Le commerce bilatéral entre la France et l'Afrique du Sud en 2022

Le commerce franco-sud-africain a augmenté de 31% en 2022, pour atteindre le niveau inédit de 3,5 Mds EUR – dépassant désormais de 18% son niveau pré-crise (moyenne 2017-2019), principalement sous l’effet d’une forte hausse des importations. Celles-ci, qui ont particulièrement progressé pour les hydrocarbures et produits miniers d’une part et les matériels de transport d’autre part, entrainent une nette contraction de l’excédent commercial à 260 M EUR (-53,5%), après trois années consécutives de hausse. La croissance des échanges bilatéraux a été plus marquée que celle observée au niveau mondial (+24,9%), mais moins qu’au niveau de l’Afrique subsaharienne (+47,3%). Malgré la forte hausse des échanges en 2022, les parts de commerce bilatéral entre la France et l’Afrique du Sud sont en diminution. Si l’Afrique du Sud demeure un partenaire secondaire au niveau mondial, elle est un partenaire significatif à l’échelle de l’Afrique sub-saharienne (1er client et 3ème fournisseur).

1. Les exportations françaises à destination de l’Afrique du Sud ont poursuivi leur progression en 2022, pour atteindre 1,9 Md EUR (+16,4%), après une hausse de 22% en 2021. Elles ont désormais dépassé leur niveau pré-crise (+11% par rapport à la moyenne 2017-2019), mais restent inférieures à leur niveau de 2014 (-4%). A titre de comparaison, les exportations françaises ont augmenté de +19,3% au niveau mondial, et de +8,9% à destination de l’Afrique sub-saharienne.

  • L’augmentation des exportations a été particulièrement marquée pour les « matériels de transports » : +121,2%, soit une contribution positive de 6,6 points, pour atteindre 194,3 MEUR. Cette augmentation souligne la reprise des exportations aéronautiques (107 MEUR - multipliées par cinq) dans un contexte de forte reprise du secteur aérien, ainsi que des ventes de « produits de construction automobile » (+159% - pièces détachées), après une baisse de 22% en 2021. La reprise du secteur automobile en Afrique du Sud reste néanmoins soumise à de nombreuses contraintes (pénurie de pièces de rechange ; impact des inondations dans le KZN en mai 2022 ; explosion du prix d’achat des véhicules).
  • Les exportations de « produits de l’industrie agroalimentaire » ont quant à elles progressé de 30,9% (soit une contribution positive de 3,9 points) en 2022, pour atteindre 264 MEUR. Les ventes de boissons alcoolisées (+33% : champagne et cognac – 36 MEUR et 75 MEUR) et de produits laitiers (+47% - 63 MEUR) ont été particulièrement dynamiques.
  • Les exportations de « machines industrielles et agricoles » ont augmenté de 14,5% (soit une contribution positive de 2,3 points), après une augmentation de près de 50% l’année précédente, pour atteindre 298 MEUR, en lien avec les cours toujours élevés des matières premières (machines de sondage et forage de la terre : +27% à 32 MEUR) et de la bonne orientation du secteur agricole sud-africain (tracteurs agricoles : +77% à 25 MEUR). A cet égard, les bonnes performances agricole et minière de l’année précédente ont encouragé l’investissement en 2022.
  • Les exportations de « produits chimiques, parfums et cosmétiques » ont augmenté de 14,6% (soit une contribution positive de 2,8 points), grâce aux intrants (+5% - 103 MEUR) et aux produits de beauté (+24% - 69 MEUR).
  • En 2022, les exportations françaises ont augmenté pour la grande majorité des postes. A noter toutefois la contribution négative (i) des « produits métalliques et métallurgiques » (-9,4%, soit une contribution négative de 0,7 point), sous l’effet de l’effondrement des exportations de produits de la chaudronnerie ; (ii) des « produits pharmaceutiques » (-4,7%, soit une contribution négative de 0,7 point, après une hausse de 6% l’année précédente dans un contexte toujours marqué par la pandémie) ; (ii) du poste « bois, papier et carton » (-12,2%, soit -0,3 point).

2. En 2022, la structure des exportations françaises vers l’Afrique du Sud est restée relativement stable par rapport aux années précédentes. Comme depuis 2019, les « produits chimiques, cosmétiques et parfums » représentent notre premier poste d’exportation avec près de 20% du total – intrants pour l’industrie pétrochimique, produits de beauté, insecticides. Viennent ensuite les « machines industrielles et agricoles », qui restent au second rang pour la seconde année consécutive (16% du total). Les « produits de l’industrie agroalimentaire » passent de la quatrième à la troisième position (14% du total en 2022, contre 12% en 2021 et 9% en moyenne entre 2017 et 2019). A l’inverse, la part des « produits pharmaceutiques » (médicaments, vaccins, antibiotiques) continue de diminuer (quatrième poste d’exportations avec 12% du total, contre 15% en 2021 –il s’agissait pour rappel du deuxième poste d’exportations en 2020, année marquée par la pandémie).

