Situation économique et financière - Janvier 2018

Le Kosovo compte une population de 1,9 M d’habitants et enregistre un PIB de l’ordre de 6,4 Mds EUR en 2017. Son modèle économique génère d’importants déséquilibres extérieurs (déficit commercial des biens de 38% du PIB), et intérieurs (taux de chômage de 31%). L’émergence d’un secteur productif et la mise en œuvre de réformes structurelles sont indispensables pour soutenir la croissance et réduire l’important chômage qui touche ce pays. A noter à ce stade, une situation budgétaire sous contrôle et un système bancaire stable. Le Kosovo a bénéficié d’un accord de confirmation avec le FMI, octroyé en juillet 2015 pour une durée initiale de 22 mois, prolongée de deux mois et d’un montant de 185 M EUR. Il a pris fin en août 2017, sans le déboursement de la dernière tranche de 15 M EUR, en raison du retard dans la formation du nouveau gouvernement à l’issue des élections législatives de juin. L’accord de stabilisation et d’association (ASA) entre l’Union européenne et le Kosovo, signé en octobre 2015, est entré en vigueur le 1er avril 2016

La croissance atteint à nouveau 4,1% en 2017, tirée par l’investissement et la consommation

La croissance est dynamique, malgré un contexte politique peu favorable. La nouvelle coalition au pouvoir doit adopter des législations-clés, tel que l’accord de démarcation de la frontière avec le Monténégro, condition préalable à la libéralisation des visas dans l’UE, mais les divergences en son sein (7 partis) freinent la mise en œuvre des réformes.

Après 4,1% en 2016, la croissance resterait stable en 2017 selon le FMI. Elle est tirée par l’investissement (contribution de 3,4 pp), la consommation (1,6 pp) et les exportations (3,6 pp). L’investissement privé est soutenu par la croissance des crédits et les flux d’IDE, et l’investissement public s’accélère grâce à la réalisation plus rapide que prévue du projet d’autoroute reliant Pristina à la Macédoine. L’augmentation des prestations sociales, des remises de migrants, et la croissance des crédits ont soutenu la consommation des ménages, tandis que les exportations ont bénéficié de la reprise dans l’UE et de prix plus élevés des métaux de base. Du côté de l’offre, les services, et en particulier la construction et le tourisme, demeurent le principal moteur de la croissance (contribution de 2,5 pp).

Le FMI prévoit une stabilisation de la croissance du PIB à 4% jusqu’en 2022, tirée par la consommation privée et l’investissement, les exportations augmentant mais demeurant un faible contributeur. La Banque mondiale, quant à elle, prévoit une accélération de la croissance à 4,8% en 2018 et 2019, tirée principalement par la consommation et l’investissement, en raison d’une meilleure exécution des projets d’investissement et de l’amélioration de l’environnement des affaires. A noter la signature, en décembre 2017, d’un accord avec l’entreprise américaine Countour Global pour la construction d’une nouvelle centrale au charbon, Kosovo e re, qui représente l’investissement le plus important de l’histoire du Kosovo, estimé à 1 Md EUR.

Le niveau de chômage atteint 31% au deuxième trimestre 2017 et concerne très largement les jeunes (51%). Le poids de l'économie informelle, représentant au moins un tiers du PIB, et la dépendance aux remises de migrants, expliquent en partie ce chômage élevé. En 2016, le salaire moyen brut s’établit à 519 EUR. L’inflation s’est accélérée en 2017, à 1,5% en moyenne, après 0,3% en 2016. Elle devrait ralentir à 1% en 2018.

Le modèle économique actuel du Kosovo génère d’importants déséquilibres

Doté d’un PIB de 6,4 Mds EUR et d’une population de 1,9 M d’habitants, le Kosovo est le pays le plus pauvre d’Europe du Sud-Est, avec un PIB par habitant ressortant à environ 3 436 EUR. Son modèle économique repose largement sur les transferts de la diaspora alimentant la demande interne via la consommation des ménages et des investissements.

L’appareil de production kosovar est peu développé, contraint par des infrastructures routières et énergétiques inadéquates. La base productive du pays est très étroite et a besoin d’être élargie. Le secteur industriel ne pèse que 21% de la valeur ajoutée alors que le secteur agricole représente encore près de 13% de la valeur ajoutée, la construction 8% et le secteur des services 57%.

Le Kosovo importe donc l’essentiel de ses besoins, le déficit du commerce extérieur est un des principaux défis auquel doit faire face le pays. En 2017, le déficit commercial des biens atteint 38% du PIB, compensé par l’excédent des services (11% du PIB) et par les remises de migrants (11% du PIB). Ces dernières pourraient même atteindre près de 20% du PIB. Par ailleurs, les flux d’IDE au Kosovo représentent 5% du PIB en 2017. Le déficit courant s’élève à 8,7% du PIB en 2017.

