KOSOVO
Investissements directs étrangers - 2023
En 2023 les flux d’IDE nets entrants au Kosovo ont de nouveau progressé pour atteindre 6,7 % du PIB. Cette progression ne permet néanmoins pas de compenser le déficit du compte courant, établi à 7,6 % du PIB cette année-là. Portés principalement par le soutien de la diaspora, les flux d’IDE concernent essentiellement des secteurs à faible valeur ajoutée. Malgré un cadre législatif en progression, le pays continue de souffrir de problématiques qui nuisent à son attractivité. Le Kosovo a néanmoins amorcé une réflexion afin d’exploiter le potentiel d’investissements de la diaspora, important moteur de la croissance kosovare.
1. Les Flux d’IDE entrants au Kosovo restent portés par la diaspora.
Alors que les flux d’IDE entrants au Kosovo restaient relativement stables depuis 2007, équivalant en moyenne à 305,9 MEUR par an, ils avaient progressé de +74,0 % pour s’établir à 732, MEUR en 2022. Dans une moindre mesure, cette tendance continue en 2023 avec des flux d’IDE qui atteignent 844 MEUR, soit +15,3 % en g.a. Le stock d’IDE s’établit quant à lui, avec une hausse de +14,8 % en g.a., à 6,2 Mds EUR en 2023. Malgré cette progression, les flux d’IDE nets (655,2 MEUR, soit 6,7 % du PIB) continuent d’être insuffisants pour couvrir le déficit du compte courant (7,6 % du PIB soit 738,4 MEUR). Les IDE entrants sont majoritairement issus de la diaspora kosovare, qui réside essentiellement en Allemagne et en Suisse, tandis que la Slovénie, l’Italie, l’Autriche et les États-Unis sont les autres principaux pays de résidence de la diaspora.
L’Allemagne, où résident 350 000 Kosovars, reste le premier investisseur étranger au Kosovo avec un stock d’IDE établi à 1 093,1 MEUR (soit 17,5 % du total du stock d’IDE au Kosovo), marqué notamment par la présence du fabricant de matériaux de construction Xella. En 2023, l’Allemagne continue d’être le premier pourvoyeur d’IDE au Kosovo avec des flux établis à 190,4 MEUR, soit 22,5 % du total des flux entrants au Kosovo. La Suisse, où vivent 200 000 Kosovares, est le second investisseur étranger du pays avec un stock d’IDE de 1 011,1 MEUR (16,2 % du total). Le Groupe suisse Mabetex enregistré à Lugano (qui détient entre autres "Banka Ekonomike", l'hôtel de luxe "Swiss Diamond" et la compagnie d'assurance "Siguria"), est le plus grand investisseur suisse. Le spécialiste de l’agroalimentaire suisse M&Sillosi est également présent sur le marché kosovar. En 2023, les flux d’IDE en provenance de Suisse se sont établis à 175,8 MEUR et placent la Suisse à la deuxième position des investisseurs étrangers en termes de flux cette année-là. Le stock d’investissements de la Turquie, à 501,8 MEUR (8,0 % du total), lui confère la 3ème place au rang des investisseurs étrangers au Kosovo. Les flux d’investissements turcs progressent en outre de +90,5 % en g.a. en 2023, à 57,4 MEUR, marqués notamment par la présence du groupe énergétique turc KEDS. Parmi les autres investisseurs importants au Kosovo figurent notamment l’opérateur téléphonique slovène IPKO, le cimentier grec Shaarcem, la banque slovène NLB Prishtina, et le groupe américain de travaux publics Bechtel.
En 2023, les activités immobilières continuent de dominer les flux d’IDE entrants au Kosovo, en représentant 60,5 % du total (511,2 MEUR). Ce secteur, qui porte traditionnellement les investissements étrangers entrants dans le pays, est lui-même tiré par les activités de la diaspora. Les activités financières et d’assurance captent quant à elles 20,9 % des flux d’IDE du pays (soit 176,6 MEUR). Ces deux secteurs d’activité sont néanmoins caractérisés par une faible valeur ajoutée. Le secteur de la fourniture d'électricité et de gaz commence néanmoins à attirer plus d’investissements, avec des flux d’IDE nets en hausse de +111,9 % en g.a. à 62,5 MEUR (soit 7,4 % du total) en 2023.
2.Les flux d’IDE au Kosovo souffrent d’une sous-utilisation du potentiel d’investissement de la diaspora.
Le Kosovo est membre du CEFTA[1] depuis 2006 et a conclu un accord de stabilisation et d’association avec l’UE en 2015. Le Kosovo a également signé un accord de commerce et de coopération avec le Royaume-Uni, un accord de libre-échange avec la Turquie et a entamé un processus de négociation pour conclure un accord de libre-échange avec l’AELE[2] . Le Kosovo a, en outre, signé des conventions de non double imposition avec 16 pays, dont la Suisse et la Turquie, et de protection des investissements avec huit pays, dont les Etats-Unis, la Turquie et les Émirats Arabes Unis.
Le Kosovo a adopté des réformes favorables aux investissements étrangers. Le pays a créé plusieurs zones de développement économique dans lesquelles s’appliquent des exemptions ou réduction de taxes et droits douaniers. Une loi sur les investissements durables est en cours de mise en œuvre et vise notamment à faciliter et accélérer les procédures administratives. Plus récemment, le pays a amorcé une réflexion afin d’exploiter le potentiel d’investissements de la diaspora. En effet, la majeure part les flux de la diaspora prend actuellement la forme d’envois de fonds (1,3 Mds EUR en 2023 soit 13,9 % du PIB) et est utilisée pour la consommation[3]. Si ces flux permettent de réduire la pauvreté au Kosovo, ils participent peu à la création d’emplois et au développement économique du pays. Dans ce cadre, le ministère des Finances, du Travail et des Transferts a lancé, en 2021 pour la première fois, deux enchères appelées Diaspora Bonds d'une durée de trois et cinq ans.
