy, Goldman Sachs, NatWest et la Société Générale ont participé à l’opération. Ces dernières années, les obligations d’Etat irlandais enregistrent de meilleures performances que les autres pays européens, les actifs irlandais bénéficiant de étant soutenus par la reprise économique robuste du pays.
Investissement et compétitivité
Commerce extérieur – La balance commerciale de l’Irlande était en excédent de 4,2Mds€ en juillet 2017, en augmentation par rapport au mois précédent (3,2Mds€ en juin). Alors que les exportations ont diminué de 3,6% sur la période, s’établissant à 9,5Mds€, elles ont été plus que compensées par la baisse de 20% des importations, à 5,3Mds€, soit leur plus bas niveau de l’année 2017. Par ailleurs, le CSO a révisé à la baisse les chiffres du commerce extérieur pour 2016, l’excédent commercial de l’Irlande s’établissant maintenant à 45,2Mds€, ce qui reste un niveau record pour l’économie du pays. La confiance des entreprises et des consommateurs semble bien résister au Brexit jusqu’ici, mais l’incertitude entourant les négociations restent un risque majeur pour l’économie irlandaise, particulièrement pour les exportateurs du secteur agro-alimentaire. Le Royaume-Uni demeure le deuxième pays de destination des exportations irlandaises et le pays d’origine de 30% des biens consommés en Irlande. Bien que le Royaume-Uni ne représente que 16 à 17% des exportations totales irlandaises, près de 30% des emplois irlandais sont dans des secteurs dépendant des exportations vers ce pays.
Crédits hypothécaires – Le taux d’approbation de crédits hypothécaires est en hausse de 25% en août 2017 par rapport à août 2016. Le montant moyen des crédits approuvés pour les primo-accédants s’élevait à 211 000€, soit une hausse de 12% par rapport à l’année dernière. Par ailleurs, le revenu médian des primo-accédants a augmenté de 2,6% entre T2 2016 et T2 2017. Si le ratio dette/revenus est aujourd’hui au-dessus de 3, il reste encore largement en dessous du seuil régulateur de 3,5 fixé par la Banque centrale irlandaise.
Brexit
Exposition des secteurs de l’économie irlandaise au marché britannique - Une étude du ministère des Finances irlandais publiée en septembre montre que l’Irlande est le pays de l’UE le plus exposé au Brexit dans les secteurs des biens (agro-alimentaire notamment) et parmi les pays les plus exposés dans ceux des services. L’étude confirme la complémentarité importante entre les secteurs de l’économie irlandaise les plus exposés au marché britannique et ceux dans lesquels le Royaume-Uni présente un désavantage comparatif. Sur le long terme, le Royaume-Uni pourrait être incité à conclure des accords commerciaux avec des pays tiers pour assurer son approvisionnement au meilleur prix dans les secteurs où il souffre de désavantages comparatifs, ce qui confronterait les exportateurs irlandais à une concurrence plus forte.
Secteur financier
Endettement des ménages – Selon les comptes financiers trimestriels publiés par la Banque Centrale d’Irlande, la dette des ménages irlandais représentait 145% de leur revenu disponible au T1 2017, soit 10pp de moins qu’au T2 2017. C’est la contraction la plus importante enregistrée parmi tous les pays de l’UE. Malgré ce processus de désendettement, les ménages irlandais restent les quatrièmes les plus endettés d’Europe, derrière les ménages danois, néerlandais et suédois. Par ailleurs, la croissance des revenus des ménages irlandais se poursuit grâce à l’augmentation des salaires, aux baisses d’impôts et à la diminution du chômage. Les analystes s’attendent à ce que le ratio dette privé/revenus des ménages enregistre une contraction significative sur l’année 2017.
Endettement des entreprises - Au T2 2017, l’encours de prêts aux SNF irlandaises est en diminution de 2,5% (g.a cvs) en raison de la contraction des dettes immobilières. Hors immobilier, les emprunts progressent de 1,9% sur la période, tirés par les grandes entreprises (+12,6%). Les PME, en revanche, poursuivent leur désendettement, leur encours de dette diminuant de 7,4%. Selon Davy Research, compte tenu de l’ampleur des ajustements entrepris (l’encours de prêts aux SNF est passé de 172 Mds€ en 2008 à 43 Mds€ en 2017), le processus de désendettement des entreprises devrait bientôt toucher à sa fin.
Bank of Ireland – Bank of Ireland (BoI) a fait un retour réussi sur le marché des dettes subordonnées, en émettant ses premières obligations Tier 2 par l’intermédiaire de sa nouvelle société de portefeuille « HoldCo ». D’un montant de 300 millions £ et de 500 millions de $ (soit environ 750 millions € au total), ces émissions visent à couvrir les exigences de fonds propres de la nouvelle directive « MREL » (Minimum Requirement for Elegible Liabilities and own funds). Ce sont les premières émissions d’obligations subordonnées non-libellées en euro émises par BoI depuis un certain temps. Elles serviront à soutenir ses activités de crédit non-euro et à couvrir ses expositions financières aux fluctuations des taux de change. Par ailleurs, les résultats de BoI ont continué de s’améliorer au S1 2017, avec une augmentation des nouveaux prêts octroyés, des fonds propres solides et une réduction soutenue de son exposition non performante (NPE).
Principaux indicateurs économiques
Évolution des indicateurs macroéconomiques – tableau mensuel
Évolution des indicateurs macroéconomiques – tableau annuel