Séminaire Fourgeaud du 3 juin : les intervenantsLe séminaire Fourgeaud du 7 juin 2017, cinquième séminaire de l’année, a porté sur le thème "Composition de la chaîne de production, productivité et propagation des cycles".  Tout d’abord, Emmanuel Dhyne (Banque nationale de Belgique) a exposé les principaux résultats d’un article co-écrit avec Cédric Duprez (Banque nationale de Belgique) intitulé "Sous-traitance locale et performance des firmes : Une évaluation empirique à partir du réseau de production belge". Ensuite, Isabelle Méjean (École Polytechnique et CEPR) a présenté son étude co-écrite avec Julian di Giovanni (Université Pompeu Fabra, GSE, CREI et CEPR) et Andrei A. Levchenko (Université du Michigan, NBER et CEPR) intitulée "Les origines microéconomiques des co-mouvements internationaux de cycles".  La discussion a été introduite par Julien Arthur  (direction générale du Trésor).

 

Voici un bref résumé des deux études présentées :

"Sous-traitance locale et performance des firmes : Une évaluation empirique à partir du réseau de production belge", par Emmanuel Dhyne et Cédric Duprez

Ce papier a pour objectif de confronter les théories récentes d’outsourcing international (cf. Antras et al, 2016) aux données individuelles belges et en particulier aux échanges domestiques interentreprises. Pour ce faire, nous utilisons une base de données originale qui caractérise l’ensemble des relations commerciales entre les firmes belges (cf. Dhyne, Magerman et Rubínová, 2015). En la combinant avec les données d’importations, nous montrons une complémentarité entre la sous-traitance internationale et locale. Cette complémentarité signifie que les meilleures firmes tendent à importer une partie de leurs inputs, mais également à s’approvisionner auprès d’un nombre plus élevé de fournisseurs domestiques. Le choix des fournisseurs domestiques et des montants des transactions est établi sur la base de la géographie et de la productivité des firmes. Les données montrent également que des barrières culturelles internes à la Belgique façonnent significativement les échanges domestiques. Au même titre que les entreprises les plus productives sont celles qui importent des marchés les plus distants, on observe au niveau national que ce sont également elles qui sous-traitent avec des partenaires établis sur l'ensemble du territoire. Les entreprises les moins productives n'établissent des liens commerciaux qu'avec un nombre limité d’entreprises localisées à proximité ou dans quelques zones géographiques dans lesquelles les entreprises ont tendance à être plus productives ou plus nombreuses, comme par exemple, la région de Bruxelles-Capitale. Ces observations sont cohérentes avec un modèle de sous-traitance domestique avec choix endogène des tâches réalisées au sein de la firme.

"Les origines microéconomiques des co-mouvements internationaux de cycles", par Julian di Giovanni, Andrei A. Levchenko et Isabelle Méjean

Ce papier étudie le rôle des entreprises individuelles dans les co-mouvements de cycles entre pays. Les données utilisées couvrent la valeur ajoutée au niveau de la firme en France, les importations et les exportations bilatérales, et les détentions transfrontalières sur la période 1993-2007. Au niveau microéconomique, lorsque l’on contrôle pour des effets fixes firme et pays, le commerce de biens avec un pays particulier est associé à une corrélation significativement plus élevée entre la firme et le pays considéré. Les firmes multinationales opérant en France sont par ailleurs significativement plus corrélées avec l’économie source. L’impact du commerce direct et des multinationales sur les co-mouvements au niveau microéconomique a des implications significatives au niveau agrégé car les entreprises connectées internationalement sont systématiquement plus grandes que les autres. Ces firmes ne représentent que 8% de l'échantillon, mais elles sont à l'origine de 56% de la valeur ajoutée et de 75% des co-mouvements agrégés observés. Sans ces liens, la corrélation entre la France et les pays étrangers diminuerait en moyenne de 0,091 point, soit un tiers de la corrélation moyenne des cycles de 0,29 observée dans notre échantillon de pays partenaires. Ces résultats mettent en évidence une transmission internationale des chocs via les liens individuels de commerce et les liens de propriétés au sein des multinationales.

➡️ Les documents relatifs à ce séminaire peuvent être téléchargés à partir de la page des archives des séminaires 2016-2017.  

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