Le commerce bilatéral entre la France et l'Afrique du Sud en 2023

Le commerce franco-sud-africain a reculé de 6,3% en 2023, pour atteindre 3,3 Mds EUR. Cette évolution s’explique d’abord par une baisse de nos importations (-10% à 1,5 Md EUR) – contraction des flux de houille qui avaient surgi en 2022 pour compenser la houille russe sous sanctions, et plus largement des produits de l’industrie minière. Dans une moindre mesure, nos exportations se sont également contractées (-3% à 1,6 Md EUR) – en lien avec le recul des flux de matériel de transports et produits pharmaceutiques, dans un contexte économique domestique dégradé. L’année 2023 marque ainsi une rupture avec la tendance observée les deux années précédentes (+20% en 2021 et +31% en 2022). Les échanges entre les deux pays avaient atteint un record historique en 2022 et demeurent en 2023, malgré la baisse, à un niveau supérieur à la moyenne 2010-2020 de 17%. Le résultat de ces mouvements (contraction des importations plus marquée que celle des exportations) est un excédent commercial (structurel) en net rebond en faveur de la France (+43,4% à 350 MEUR). Plus généralement, l’Afrique du Sud demeure un partenaire secondaire au niveau mondial mais reste un partenaire stratégique à l’échelle de l’Afrique sub-saharienne (1er client et 3ème fournisseur).

1. Les exportations françaises à destination de l’Afrique du Sud se sont légèrement contractées en 2023, pour atteindre 1,8 Md EUR (-3%), après une hausse record de 16% en 2022. Elles restent toutefois supérieures à la moyenne enregistrée entre 2018-2022 (1,6 Md EUR). Cette dynamique contraste avec la bonne tenue des exportations françaises à destination d’Afrique sub-saharienne (+1%) et au niveau mondial (+2,1%).

  • Cette évolution s’explique notamment par le net recul des exportations de « matériels de transports » (-46,6%, à 97,7 MEUR, soit une contribution négative de 4,6 points), en lien avec la baisse des ventes d’équipements aéronautiques et automobiles - alors que le flux avait bénéficié de la vente d’un avion (48,4 MEUR) en 2022.
  • Dans une moindre mesure, on observe un recul des flux de « produits pharmaceutiques » (-21,7% à 178 MEUR, soit -2,6 points), en lien avec la baisse des ventes de vaccins et de médicaments.
  • A l’inverse, on peut noter une progression des flux d’« équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique », (+6,5% à 532,1 MEUR, soit +1,7 point), particulièrement marquée pour les ventes de matériel électrique (électrodes, tableaux et armoires électriques, groupes électrogènes, etc.).
  • Enfin, à noter, dans une moindre mesure, l’augmentation des exportations de « produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture » (+161,4% à 23,1 MEUR, soit +0,8 point), en lien avec un nouveau flux d’orge (12,5 MEUR), et des « produits des industries agroalimentaires » (+3,8% à 274,2 MEUR, soit +0,5 point), portés par les bonnes performances des ventes de cognac (+20% à 901 MEUR) et de malt (+62% à 15 MEUR).

2. En 2023, la structure des exportations françaises vers l’Afrique du Sud est restée globalement inchangée par rapport aux années précédentes. Notre premier poste d’exportation demeure, depuis plus de dix ans, les « équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique », (machines agricoles et minières, puis matériel électrique), dont la part atteint 29% (contre 26% en moyenne entre 2018 et 2022). Les « produits chimiques, parfums et cosmétiques » (éléments combustibles, additifs pour huile de moteur, produits de beauté et de maquillage, réactifs chimiques, parfums) se maintiennent à la deuxième place, représentant 20% du total (une part stable ces cinq dernières années). Enfin, les « produits des industries agroalimentaires » (cognac, champagne, lait, malt) arrivent en troisième position, avec une part de 15%, en progression pour la quatrième année consécutive (11,7% en moyenne entre 2018 et 2022). A noter cependant que la part des « produits pharmaceutiques » (médicaments, vaccins) continue de reculer et atteint son point le plus bas depuis 2015 (quatrième poste d’exportations avec 10% du total, contre 14% en moyenne entre 2018 et 2022 – il s’agissait, pour rappel, du deuxième poste d’exportations en 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19). De même, « les matériels de transports » sont rétrogradés au sixième rang, représentant 5% des flux, un niveau deux fois inférieur à la en moyenne entre 2018 et 2022.

