Une activité lourdement pénalisée par la faiblesse de prix du pétrole depuis 3 ans

 Alors qu’Oman avait connu une croissance annuelle moyenne supérieure à 4 % au cours du 8ème Plan (2012-16), l’activité a sensiblement fléchi à partir du 2ème semestre 2014 en lien avec la chute des prix du pétrole. Après avoir atteint 4,2 % en 2015 et 3 % en 2016, la croissance du PIB pourrait être négative cette année compte tenu de la faiblesse persistante de l’activité et de l’engagement du Sultanat à réduire de -5 % sa production de pétrole au titre de l’accord de Vienne. Cette année, la production pétrolière devrait ainsi s’élever à 970 000 b/j en moyenne contre un peu plus d’1 million de barils l’an passé.

 De fait, le PIB connaîtrait cette année un recul de -1,2 % selon le FMI avant de rebondir en 2018 à 4,8 %. Bien que le secteur pétrolier ait vu sa part se réduire tendanciellement depuis trois ans, le PIB pétrolier comptant aujourd’hui pour 27,5 % du PIB total, le poids des hydrocarbures dans l’économie reste prépondérant. L’an dernier, les hydrocarbures (pétrole et gaz) ont ainsi représenté 68 % des recettes budgétaires et 58 % des exportations. Dans ce contexte, l’ensemble des secteurs ont pâtit du ralentissement de l’activité. En attestent la chute des transactions immobilières (-70 % sur le 1er semestre 2017 par rapport à la même période l’an dernier), le repli de -6,5 % en g.a -une première depuis 20 ans- des transferts des immigrés (qui représentent en Oman 15,5 % du PIB), la nouvelle réduction du nombre d’immatriculations (-7 % en un an) ou plus généralement la faible performance des secteurs non pétroliers en hausse de +2,5 % l’an passé contre +6,7 % en 2014. A cette dépendance à l’égard du pétrole se couple une dépendance commerciale vis-à-vis de la Chine, 1er client, de loin, du Sultanat avec 43,1 % des exportations et surtout 78 % des ventes de pétrole.

L’ancrage du rial au dollar US a permis sur longue période de contenir le taux d’inflation, à l’exception de 2008 (+12,6 %), conséquence du « boom » des matières premières. Depuis, le taux d’inflation reste très modéré, s’établissant à +1,3 % en moyenne sur la période 2009-16. Reflet des difficultés économiques du Sultanat, les prix n’ont progressé en moyenne que de +1,1 % en g.a l’an passé. Pour 2017, le taux d’inflation devrait accélérer pour s’établir à +3,2 % compte tenu des conséquences en matière de hausse de prix du retrait graduel des subventions, conséquence des besoins budgétaires accrus (cf. infra).

Des comptes externes et publics très dégradés

Au plan externe, alors que le Sultanat dégageait sur longue période un excédent courant, le pays a enregistré en 2015 un déficit de -15,5 % du PIB qui s’est davantage creusé l’an dernier atteignant le seuil record de -17,4 % (11,5 Mds USD) selon le FMI. Malgré cette dégradation des comptes externes, résultat de l’effondrement des cours du baril, le prix du baril de pétrole omanais atteignant un point bas de 34,6 USD le baril en février 2016, les réserves de la Banque centrale ont augmenté l’an passé pour atteindre 20,3 Mds USD en fin de période contre 17,5 Mds USD fin 2015. La progression des réserves a résulté des émissions d’obligations souveraines réalisées par les autorités à partir de juin 2016 (2,5 Mds USD, 1,5 Md USD en septembre 2016 et 5 Mds USD en mars 2017), le pays revenant sur le marché international de la dette après 17 ans d’absence. L’augmentation des réserves a permis de rassurer les marchés quant à la capacité des autorités à maintenir l’ancrage du rial au dollar tout en desserrant quelque peu les tensions apparues fin 2015 s’agissant de la liquidité.

Alors que traditionnellement le solde public dégageait un surplus, la chute des cours à compter de la mi-2014 et leur faiblesse relative depuis, malgré la remontée observée à partir de fin 2016, se sont soldées par un déficit public élevé, atteignant respectivement -15,7 % du PIB en 2015 et -21,8 % l’an dernier. Alors que le prix d’équilibre budgétaire se situe à 79 USD le baril (selon le FMI), soit l’un des seuils les plus élevés de la région, preuve d’efforts encore insuffisants s’agissant de la réduction et de la maîtrise de la dépense publique, le déficit public a chuté de -30,5 % en g.a sur le 1er semestre 2017 dans le sillage du rehaussement des prix du pétrole. Sur les six premiers mois de 2017, le prix moyen du baril de pétrole omanais exporté s’est en effet élevé à 51,8 USD, contre 35 USD en moyenne au 1er semestre 2016. Sur les 6 premiers mois 2017, les revenus issus des ventes de pétrole et de gaz ont ainsi respectivement crû de +46 % (2,17 Mds OMR) et +12,5 % (683 M OMR). Malgré tout, même si le déficit devrait se réduire cette année autour de -12,3 % du PIB, il devrait rester négatif au cours des 5 prochaines années (entre -7 % et -9 % du PIB par an en moyenne selon les années), alimentant d’autant la dette publique (et le service de la dette). Alors que celle-ci représentait moins de 5 % du PIB en 2014, elle atteint désormais près de 40 % du PIB.

Des marges d’actions au plan des politiques économiques de plus en plus contraintes

Au plan monétaire, les difficultés induites par la faiblesse des cours des hydrocarbures se traduisent par une hausse des taux d’intérêt qui, de facto, sont étroitement liés à ceux de la Réserve fédérale américaine et suivent donc la même trajectoire haussière depuis lé décision prise par la FED à la mi-décembre 2016 d’initier le processus graduel  de remontée de la fourchette des taux. La Banque centrale agit essentiellement sur la liquidité, qui, après des moments de tensions entre fin 2015 et mi-2016, s’est normalisée, dans le sillage des émissions obligataires. Malgré cela, les difficultés de paiement demeurent régulières freinant d’autant la bonne réalisation de projets d’infrastructures.

Au plan budgétaire, les autorités ont adopté à partir de janvier 2016 des mesures de consolidation budgétaire (réduction des subventions à l’essence, coupes dans les dépenses en capital, doublement des tarifs du gaz pour les industriels…) qui ont permis de réduire tendanciellement le déficit public. Ces mesures restent toutefois encore insuffisantes et ce alors que les subventions restantes représentent encore 1,8 % du déficit et 3,5 % du Budget. Le processus d’ajustement a certes été initié mais le Sultanat n’en est qu’à ses prémices et d’importants efforts restent à accomplir pour ajuster l’économie à l’hypothèse de plus en plus probable d’un cours du baril de pétrole au mieux stabilisé autour de 60 USD. Ces efforts risquent d’être d’autant plus difficiles à réaliser pour le Sultanat qu’aux incertitudes politiques liées à la succession du Sultan (qui freinent tout processus décisionnel) s’ajoutent aussi les éventuelles nouvelles sanctions des marchés alors que l’agence de notation S&P a dégradé en mai 2017 la note souveraine d’Oman en catégorie spéculative, rehaussant d’autant le prix à payer pour convaincre les investisseurs à acquérir de la dette omanaise.

Carte d'Oman

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