Commerce extérieur et IDE au Kosovo en 2021

Sous l’effet de la reprise économique (+9,5 % en 2021), les échanges commerciaux ont progressé de +43 % en 2021, les exportations (0,75 Md EUR) et les importations (4,65 Mds EUR) ayant respectivement progressé de +58 % et de +41 %. L’important déficit de la balance commerciale (-51 % du PIB) a été compensé, pour partie, par d’importants flux de la diaspora (43 % du PIB selon le FMI) - tirés par le « rattrapage » des voyages annulés en 2020 et par la reprise économique dans les pays émetteurs de remises migratoires. Doté d’une base productive étroite, le Kosovo importe l’essentiel de ses besoins et exporte des produits peu diversifiés, principalement des meubles et articles de literie (21 %), et du fer et de l’acier (16 %). L’UE (34 % des exportations kosovares, 46 % des importations) et l’ALECE (44 % ; 19 %) demeurent les principaux partenaires commerciaux du Kosovo. En 2021, les Etats-Unis sont devenus le 1er client du pays. S’ils demeurent faibles et orientés vers des secteurs peu productifs, les flux d’IDE (5,4 % du PIB) ont progressé de +20 % en 2021. Les principaux détenteurs du stock d’IDE (61 % du PIB) sont l’Allemagne (15 %) et la Suisse (14 %), où la diaspora kosovare est majoritairement établie.  

1/ Les flux de la diaspora ont contenu les déséquilibres extérieurs

En 2021, le déficit commercial du Kosovo, structurellement très élevé, s’est dégradé de 9,1 pp pour atteindre -51,1 % du PIB (-3,9 Mds EUR), sous l’effet de la forte augmentation des importations (4,65 Mds EUR ; +41,1 %). Le taux de couverture des importations demeure préoccupant, mais a progressé de +1,7 pp, à 16,1 %.

L’impact sur la balance courante (-9,1 % du PIB), qui s’est limité à 2,1 pp, a été contenu par : (i) d’importants flux nets de remises migratoires, estimés à 15,6 % du PIB en 2021 par le FMI, tirés par la reprise économique dans les pays émetteurs (Allemagne, Suisse, Italie) ; (ii) la reprise vigoureuse du tourisme de la diaspora - dont les recettes ont atteint le niveau historique de 17,9 % du PIB (contre 8,5 % en 2020) - permise par la levée des restrictions de déplacement et le taux élevé de vaccination[1].

Le déficit courant a en outre été compensé, pour partie, par les flux d’IDE entrants, notamment immobiliers, à 5,4 % du PIB (contre 5,1 % en 2020).

[1] Selon le FMI, les flux de la diaspora (remises, tourisme, salaires des saisonniers, et investissements immobiliers) ont atteint le niveau historique de 43,0 % du PIB en 2021 (contre 31,0 % en 2020).

2/ Le Kosovo, souffrant d’une base productive étroite, dépend des importations

Souffrant d’une base productive très étroite, le Kosovo importe l’essentiel de ses besoins, en particulier des produits de consommation, et exporte des produits peu diversifiés.

En 2021, les principaux postes d’importations kosovares sont, dans l’ordre :

  1. Combustibles minéraux (11,7 % des importations ; +90,0 % en g.a.) ;
  2. Véhicules autres que ferroviaires et tramway (9,6 % ; +55,3 % en g.a.) ;
  3. Machines, appareils et engins mécaniques, chaudières (7,5 % ; +29,7 % en g.a.) ;
  4. Plastiques et ouvrages en plastique (6,4 % ; +53,2 % en g.a.) ;
  5. Fer et acier (6,2 % ; +57,6 % en g.a.).

Les exportations de literie et de mobilier, minoritaires en 2019 (4,9 % des exportations), sont désormais le 1er poste des exportations kosovares :

  1. Meubles, literie, matelas, coussins, lampes (20,6 % des exportations ; +217,8 % en g.a.)
  2. Fer et acier (15,7 % ; +17,3 % en g.a.)
  3. Plastiques et ouvrages en plastique (10,2 % ; +44,6 % en g.a.)
  4. Ouvrages en fer et en acier (9,0 % ; +48,5 % en g.a.)
  5. Boissons, spiritueux et vinaigres (4,9 % ; +23,5 % en g.a.)
3/ L’UE et les pays de l’ALECE demeurent ses principaux partenaires commerciaux

Pour mémoire, le Kosovo est membre de l’Accord de libre-échange centre européen (ALECE[2]). Le pays bénéficie également d’un Accord de stabilisation et d’association avec l’UE (ASA), qui permet notamment la suppression totale des droits de douane pour les produits kosovars exportés vers l’UE (sauf pour certains produits agricoles, tels le vin et le baby beef, soumis à des contingents) et un démantèlement progressif des droits de douanes pour les produits UE exportés vers le Kosovo sous réserve du respect des dispositions de l’accord.

Le Kosovo a également conclu des accords de libre-échange avec les Etats-Unis et la Turquie (signé en 2013, entré en vigueur en septembre 2019), et plusieurs accords de coopération économique et commerciale, notamment avec le Japon et la Norvège.