Concernant l’environnement des affaires, la résolution prise par le gouvernement du Kosovo afin de lutter contre la corruption s’est traduite par une amélioration significative du classement du pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Le Kosovo a ainsi gagné 21 places par rapport à 2020, se situant désormais au 83ème rang. Néanmoins, l’environnement des affaires reste contraint par la lourdeur administrative notamment concernant les procédures d’octroi de licences et de permis. La prégnance de l’informalité (estimé à 38 % du PIB) et le déficit en matière d’infrastructures nuisent à la compétitivité du pays et au développement de sa base productive tandis que des problématiques douanières continuent de porter préjudice au commerce et que des défaillances du système judiciaire continuent d’être observées. A noter néanmoins sur ce dernier point que l'Assemblée a adopté, en mars 2022, une loi instituant un tribunal de commerce pour régler les différends commerciaux des entreprises et des investisseurs étrangers, ainsi qu'une loi sur les droits de propriété des citoyens étrangers. La situation géopolitique du Kosovo reste fragilisée par le conflit avec la Serbie et le pays n’est, en outre, pas reconnu comme tel par l’intégralité de la communauté internationale.
Les tensions avec la Serbie affaiblissent également l’attractivité du pays pour les investisseurs. Outre l’impact réputationnel des tensions, les barrières à l’échange -techniques ou officielles[4]- enregistrées entre les deux pays nuisent aux entreprises internationales qui ont du mal à exporter depuis le Kosovo alors même que le pays représente un petit marché d’1,8 M d’habitants.
[1] Central Europe Free Trade Agreement, accord de libre-échange régional
[2] L’Association européenne de libre-échange
[3] Une enquête menée par GERMIN (2023) montre que les envois de fonds de la diaspora à leurs familles sont destinés à l’achat des biens et des services (66 %), le paiement pour les besoins de santé (46 %), l'achat d'appareils électroménagers (36 %), les urgences (21 %), le paiement des frais d'éducation (15 pour cent) et à l'investissement/l'entrepreneuriat (10 %).
[4] Des droits de douane de 100 % ont été mis en place fin 2018 jusqu’en avril 2020 par le Kosovo sur les produits serbes et bosniens. De nouveau, en juin 2023, le Kosovo a interdit les importations de produits serbes. Si la mesure a été assouplie en juillet, le Kosovo ayant autorisé l’importation d’un certain nombre de produits, les échanges restent contraints.
Annexes
Annexe 1 : Flux d’IDE entrant au Kosovo (MEUR).
Annexe 2 : IDE entrant au Kosovo par pays d’origine, 2023.
Stocks |
Flux |
||||
|
MEUR |
Part |
|
MEUR |
Part |
Total |
6250,4 |
100,0 |
Total |
844,3 |
100,0 |
Union européenne |
2506,4 |
40,1 |
Allemagne |
190,4 |
22,6 |
Allemagne |
1093,1 |
17,5 |
Suisse |
175,8 |
20,8 |
Suisse |
1011,2 |
16,2 |
États-Unis |
67,0 |
7,9 |
Turquie |
501,8 |
8,0 |
Albanie |
64,0 |
7,6 |
États-Unis |
455,1 |
7,3 |
Autriche |
63,4 |
7,5 |
Autriche |
394,2 |
6,3 |
Turquie |
57,5 |
6,8 |
Albanie |
371,0 |
5,9 |
Royaume-Uni |
48,1 |
5,7 |
Slovénie |
275,5 |
4,4 |
Slovénie |
34,0 |
4,0 |
Royaume-Uni |
175,7 |
2,8 |
Pays-Bas |
22,4 |
2,7 |
Pays-Bas |
113,7 |
1,8 |
Hongrie |
19,1 |
2,3 |
Suède |
107,6 |
1,7 |
Canada |
17,8 |
13,3 |
Source : Banque centrale du Kosovo.
Annexe 3 : IDE entrant au Kosovo par secteur, 2023.
Flux d’IDE entrant |
||
MEUR |
Part (%) |
|
Total |
844,3 |
100,0 |
Agriculture, sylviculture et pêche |
0,7 |
0,1 |
Industries extractives |
36,7 |
4,3 |
Fabrication |
13,2 |
1,6 |
Fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et de climatisation |
62,5 |
7,4 |
Approvisionnement en eau; Activités d’assainissement, de gestion des déchets et d’assainissement |
0,2 |
0,0 |
Construction |
11,9 |
1,4 |
Commerce de gros et de détail ; Réparation de véhicules automobiles et de motocycles |
17,2 |
2,0 |
Transport et entreposage |
-12,0 |
-1,4 |
Activités d’hébergement et de restauration |
0,2 |
0,0 |
Information et communication |
12,9 |
1,5 |
Activités financières et d’assurance |
175,6 |
20,8 |
Activités immobilières |
511,2 |
60,6 |
Activités professionnelles, scientifiques et techniques |
7,5 |
0,9 |
Activités administratives et de services de soutien |
-1,0 |
-0,1 |
Administration publique et défense ; Sécurité sociale obligatoire |
1,5 |
0,2 |
Éducation |
1,8 |
0,2 |
Santé humaine et activités sociales |
0,7 |
0,1 |
Arts, spectacles et loisirs |
0,6 |
0,1 |
Autres activités de services |
-1,1 |
-0,1 |
Non spécifié |
3,8 |
0,5 |
Source : Banque centrale du Kosovo.