3. L’Afrique du Sud est un débouché secondaire pour les produits français, la destination ne représentant que 0,3% de nos exportations en 2023, soit notre 43ème client au niveau mondial. Cette part, qui diminue très marginalement, suit une tendance baissière depuis le début des années 2010, reflétant en partie les difficultés rencontrées par l’économie sud-africaine (baisse de la demande interne et fort ralentissement des opportunités liées aux grands contrats). Toutefois, l’Afrique du Sud demeure la première destination des exportations françaises en Afrique subsaharienne (16%), devant la Côte d’Ivoire (12%) et le Sénégal (9%). En 2023, la France était le 12ème fournisseur de l’Afrique du Sud avec 2% de part de marché, contre 1,9% l’année précédente), le 3ème au niveau européen (derrière l’Allemagne et l’Italie – avec respectivement des parts de marchés de 8,2% et 2,3%, en progression)[1]

4. En 2023, les importations françaises en provenance d’Afrique du Sud ont reculé de 10% pour atteindre 1,5 Md EUR. Elles demeurent toutefois à leur second point le plus élevé, après avoir atteint un record historique en 2022. A noter par ailleurs que ce recul demeure moins important que celui de nos importations en provenance d’Afrique sub-saharienne (-15%).

  • Cette évolution s’explique principalement par la baisse du poste « hydrocarbures et autres produits des industries extractives », divisé par deux par rapport à l’année précédente (-51%, à 272 MEUR, soit une contribution négative de 17,5 points) – en lien notamment avec un net recul du flux de houille (-51% à 205 MEUR) qui avait été multiplié par trois en 2022 dans un contexte de diversification de nos d’approvisionnements de charbon (principalement pour l’usage de l’industrie sidérurgique), suite aux sanctions mises en place contre la Russie. A noter par ailleurs la diminution de nos importations minières (minerais de manganèse : -42%, zirconium : -15%, granites : -38%) et l’arrêt des flux de minerais de fer (42 MEUR en 2022).
  • Dans une moindre mesure, on observe un recul des importations de « produits métallurgiques et métalliques » (-26,6%, à 123,4 MEUR soit -2,8 points) affectées par la baisse des importations de produits d’aluminium (de 78 MEUR à 22 MEUR), partiellement compensée par la hausse des importations de nickel (+114% à 54 MEUR).
  • A l’inverse, les importations ont progressé dans plusieurs catégories, notamment les « matériels de transport » (+27,3% à 545 MEUR, soit +7,2 points) en lien avec les bonnes performances des flux de véhicules et pièces détachées (+35% à 436 MEUR) et des « produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture » (+18,9%, à 214 MEUR, soit +2,1 points) portés par les agrumes (+28% à 125 MEUR) et les avocats (+53% à 22 MEUR).

5. Alors que la structure des importations avait été modifiée en 2022 sous l’effet notamment d’une forte progression des flux de houille, elle s’est globalement rééquilibrée sur l’année 2023, se rapprochant de sa composition traditionnelle. Le poste « matériel de transport » (véhicule et pièces détachées) retrouve ainsi la première position, représentant à 37,4% du total (contre 26,4% l’année dernière), un niveau proche de la moyenne 2018-2022 (36,3%). Le poste « hydrocarbures naturels et autres produits des industries extractives » rétrograde à la seconde position avec une part à 18,6% (contre 34,3% en 2022), un niveau légèrement inférieur à la moyenne de ces cinq dernières années (20%). Enfin, les « produits agricoles » (fruits – agrumes, avocats, raisins, poires) se maintiennent à la troisième position, avec une part en hausse à 15% (contre 11% en 2022 et 12,6% en moyenne ces cinq dernières années).

6. Au niveau mondial, l’Afrique du Sud n’est pas un fournisseur majeur de la France (54ème fournisseur, représentant 0,2% de nos importations en 2023), mais elle est un partenaire clé dans une perspective de diversification de l’approvisionnement français en matières premières (minières). A l’échelle de l’Afrique sub-saharienne, elle reste notre troisième fournisseur, avec une part de 10,8% (contre 10,2% en 2022), loin derrière le Nigéria (33%, contre 30% en 2022) et l’Angola (13%, contre 23% en 2022), dont les flux sont essentiellement composés de pétrole brut (99% des importations pour l’Angola).

7. Suivant les dynamiques décrites ci-dessus (baisse de nos importations plus marquée que celle de nos exportations), l’excédent commercial structurel enregistré par la France vis-à-vis de l’Afrique a donc significativement rebondi en 2023 (+43,4% à 350M EUR), après avoir été divisé par deux l’année précédente. Il reste toutefois largement inférieur au niveau moyen des années 2010 (816 MEUR).



[1] D’après les données de South African Revenue Services (2024)

En complément, disponible au téléchargement : 
  • Commerce bilatéral en 2023 + ANNEXE
  • Commerce bilatéral en 2022 +ANNEXE
  • Commerce bilatéral en 2021
  • Commerce bilatéral en 2021 - ANNEXE
  • Commerce bilatéral en 2020
  • Commerce bilatéral en 2020 - ANNEXE 
  • Commerce bilatéral en 2019 
  • Commerce bilatéral en 2019 - ANNEXE
Publié le