 

Des finances publiques maîtrisées sous l’égide du FMI, avec qui un accord de confirmation vient de s’achever

La politique budgétaire du Kosovo évolue dans un cadre législatif bien défini. Suite notamment aux discussions avec le FMI ont été mises en place les règles suivantes : une loi sur la dette publique limite celle-ci à 40% du PIB ; un amendement constitutionnel prévoit que tout endettement externe du pays soit soumis à un vote à la majorité qualifiée au parlement ; la loi sur la gestion des finances publiques requiert que tout aménagement de la loi de finance initiale soit neutre sur le plan budgétaire ; enfin une règle budgétaire limite, à quelques exceptions, le déficit budgétaire à 2% du PIB. Ces principes, qui sont globalement appliqués, expliquent largement la situation budgétaire actuelle.

Suite aux engagements pris dans le dernier accord de confirmation avec le FMI, mis en place à partir de juillet 2015, les finances publiques se sont redressées en raison notamment des efforts entrepris pour améliorer la collecte des recettes et l’efficacité des dépenses. Le déficit public est resté contenu en 2017 (1,2% du PIB).

A noter dans la structure des recettes, le poids des recettes douanières (30%), qui risque de créer des problèmes budgétaires au Kosovo lorsque montera en puissance l’ASA avec l’UE. Il importe donc de réorienter dès maintenant, les ressources budgétaires, largement issues des recettes provenant des importations, vers des sources de revenu internes, tels que les impôts sur les sociétés et la TVA.

Le budget pour 2018 a été adopté par le Parlement en décembre 2017. Les dépenses s’élèvent à 2,1 Mds EUR, en hausse de 300 M EUR par rapport au budget 2017, avec notamment une augmentation des investissements en capital de 39%, à 700 M EUR. Le déficit primaire est prévu à 4% du PIB pour 2018, tandis que le déficit basé sur la règle fiscale avec le FMI devrait atteindre 1,8% du PIB. S’agissant de la dette publique, elle est estimée à 21% du PIB en 2017 par le FMI et devrait atteindre 21,8% du PIB en 2018 (respectivement 16,8% et 19,2% pour la Banque mondiale).

Le secteur financier kosovar apparait stable

Le secteur financier kosovar apparaît stable sous la supervision de la Banque centrale. En novembre 2017, il comprend 10 banques (dont 8 étrangères) représentant 66% des actifs, 2 fonds de pensions (28% des actifs), 15 compagnies d’assurance (3%) et 18 institutions de microcrédits (3%).

Le secteur bancaire, qui est largement dominé (88% des actifs) par les banques étrangères, est très concentré puisque les trois principales banques représentent 61% du secteur (Raiffeisen, Pro-Credit et Nova Ljubljanska Banka). L’encours de prêts continue d’augmenter (+11,2% en ga en novembre 2017) et atteint 2,5 Mds EUR, dont 64% de prêts aux entreprises et 36% aux ménages. Cette activité bancaire a été largement financée par les dépôts (3 Md EUR, 71% en provenance des ménages et 29% des entreprises), qui connaissent une croissance annuelle de 8,2% en novembre 2017.

Le secteur bancaire reste très liquide et le ratio de prêts sur dépôts atteint environ 82%. La part des prêts non performants a été ramenée à 3,4% en novembre 2017, contre 6,2% en 2015. Le secteur est bien capitalisé avec un ratio d’adéquation du capital de 18,2%, supérieur au seuil requis de 12%. Le secteur est particulièrement rentable, le bénéfice net des banques s’établit à 82 M EUR en novembre 2017. A noter la mise en place avec le FMI du règlement relatif à l’accès à la liquidité de la Banque centrale en cas d’urgence (ELA) et la présence d’un fonds de garantie des dépôts.

Le secteur de l’assurance générait des pertes jusqu’en mars 2017. Le bénéfice net des compagnies d’assurance s’élève à 3,2 M EUR en novembre 2017. Le secteur est composé de 15 compagnies d’assurance, dont 12 non vie (dont 8 étrangères) et 3 compagnies d’assurance vie. Le coût de l’assurance automobile est particulièrement élevé.

Des réformes structurelles sont indispensables pour changer le modèle économique du pays

Le modèle économique du Kosovo, actuellement fondé sur les flux provenant de la diaspora et l’aide internationale, génère un déficit commercial substantiel. Ce déficit significatif reflète une base productive étroite et non compétitive. Il est donc nécessaire de créer un environnement des affaires favorable au développement des entreprises.

L’Etat de droit est un des grands défis du pays, en raison de l’insuffisante indépendance du secteur judiciaire et de la corruption. Le Kosovo est l’Etat perçu comme le plus corrompu de la région des Balkans, le pays occupant le 95ème rang mondial du classement de l’index de perception de la corruption 2016 de Transparency International.

Enfin, le Kosovo est confronté à des défis considérables quant au développement de son marché du travail. Le taux d’emploi est très faible, autour de 30% au deuxième trimestre 2017, avec d’importants écarts entre les hommes (47%) et les femmes (13%). Le taux de chômage est le plus élevé des Balkans, autour de 31%, et touche particulièrement les jeunes.

 

Indicateurs Macro

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