Les principaux partenaires commerciaux du Kosovo sont les Etats membres de l’Union européenne (31 % des exportations kosovares ; 44 % des importations). L’Allemagne demeure le 1er fournisseur (13 % des importations) et 4e client (8 % des exportations) du pays. L’Italie est également un partenaire important, étant le 5e fournisseur (6 %) et 5e client (8 %).

Les pays de l’ALECE (37 % des exportations ; 19 % des importations) sont également des partenaires majeurs, au premier rang desquels l’Albanie : 6e fournisseur (6 %), 2e client (15 %). Les échanges avec la Serbie (4e fournisseur ; 7e client) se sont densifiés en 2021, les importations et les exportations kosovares ayant respectivement progressé de +75 % et +44 %.

Les Etats-Unis, 12e fournisseur du pays, sont désormais le 1er client du Kosovo (16 %), les exportations kosovares ayant progressé de +420 % en 2021. La Turquie (2e fournisseur ; 10e client) et la Chine (3e fournisseur ; 30e client) demeurent également d’importants fournisseurs.


[2] Les pays membres de l’Accord de libre-échange centre-européen (ALECE) sont l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Moldavie.

 

4/  Les flux d’IDE progressent en 2021, mais restent concentrés sur des secteurs peu productifs

Le Kosovo dispose d’un corpus législatif sur les IDE[3], qui prévoit l’égalité de traitement des investisseurs étrangers et nationaux (loi sur les investissements étrangers), la mise en place de zones de développement économique (exemptions ou réduction des taxes et droits douaniers), et l’encadrement des procédures de sélection des investissements étrangers dits « stratégiques » (loi sur les investissements stratégiques[4]). La création d’entreprise est simple, et prend généralement moins de 4,5 jours.

A noter toutefois le problème persistant des procédures judiciaires non résolues (7 080 affaires en 2020, représentant 106 M EUR). Le parlement a adopté, en 2021, la loi portant la création d’un tribunal commercial autonome, qui n’est cependant pas encore opérationnel. Selon une enquête de la Banque mondiale, 43 % des entreprises estiment que le système judiciaire national est un obstacle aux affaires.

Sous l’effet de la reprise économique, les flux d’IDE ont progressé de +20,1 % en 2021, pour s’établir à 5,4 % du PIB. Ces flux, animés par la diaspora, se sont principalement (93 %) concentrés sur le secteur immobilier.

En 2021, les principaux investisseurs au Kosovo[5] sont les pays où la diaspora est établie : l’Allemagne (30 % des flux d’IDE), la Suisse (24 %), les Etats-Unis (15 %), ainsi que l’Albanie (12 %). Quant au stock d’IDE (61 % du PIB), il est principalement détenu par l’Allemagne (15 % du stock), la Suisse (14 %) et la Turquie (9 %). 

*****

 

Le niveau record des recettes touristiques de la diaspora (17,9 % du PIB) et des remises migratoires (15,6 % du PIB), tirées par le retour de la mobilité internationale et la reprise économique en Europe de l’Ouest, ont permis de contenir la dégradation du déficit courant à ‑9,1 % du PIB, malgré un déficit commercial en très forte hausse (-51,1 % du PIB).

L’économie kosovare est peu exposée aux parties prenantes à la guerre en Ukraine, la diaspora n’y étant pas présente, et les liens commerciaux et financiers avec ces pays étant très faibles, qu’il s’agisse de la Russie (0 % des exportations ; 1,1 % des importations), de l’Ukraine (0 % ; 0,8 %) ou de la Biélorussie (0 % ; 0 %). La dépendance du Kosovo aux importations de biens alimentaires, d’intrants agricoles et d’énergie, l’expose toutefois à une forte inflation en 2022 (9,5 % selon le FMI).



[3] Le Kosovo est classé 56e au classement 2020 ‘Doing Business’ de la Banque mondiale.

[4] La loi vise à : réglementer les procédures administratives et les critères d'évaluation, de sélection, et de supervision des projets stratégiques, réglementer les procédures d'utilisation du patrimoine étatique dans la mise en œuvre des projets d'investissements stratégiques, et renforcer les principes et les conditions énoncés dans la législation nationale relative aux aides d'État et dans la législation découlant de l'ASA.

[5] Selon la méthode de l’investisseur intermédiaire.

 

 

Commerce extérieur du Kosovo, M EUR :

Commerce extérieur du Kosovo, M EUR :

 Source : Douanes Kosovo

Principaux postes d’exportations et d’importations en 2020 et en 2021 :

Principaux postes d’exportations et d’importations en 2020 et en 2021 :

Source : Douanes Kosovo

Principaux fournisseurs en 2020 et 2021, en % des importations totales :

Principaux fournisseurs en 2020 et 2021, en % des importations totales :

Source : Douanes Kosovo

Principaux clients en 2020 et 2021, en % des importations totales :

Principaux clients en 2020 et 2021, en % des importations totales :

Source : Douanes Kosovo

Stocks et flux d’IDE au Kosovo, en M EUR :

Stocks et flux d’IDE au Kosovo, en M EUR :

Source : Banque Centrale
 
Principaux pays investisseurs en fonction des flux d’IDE :
Principaux pays investisseurs en fonction des flux d’IDE :
 
Source : Banque Centrale
 
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