Tandis que la politique de la concurrence repose sur une hypothèse de « perfection des marchés », permettant de sélectionner naturellement les entreprises les plus performantes, la politique industrielle regroupe un ensemble d’interventions publiques visant notamment à corriger des imperfections de marché qui rendraient parfois inefficace le jeu naturel de la concurrence

Ces interventions peuvent être très différentes selon la nature des défaillances de marché diagnostiquées. L’État peut par exemple chercher à promouvoir certains secteurs ou activités générant des gains d’efficacité dans l’ensemble de l’économie. Il pourra ainsi être amené à adopter des mesures transversales, telles que le crédit impôt-recherche, qui incite à l’innovation, ou bien des appels à projets subventionnés, visant par exemple à favoriser les économies d’énergie. La puissance publique peut également vouloir intervenir en faveur d’entreprises spécifiques. Ainsi, en présence d’économies d’échelle, la puissance publique peut être favorable à des opérations de concentration qui amélioreraient la productivité des entreprises, ou soutenir des entreprises, compétitives, mais rencontrant des difficultés économiques passagères menaçant leur survie. L’intervention publique peut alors prendre la forme d’un soutien à la création d’un « champion national » ou d’un plan d’aide aux entreprises en difficulté.

Les questions-clés de la séance

Dans quelles conditions, ou dans quels secteurs, politique industrielle et politique de la concurrence peuvent-elles s’avérer complémentaires ou antagonistes ? Quelles marges de manoeuvre reste-t-il aux États pour mener une politique industrielle efficace ? La politique de la concurrence a-t-elle été trop loin, en empêchant des interventions publiques efficaces, ou, au contraire, garantit-elle un environnement propice à l’émergence des entreprises les plus compétitives ?

Intervenants et documentation

  • Pierre-André Buigues, ESC Toulouse, ancien Chef économiste adjoint à la DG Concurrence de la Commission européenne
  • Antoine Winckler, Avocat associé du cabinet Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP
  • Paul Seabright, École d’économie de Toulouse (TSE)
  • Anne Perrot, Vice-présidente de l’Autorité de la concurrence