3. L’Afrique du Sud est un débouché secondaire pour les produits français, la destination ne représentant que 0,3% de nos exportations en 2022. Cette part, qui reste stable cette année, s’inscrit toutefois dans une tendance baissière depuis le début des années 2010, reflétant en partie les difficultés rencontrées par l’économie sud-africaine (baisse de la demande interne et fort ralentissement des opportunités liées aux grands contrats). Toutefois, l’Afrique du Sud demeure la première destination des exportations françaises en Afrique subsaharienne (17%), devant la Côte d’Ivoire (13%) et le Sénégal (9%). En 2022, la France était le 12ème fournisseur de l’Afrique du Sud (-2 places avec 1,9% de part de marché, contre 2,1% l’année précédente), le 3ème au niveau européen (derrière l’Allemagne et l’Italie – avec respectivement 7,4% et 2,2% de part de marché, également en baisse par rapport à l’année précédente).  

4. En 2022, les importations françaises en provenance d’Afrique du Sud ont progressé de 53,5%, soit un rythme bien plus dynamique que celui des importations, pour atteindre 1,6 Md EUR – après une hausse de 22% en 2021. La valeur de nos importations atteint ainsi un niveau inédit dans l’histoire du commerce bilatéral franco-sud-africain.

  • Cette évolution s’explique principalement par la très forte augmentation de nos importations du poste « hydrocarbures et autres produits des industries extractives », qui ont plus que triplé (+210%, soit une contribution positive à la hausse de 35,1 points), pour atteindre 546,1 MEUR. Les importations de houille et des minerais métalliques en provenance d’Afrique du Sud se sont à cet égard substituées aux importations antérieures en provenance de Russie.
  • L’augmentation des importations françaises en provenance d’Afrique du Sud s’explique, dans une moindre mesure, par l’augmentation du poste « matériel de transport » (+18,3%, soit une contribution positive de 6,3 points, pour atteindre 428 MEUR) – en retrait toutefois de 18,3% par rapport à ses niveaux pré-crise.
  • On observe également une forte augmentation de nos importations de la catégorie « produits métallurgiques et métalliques » : +40,5% (soit une contribution positive de 4,6 points), pour atteindre 168 MEUR – portée par les métaux non ferreux (aluminium, nickel, conserves) en hausse de 22% (110 MEUR) et les produits sidérurgiques et de transformation de l’acier (+103% - 54 MEUR).

5. En 2022, la structure des importations françaises est bouleversée par la forte hausse des importations des « produits miniers » (houille, zirconium, manganèse), qui en occupent désormais le premier poste (34% contre 17% en 2021). Le poste « matériel de transport » est rétrogradé à la deuxième position (26%, contre 34% en 2021), malgré une croissance soutenue (+18,3%). Enfin, les « produits agricoles » (fruits – agrumes, avocats, poires, prunes) se maintiennent à la troisième position, malgré une part de marché en baisse (11%, contre 16% en 2021).

6. Au niveau mondial, l’Afrique du Sud n’est pas un fournisseur majeur de la France (54ème fournisseur, représentant 0,2% de nos importations en 2022), mais elle est un partenaire clé dans une perspective de diversification de l’approvisionnement français en matières premières. A l’échelle de l’Afrique sub-saharienne, elle notre troisième fournisseur, avec une part de 10,2% (contre 13% en 2021), après le Nigéria (30%, contre 36% en 2021) et l’Angola (23,3%, contre seulement 2% en 2021), dont les flux sont essentiellement composés de pétrole brut (99% des importations pour l’Angola).

7. La France continue d’enregistrer un excédent commercial en 2022, mais celui-ci se contracte très fortement (-53,5%, à 260 MEUR), en raison de la forte croissance des importations, très supérieure à celle des exportations. L’excédent reste supérieur au point bas atteint en 2018 (206 M EUR), mais rompt avec la dynamique de croissance enregistrée ces trois dernières années. Cette contraction traduit les difficultés énergétiques françaises résultant de la guerre en Ukraine, et illustre la nécessité pour la France de diversifier ses sources d’approvisionnement après la rupture des relations commerciales avec la Russie.

En complément, disponible au téléchargement : 
  • Commerce bilatéral en 2022 - ANNEXE
  • Commerce bilatéral en 2021
  • Commerce bilatéral en 2021 - ANNEXE
  • Commerce bilatéral en 2020
  • Commerce bilatéral en 2020 - ANNEXE 
  • Commerce bilatéral en 2019 
  • Commerce bilatéral en 2019 - ANNEXE
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