Situation économique et financière en 2024

 

Le Kosovo affiche des taux de croissance soutenus depuis la sortie de la pandémie (> 4%), en lien avec sa trajectoire de rattrapage. Sa base industrielle est étroite, mais le Kosovo dispose de bassins miniers importants (1/3 des exportations). La dépendance du pays au secteur externe est vitale (pour ses importations, les financements concessionnels, les investissements et les transferts de la diaspora) ; l’économie kosovare est donc étroitement liée à la conjoncture internationale, et pourrait subir un ralentissement cette année. L’élection législative de février 2025 n’a pas fait ressortir de majorité, ce qui entrave la formation d’un gouvernement.

Une économie de rattrapage : une croissance forte mais des défis structurels

Sur le plan comptable, le Kosovo est l’économie la plus dynamique des Balkans occidentaux, avec une croissance de 4,4 % en 2024. Depuis 2022, la croissance moyenne du Kosovo est de 4,3 %, dépassant ses voisins balkaniques (Serbie à 3,4 % ; Albanie à 4,2 %). Cette année, elle a été portée par la consommation des ménages et l’investissement - malgré une contribution négative du commerce, liée au niveau critique des importations (> 50 % du PIB pour les marchandises). La demande domestique a été soutenue par la hausse des salaires réels (13 %), notamment du salaire minimum à l’automne 2024, et par une forte croissance du crédit aux ménages (17%).

L’inflation a ralenti à 1,6 % en moyenne sur l’année (contre 4,9 % en 2023). Elle enregistre toutefois un rebond au T1 2025 lié aux prix des denrées alimentaires qui représentent 40 % de l’indice, et devrait s’accélérer avec la hausse prévue des tarifs réglementés de l’électricité. Parallèlement, les pressions inflationnistes s’accentuent sur les prix à la production (+9,9 % au T3 et +8,5 % au T4 2024 en g.a.), qui pourraient se répercuter sur les prix à la consommation à court-terme. La Banque centrale ne dispose pas de marge manœuvre pour lutter contre l’inflation, le pays ayant unilatéralement adopté l’euro.

Les prévisions de croissance pour 2025 sont encore optimistes (autour de 4 %), alors que des risques baissiers se font sentir. Comme en 2024, la consommation et l’investissement seront encore soutenus par un budget 2025 expansif (revalorisation des pensions, hausse des dépenses de capital) et la croissance du crédit au secteur privé (ménages et entreprises). Néanmoins, le pays connaît une impasse politique qui compromet l’exécution des programmes, et l’avancée dans les réformes, alors qu'aucun gouvernement n'a été formé depuis les élections de février. L’activité économique est aussi menacée par l’instabilité internationale, qui affectera directement les prix des importations, la demande pour les biens kosovars, mais aussi les transferts de la diaspora (13 % du PIB, nets).

Les déséquilibres externes s’amplifient mais la situation budgétaire reste saine

Le déficit courant a atteint 9 % du PIB en 2024 (contre 7,6 % du PIB en 2023) sur fond d'accélération des importations et de stagnation des IDE et des transferts de la diaspora. La forte demande domestique et la dynamique d’investissement nourrissent de grands besoins d’importations de marchandises, qui s’élèvent à 57 % du PIB (+ 1 point). Les exportations progressent plus faiblement (9,3 % du PIB) : la demande pour les minerais et métaux de base (1/3 des exportations) s’est rétablie à 306 M EUR après la chute de 2023 (230 M EUR), mais ne dépasse pas son niveau de 2022 (317 M EUR), et les exportations de mobilier déclinent depuis deux ans. L’excédent dans les services s’améliore (17,4 % du PIB), entretenu par les télécommunications et l’informatique, et les voyages. Les revenus secondaires, qui incluent les transferts de fonds, stagnent en valeur (1,7 Md EUR) et baissent en proportion du PIB (18 % du PIB à 16,6 % du PIB). Le déficit courant est financé par les IDE (6,1 % du PIB) - malgré leur légère baisse-, les autres transferts (4,3 % du PIB), et des transferts de fonds et services touristiques non identifiés, inscrits en erreurs et omissions (2,4 % du PIB).

La dette publique est à 41 % externe, et quasi-exclusivement concessionnelle. La dette publique externe a crû de 12 % en 2024, à la faveur de décaissements de bailleurs multilatéraux. La Banque mondiale détient près de 50 % de la dette publique externe et 20 % de la dette publique totale.

Le Kosovo a enregistré en 2024 un budget proche de l’équilibre, avec un déficit limité à 0,3 % du PIB, largement en-deçà du budget voté (2,7 % du PIB). Cela pour la deuxième année consécutive, dans un contexte de hausse continue des recettes publiques qui reflète les efforts du gouvernement pour lutter contre l’informalité et la contrebande, et pour renforcer l’efficacité de l’administration fiscale. Le déficit devrait dépasser 2 % du PIB en 2025 (2,6 % selon le gouvernement, 2,1% selon le FMI), en raison de la hausse des dépenses de personnel, de pensions et de transferts sociaux, mais aussi des dépenses de capital. Au cours de la période 2025-2027, les recettes publiques devraient se stabiliser en-dessous 30 % du PIB (26 % pour les recettes fiscales). 

La dette publique est inférieure à 17 % du PIB. C’est le ratio le plus faible de la région, qui a diminué grâce à la forte croissance du PIB nominal et aux surplus primaires enregistrés en 2023 et 2024. Elle est à près de 60 % détenue au niveau domestique, par une base de créanciers étroite. Le Fonds de retraites national (KPST) détient 45 % de la dette domestique, tandis que les banques commerciales et la banque centrale en détiennent respectivement 24 % et 22 %. Le Kosovo est noté BB- par Fitch (confirmation en octobre 2024 avec une perspective stable), et n’a pas encore accès aux marchés de financement internationaux.

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